Un manifestant tué dans la ville libanaise de Tripoli
Un manifestant a été tué et 25 autres ont été blessés vendredi dans des heurts dans
le nord du Liban entre les forces de sécurité et des islamistes qui avaient auparavant
incendié un fast-food américain pour protester contre un film dénigrant l'islam. Près
de 300 personnes, dont beaucoup portant une longue barbe, étaient parties d'une mosquée
dans le centre de Tripoli arborant des drapeaux noirs islamistes et s'étaient dirigés
vers le restaurant KFC dans le sud de la ville côtière pour protester contre le film
anti-islam produit aux Etats-Unis.
Fausses notes
"(Nous voulons)
un Etat islamique, pas un Etat croisé", "L'Amérique est l'ennemi de Dieu", ont scandé
les manifestants qui s'en sont pris également au Pape : "O musulmans, dites-le assez
fort, nous ne voulons pas du pape". Des photos de Benoît XVI ont été déchirées. A
leur arrivée près du KFC, des heurts ont éclaté avec les forces de sécurité qui gardaient
le lieu. Les manifestants ont jeté des pierres en direction des policiers, en blessant
cinq, et les forces de l'ordre ont riposté en lançant du gaz lacrymogène et en tirant
en l'air. Les circonstances de la mort du manifestant, tué par une balle, n'étaient
pas claires dans l'immédiat.
Si la majorité de la population libanaise réserve
un bon accueil à Benoît XVI, les fausses notes ne manquent pas : une Eglise arménienne
du Liban a été profanée, tandis qu’au Qatar une union d'oulémas a accusé Benoît XVI
de vouloir "attiser le feu de la sédition" entre chrétiens et musulmans libanais,
et réclamé ses "excuses" pour des propos tenus en 2006 dans ce fameux discours de
Ratisbonne. (source AFP)
Ce voyage était très attendu au pays du Cèdre mais
les embûches ne manquent pas dans une région troublée. Le récit de notre envoyé spécial
Olivier Bonnel
Script du
récit :
«Le Liban est plus qu’un pays, le Liban est un message». Il y a quinze
ans, ces paroles de Jean-Paul II, venu au pays du Cèdre, avaient durablement marqué
la région. Pays unique dans le monde arabe, avec près de la moitié des habitants de
confession chrétienne, le Liban se veut un modèle de coexistence, théâtre d’un dialogue
possible après des années de guerre. Depuis la visite de Jean-Paul II, le pays a changé
mais les enjeux restent les mêmes : nécessité de dialoguer, maintien des chrétiens
dans la région tentés par l’exil, communion entre les différents églises, contribution
des chrétiens à la vie sociale, liberté religieuse. Benoît XVI en fera la synthèse
en signant ce vendredi l’exhortation du synode sur le Moyen-Orient. Le Liban est
un message, mais beaucoup ici espèrent qu’il ne sera pas brouillé, car les interférences
ne manquent pas : le conflit syrien est aux portes du pays, un film provocateur sur
l’islam provoque la fureur de certains groupes islamistes de la région, et les élections
législatives libanaises ont lieu dans quelques mois, attisant le confessionnalisme.
Certains patriarches espèrent entendre aussi des mots sur la Palestine ou la Syrie.
Dans ce contexte piégé, Benoît XVI a conscience que ses mots auront un sens, plus
que jamais. Dans le pays, tous, chrétiens comme musulmans, ont fait part de leur joie
d’accueillir le Pape dont les portraits géants ornent les rues et ponts de Beyrouth
et des collines voisines, barrés du mot « salam », la paix en arabe. Benoît XVI est
donc venu parler de cette paix « tant désirée » comme il l’a encore rappelé il y a
deux jours. Une paix qui commence avant tout dans le cœur de chacun.