2012-09-07 15:00:48

Rimsha, la jeune chrétienne pakistanaise, sera libérée sous caution


La justice pakistanaise a accepté ce vendredi de libérer sous caution Rimsha Masih, la jeune chrétienne accusée d'avoir profané le Coran, une affaire qui a provoqué l'émoi dans le monde entier. Le juge Muhammad Azam Khan a accepté la demande de libération, présentée par les avocats de la jeune fille devant un tribunal d’Islamabad. Rimsha était emprisonnée depuis trois semaines. Cette décision ne concerne pas le fond de l’affaire, car l’enquête de la police est toujours en cours. L’adolescente n’est donc pas autorisée à quitter le pays.

L’imam de la mosquée voisine mis en cause

L’iman de la mosquée voisine, auteur de la dénonciation, a été rapidement accusé par divers témoins d’avoir fabriqué de fausses preuves, en ajoutant lui-même des pages du Coran aux détritus brûlés par la jeune fille. Il aurait même déclaré qu’il s’agissait là du meilleur moyen d’expulser les chrétiens de ce quartier pauvre. La mafia de l’immobilier, désireuse de s’approprier ces terrains, serait derrière l’affaire. La majeure partie des familles chrétiennes du faubourg sont des fidèles ayant fui Gojra, localité incendiée par des radicaux islamiques en 2009, suite déjà à un présumé cas de blasphème.

Le monde entier s'est ému et mobilisé pour cette affaire

De nombreuses voix des ONG pakistanaises, des dignitaires musulmans pakistanais, des diplomaties occidentales, et du Vatican, se sont élevées pour demander un examen équitable de l’affaire. Rimsha Masih est immédiatement apparue comme une nouvelle victime des lois anti-blasphème, qui punissent de mort toute offense à Mahomet et de prison à vie toute profanation du Coran. Cette législation est régulièrement accusée d’être instrumentalisée pour régler des conflits personnels ou exercer des pressions sur les plus faibles de la société pakistanaise, notamment ses minorités religieuses.

Une première victoire, mais qu'en sera-t-il de la loi sur le blasphème ?

"Justice a été faite", s'est réjoui Paul Bhatti, ministre pakistanais de l'Harmonie nationale, en charge des minorités religieuses. "Cette décision est un message clair aux gens à l'étranger que nous Pakistanais savons être juste, peu importe qu'il s'agisse du cas d'un musulman ou d'un chrétien", a-t-il ajouté. L'organisation Human Rights Watch, également satisfaite, a prié le gouvernement pakistanais "d'assurer sa sécurité après sa sortie de prison" et de "ré-examiner" la loi sur le blasphème défendue bec et ongles par les musulmans radicaux. (Avec Apic)
Cette première décision de justice en faveur de Rimsha Masih représente aussi une bonne nouvelle pour la communauté chrétienne du Pakistan toute entière, comme nous l'explique Régis Anouilh, rédacteur en chef d'Eglises d'Asie RealAudioMP3

Des propos recueillis par Antonino Galofaro
(Photo : des chrétiennes pakistanaises manifestant pour la libération de Rimsha)







All the contents on this site are copyrighted ©.