Le Saint-Siège veut une réglementation spécifique pour les armes
A New York, les 193 pays membres des Nations Unies ont échoué à se mettre d'accord
sur la mise en place d'un premier traité international réglementant le commerce des
armes conventionnelles. Après quatre semaines de négociations, aucun consensus n'a
été trouvé sur la dernière version du texte prévoyant d’obliger chaque pays à évaluer
si les armes vendues risquent d’être utilisées pour commettre des « violations graves
des droits de l’homme » ou des attentats, ou d’être détournées par le crime organisé.
Les États-Unis qui représentent près de 40 % du commerce mondial des armements
soit 70 millards de dollars annuels, et la Russie ont demandé davantage de temps pour
se prononcer, imités par plusieurs autres pays comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie
et l'Égypte. Les explications et le commentaire de Zobel Behalal. En charge du plaidoyer
Paix et Conflits au CCFD -Terre solidaire, il a suivi l'ensemble des tractations à
l'ONU et revient sur cet échec après pourtant un grand optimisme du côté des Ong
Des propos
recueillis par Marie Duhamel.
Quelques heures avant la fin des tractations
et cet échec, l’Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies est intervenu
à la tribune. « Les armes ne peuvent pas être simplement comparées aux autres biens
commerciaux échangés sur les marchés nationaux et internationaux » a déclaré Monseigneur
Francis Assisi Chullikatt rappelant que : « le trafic illégal d’armes a un impact
pernicieux sur le développement, la paix, les lois humanitaires et les droits humains
». « Le Saint-Siège continue donc de croire qu’un Traité sur le commerce des armes
peut faire une différence importante pour des millions de personnes faisant face à
l’insécurité, la privation et la peur liées à un trafic sans règle et irresponsable
d’armes et de munitions ainsi que l’acquisition illégale de celles-ci par des criminels
ou des acteurs non étatiques qui n’y ont pas droit.» Pour le diplomate du Saint-Siège,
les armes nécessitent une « réglementation particulière » impliquant un engagement
de la part de tous les membres de la communauté internationale, des États et des ONG.
Et parmi les mesures évoquées par Monseigneur Francis Assisi Chullikatt, figurent
une plus grande collaboration entre les États, un réel contrôle des armes de petits
calibres, une plus grande transparence du commerce légal des armes. Enfin, l’observateur
permanent du Saint-Siège à l’ONU a tenu à attirer l’attention de ses auditeurs sur
le sort des victimes de ces armes. Les Etats doivent leur porter assistance, leur
garantir des soins, sans oublier leur réintégration sociale et économique, souligne
en substance le prélat. Monseigneur Francis Assisi Chullikatt insiste enfin sur
l’importance de promouvoir une culture de paix, via des « programmes éducatifs » qui
impliquent « tous les secteurs de la société, y compris les religions ». Ces propos
interviennent une semaine après la fusillade d’Aurora, dans la banlieue de Denver,
qui a fait 12 morts et relancé le débat sur l’acquisition des armes à feu aux Etats-Unis.