A Istanbul, fin d'une conférence interreligieuse sur le réveil arabe
Au terme de deux jours de travaux s’est conclue vendredi, à Istanbul en Turquie, la
Conférence internationale interreligieuse organisée par la Turkish Religious Foundation
Center for Islamic Studies et la Marmara University Institute for Middle Eastern Studies,
sur le thème : « Le réveil arabe et la paix dans le nouveau Moyen-Orient ». Dans un
communiqué final, on souligne que les discussions entre les leaders religieux les
plus éminents du monde arabe, experts et spécialistes renommés, ont mis en évidence
les problèmes et les défis politiques d’un nouveau Moyen-Orient, autour de la question
de l’unité nationale et de l’identité basée sur l’égalité entre citoyens, et la reconnaissance
du pluralisme religieux et la diversité culturelle. Une diversité qui n’est pas un
problème, mais bien une richesse. La conférence a souligné la nécessité de protéger
les libertés individuelles et la liberté religieuse, fondement de toute société civile.
Elle a dénoncé les régimes autoritaires qui utilisent les religions à des fins personnelles,
et toute instrumentalisation des religions. Elle a enfin mis en évidence l’impact
déterminant des messages et du langage utilisés par les médias, les écoles et les
centres religieux dans l’émergence d’une nouvelle culture politique au Moyen-Orient.
Le
Père Ayuso Guixot, pour le Saint-Siège, a insisté sur la liberté religieuse
A
cette conférence participait le Secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue
Interreligieux, le Père Miguel Angel Ayuso Guixot qui, répondant aux questions de
notre collègue Tracey McClure, a tenu à préciser le but de sa participation : porter
la voix de l’Eglise pour soutenir tous ceux qui appuient de manière pacifique et ordonnée
la transition dans la région, en favorisant les aspirations légitimes des peuples
du Moyen-Orient et en particulier de l’Afrique du Nord à la liberté, la dignité et
la démocratie. « Ce processus, a-t-il confié, passe à travers la reconnaissance de
la dignité inaliénable de chaque personne humaine et de ses droits fondamentaux »,
et « comme l’a plusieurs fois répété Benoît XVI, la Communauté internationale doit
construire des sociétés stables et réconciliées, en mettant fin à toute forme de discrimination,
en particulier les discriminations religieuses ». Pour le Père Ayuso Guixot, il
faut constamment rappeler que la démocratie se fonde sur le respect des droits de
l’homme : donc dans les efforts incessants pour favoriser la démocratie dans le monde
arabe, l’espoir est celui de réussir à créer une forte considération pour ces droits
fondamentaux. Et là encore Benoît XVI insiste et rappelle constamment que la liberté
religieuse représente un droit humain intrinsèque. " Il est inconcevable, déclare
le Père Ayuso Guixot, que les croyants aient à supprimer une partie d’eux-mêmes –
leur foi – pour être des citoyens actifs."
Les chrétiens avec les musulmans
pour une société qui respecte l’homme
"Les chrétiens dans le monde arabe,
aux côtés des citoyens musulmans, sont prêts à jouer leur rôle de citoyens, en cherchant
à construire ensemble une société qui respecte les droits humains de tous les citoyens.
Il faut comprendre qu’une vision de la vie fortement ancrée à la dimension religieuse
peut aider à atteindre ce but, étant donné que la reconnaissance de la valeur transcendantale
de chaque homme et de chaque femme favorise la conversion du cœur, qui porte ensuite
à un engagement à résister à la violence, au terrorisme et à la guerre, et à promouvoir
la justice et la paix." Pour le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue
interreligieux, les chrétiens de Syrie doivent être des ‘ponts’ entre les différentes
communautés. Le père Ayuso Guixot a ainsi souligné que les aspirations du peuple syrien
sont reconnues comme "légitimes" et ne peuvent être considérées comme le simple fruit
d’influences externes. Quant aux élections qui ont vu l’arrivée au pouvoir d’islamistes,
en Egypte ou en Tunisie, il souligne que ces derniers semblent avoir adopté "un langage
de pragmatisme et de modération". Interrogé sur les pas à venir dans ces pays qui
ont connu le printemps arabe et qui ont déjà organisé des élections, le Père Ayuso
Guixot relève la nécessité d’aller de l’avant sur ce chemin de la démocratie, qui
inclut notamment un développement clair de la loi, égale pour tous, un développement
des institutions pour qu’elles soient au service de tous les citoyens. Mais il reconnaît
que tout cela demande du temps, du travail, de la patience et une éducation.
Le
père Claudio Monge, supérieur de la communauté dominicaine d’Istanbul, participait
également à cette conférence.
Ecoutez-le au micro de Manuella Affeje
(Photo
: le premier ministre turc Tayyip Erdogan à la Conférence interreligieuse d'Istanbul)