Rimsha, la jeune chrétienne pakistanaise, sera libérée sous caution
La justice pakistanaise a accepté ce vendredi de libérer sous caution Rimsha Masih,
la jeune chrétienne accusée d'avoir profané le Coran, une affaire qui a provoqué l'émoi
dans le monde entier. Le juge Muhammad Azam Khan a accepté la demande de libération,
présentée par les avocats de la jeune fille devant un tribunal d’Islamabad. Rimsha
était emprisonnée depuis trois semaines. Cette décision ne concerne pas le fond de
l’affaire, car l’enquête de la police est toujours en cours. L’adolescente n’est donc
pas autorisée à quitter le pays.
L’imam de la mosquée voisine mis en cause
L’iman
de la mosquée voisine, auteur de la dénonciation, a été rapidement accusé par divers
témoins d’avoir fabriqué de fausses preuves, en ajoutant lui-même des pages du Coran
aux détritus brûlés par la jeune fille. Il aurait même déclaré qu’il s’agissait là
du meilleur moyen d’expulser les chrétiens de ce quartier pauvre. La mafia de l’immobilier,
désireuse de s’approprier ces terrains, serait derrière l’affaire. La majeure partie
des familles chrétiennes du faubourg sont des fidèles ayant fui Gojra, localité incendiée
par des radicaux islamiques en 2009, suite déjà à un présumé cas de blasphème.
Le
monde entier s'est ému et mobilisé pour cette affaire
De nombreuses voix
des ONG pakistanaises, des dignitaires musulmans pakistanais, des diplomaties occidentales,
et du Vatican, se sont élevées pour demander un examen équitable de l’affaire. Rimsha
Masih est immédiatement apparue comme une nouvelle victime des lois anti-blasphème,
qui punissent de mort toute offense à Mahomet et de prison à vie toute profanation
du Coran. Cette législation est régulièrement accusée d’être instrumentalisée pour
régler des conflits personnels ou exercer des pressions sur les plus faibles de la
société pakistanaise, notamment ses minorités religieuses.
Une première
victoire, mais qu'en sera-t-il de la loi sur le blasphème ?
"Justice a
été faite", s'est réjoui Paul Bhatti, ministre pakistanais de l'Harmonie nationale,
en charge des minorités religieuses. "Cette décision est un message clair aux gens
à l'étranger que nous Pakistanais savons être juste, peu importe qu'il s'agisse du
cas d'un musulman ou d'un chrétien", a-t-il ajouté. L'organisation Human Rights Watch,
également satisfaite, a prié le gouvernement pakistanais "d'assurer sa sécurité après
sa sortie de prison" et de "ré-examiner" la loi sur le blasphème défendue bec et ongles
par les musulmans radicaux. (Avec Apic) Cette première décision de justice en faveur
de Rimsha Masih représente aussi une bonne nouvelle pour la communauté chrétienne
du Pakistan toute entière, comme nous l'explique Régis Anouilh, rédacteur en chef
d'Eglises d'Asie
Des propos
recueillis par Antonino Galofaro (Photo : des chrétiennes pakistanaises manifestant
pour la libération de Rimsha)