Pas de répit à Palerme pour le centre d’accueil « Notre Père ». Il a été une nouvelle
fois cambriolé. Les volets et les châssis des fenêtres ont été emportés par des «
inconnus », probablement des petits délinquants à la solde de la Mafia. Ce centre
a été fondé par le père Pino Puglisi tué en 1993 d’une balle dans la nuque, un crime
commandité par deux boss. Quelques mois plus tôt, il avait inauguré cette structure
pour accueillir les jeunes déshérités du quartier, victimes de l’influence du crime
organisé. Il avait transformé sa paroisse en avant-poste de l’anti-Mafia. Benoît XVI
a récemment donné le feu vert à sa béatification. Mais certains se demandent aujourd’hui
si son sacrifice n’a pas été vain.
L'attaque contre le centre Notre Père est
un nouvel avertissement. Au mois de mai dernier, des personnes non identifiées avaient
fait irruption dans le centre, emportant toutes sortes d’objets. Les volontaires qui
y travaillent sont régulièrement la cible d’intimidations. Le président, Maurizio
Artale, ne cache plus sa lassitude et envisage de jeter l’éponge. Cela fait des années
qu’il dénonce cette situation mais les agresseurs restent impunis. Il accuse les forces
de l’ordre de sous-estimer ces actes de vandalisme dont le but est de provoquer la
fermeture de la structure.
La Mafia est moins visible, mais toujours redoutable
La
précarité, le chômage, la délinquance, la pauvreté, le clientélisme pèsent toujours
sur le tissu social sicilien. La Mafia est moins visible, mais toujours redoutable.
Lors de sa visite à Palerme, il y a près de deux ans, Benoît XVI avait encouragé les
Siciliens à ne pas avoir peur du crime organisé et à ne pas céder au découragement
face aux difficultés. Il avait cité l’exemple héroïque de don Pino Puglisi qui avait
refusé de baisser la tête.
Longtemps enfermée dans une attitude de silence
et de peur comme le reste de la population, l’Eglise sicilienne s’efforce, depuis
quelques années, de promouvoir un travail d’éducation des consciences auprès des jeunes
générations, surtout dans les quartiers laissés à l’abandon, fiefs historiques de
la Mafia. Des prêtres s’efforcent de développer une conscience civique et de démystifier
la Mafia qui commence à percevoir l’Église comme une institution antagoniste. L’action
pastorale est difficile et les besoins restent immenses.