2012-09-11 13:16:24

Justice


A La Haye, la Cour pénale internationale a infligé 14 ans de prison au « Seigneur de guerre » Thomas Lubanga, originaires de la Rd Congo. En Sierra Leone, le tribunal de l’ONU qui y jugeait l’ancien président du Libéria Charles Taylor, l’a condamné à 50 ans de prison ferme. Dans l’une comme dans l’autre affaire, une opinion africaine s’est déclarée insatisfaite. Pour le condamné de La Haye, les critiques dénoncent une relative magnanimité au vu des faits d’une rare gravité commis. Pour Charles Taylor, certains auraient voulu que le condamné n’interjette pas appel. Dans l’un comme l’autre cas, l’Afrique peine à s’entendre sur ce qu’elle veut vraiment dès qu’il est question de justice.

Si l’on y ajoute le « malaise » de ceux pour qui la justice ne sera vraiment internationale que lorsqu’elle s’occupera de tous les crimes, pas seulement de ceux des Africains, on en vient à une confusion totale. C’est un fait : le monde évolue dans une logique éclatée aujourd’hui. Les acteurs, et donc les responsables des méfaits, peuvent être visibles, mais leurs commanditaires, les intérêts et les mécanismes ne sont pas forcément ceux que l’on voit. Et puis, la justice est un processus complexe : elle ne s’arrête pas à l’énoncé des peines. Son aboutissement inclut le fait d’insuffler le sentiment que les faits jugés ont été inventoriés avec équilibre ; que les crimes commis ont été sanctionnés avec justesse.

Le Pape Benoît XVI a posé les termes du problème ; ils renvoient à la conscience de tous. La globalisation des faits renvoie aussi, forcément, à une globalisation des responsabilités sans les atténuer. Cette situation n’en place que davantage les gouvernants aux avant-postes pour dire le droit et agir de sorte à ne pas créer les injustices. «
Nous pouvons (…) identifier le même enchainement de responsabilités dans les causes immatérielles et culturelles du développement et du sous-développement », écrivait le pape Benoit XVI dans Caritas in Veritate (N°22)
En deux synodes continentaux, en 1994 et en 2009, les évêques africains ont fait des thèmes de justice, de paix et de réconciliation le centre de leurs préoccupations. Et dans Africae munus, Benoît XVI rappelle que le processus de la paix et de la réconciliation engage les coupables, mais aussi les victimes et les dirigeants. «
Pour devenir effective, cette réconciliation devra être accompagnée par un acte courageux et honnête : la recherche des responsables de ces conflits, de ceux qui ont commandité les crimes et qui se livrent à toutes sortes de trafics, et la détermination de leur responsabilité. Les victimes ont droit à la vérité et à la justice. Il est important actuellement et pour l’avenir de purifier la mémoire afin de construire une société meilleure où de telles tragédies ne se répètent plus. » Africae Munus, N° 21.
Le rappel de l’Eglise fixe donc le repère et rappelle la direction de la boussole : la justice des hommes, lorsqu’elle semble s’essouffler, peut puiser force et inspiration dans la justice de Dieu qui offre «
l’horizon vers lequel elle doit tendre pour s’accomplir
» (Africae munus, N°25). Et, puisqu’il est question de Dieu qui est amour, une justice juste ne pourra se bâtir que sur le terrain des actions qui ne sèment pas la frustration, le dédain et la haine. Aux dirigeants de le comprendre, aux peuples – aux baptisés – de le vivre quotidien.

Albert Mianzoukouta (Programme Français-Afrique – Radio Vatican)







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