Vatileaks. Les leçons à tirer d’une sentence. Décryptage du père Lombardi
Un pas de plus vers la transparence. C’est en ces termes que le directeur du Bureau
de presse du Saint-Siège commente le renvoi de l’ex-majordome du Pape devant la justice,
dans le cadre de l’affaire des fuites de documents confidentiels de l’appartement
pontifical. Tout d’abord ce n’est pas un point final : la sentence qui clôt une
partie de l’instruction menée par la justice vaticane ne constitue pas le résultat
final de l’enquête – souligne le père Federico Lombardi. Cela ne met pas un terme
non plus aux interrogations suscitées par cette affaire, sa signification et son contexte.
La sentence porte sur un délit et sur deux personnes (l’une directement responsable,
l’autre indirectement impliquée). Elle ne prend pas en considération l’ensemble des
évènements et relations sur lesquels la magistrature et la commission cardinalice
mise en place par Benoît XVI sont appelées à enquêter, avec leurs compétences spécifiques
et des perspectives différentes. Le père Lombardi précise toutefois que cela ne
veut pas dire qu’il faille sous-estimer cette sentence et le réquisitoire qui l’a
précédée car ils constituent un pas concret, accompli avec des outils et des méthodes
juridiques spécifiques, pour affronter les problèmes avec rigueur et transparence,
sans raccourcis ni couvertures quoique bien intentionnées. Le directeur du Bureau
de presse note que la publication ample et complète de lundi matin, où ne sont omis
que les noms d’un certain nombre de personnes, est un acte courageux et jusqu’ici
plutôt rare dans les habitudes vaticanes. La décision du Pape d’encourager le
travail de la magistrature est significative. Elle révèle son respect scrupuleux de
la compétence et de l’autonomie de cette institution et sa confiance dans la contribution
qu’elle peut offrir à la recherche difficile de la vérité et à l’administration de
la justice. Comme le fait de se mesurer avec une institution extérieure comme Moneyval
a certainement aidé à progresser vers plus de transparence économique et financière,
la reconnaissance accrue du rôle de la magistrature peut favoriser une plus grande
transparence et cohérence dans le domaine de la communication et des discussions sur
des questions qui ne seraient pas strictement ecclésiastiques La contribution
de la magistrature ne suffit donc pas pour affronter toute la gamme des problèmes,
mais elle peut aider à réfléchir sous un autre angle sur l'importance de la fidélité
aux institutions que l’on sert, sur la valeur de la confiance et de la communication
confidentielle. Pour le père Lombardi, on peut voir dans tout cela la ligne adoptée
par Benoît XVI pour guider ses collaborateurs vers un service de l’Église plus efficace
et évangélique.