Après la condamnation, par un tribunal allemand, de la circoncision d’un enfant pour
des motifs religieux, le débat fait rage entre les juristes de différents pays et
embarrasse la classe politique. En juin dernier, le tribunal de grande instance de
Cologne avait qualifié cette pratique d’« atteinte grave et irréversible à l’intégrité
corporelle » de l’enfant. Après avoir provoqué une levée de boucliers des leaders
juifs et musulmans, soutenus par les représentants des communautés chrétiennes, ce
cas fait à présent jurisprudence ; il y a quelques jours en Autriche, un gouverneur
demandé aux hôpitaux dépendant de sa province de suspendre les circoncisions religieuses,
jusqu'à nouvel ordre. Les médecins, quant à eux, craignent l’explosion de « pratiques
clandestines », voire même l’apparition d’un « tourisme de la circoncision »... Une
crainte surprenante pour Martine Cohen, sociologue au groupe de recherche « Société,
religion, laïcité », au CNRS/EPHE. Elle répond aux questions de Manuella Affejee