En Syrie, on est décidément très loin de la paix. Des centaines d'habitants fuyaient
ce jeudi les violents combats et les bombardements de certains quartiers de la capitale,
au lendemain d'un attentat contre le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas dans
lequel ont péri trois hauts responsables, dont le beau-frère du président Bachar Al-Assad.
Cet attentat porte un coup dur à l'appareil sécuritaire du régime, mais le président
syrien n’a fait aucun commentaire concernant l’attaque. Nous sommes parvenus ce
jeudi matin à joindre le nonce apostolique en poste à Damas. Mgr Mario Zenari nous
décrit l’atmosphère qui régnait dans la ville
Et plusieurs
représentants de l’Eglise en Syrie ont lancé eux aussi ces derniers jours des appels
urgents au dialogue pour mettre un terme au bras de fer sanglant qui oppose le régime
du président Bashar al-Assad et l’opposition, entraînant désormais le pays dans une
guerre civile ouverte.
Ainsi l’appel du patriarche des grecs melkites de Damas,
Grégoire III Laham. « Les syriens, forts de leur longue histoire, peuvent se relever
de cette crise dangereuse en s’aidant les uns les autres, au travers de l’amour et
du pardon », a-t-il déclaré à l’agence Fides, exhortant les Eglises à élever leur
voix, à demander « des réformes, la liberté, la démocratie, la lutte contre la corruption,
le soutien au développement et la liberté d’expression ». « Aujourd’hui, ajoute
Grégoire III Laham, nous demandons d’arrêter le cycle de tueries et de destructions,
surtout à l’encontre des civils en difficulté de toutes les religions qui en sont,
en réalité, les véritables victimes ». Tout en rejetant une certaine « campagne
conduite contre les Pasteurs des Eglises en Syrie », souvent accusés de collusion
avec le régime alaouite - une minorité – du président Assad, le patriarche appuie
le mouvement Mussalaha - « réconciliation » -. « Nous prions pour la réussite du
mouvement Mussalaha, au sein duquel sont présents des délégués de toutes les Eglises
afin de porter l’unité et l’amour dans les cœurs de tous. C’est ce qui pose les bases
en vue de solutions efficaces à ce conflit tragique », écrit le patriarche qui estime
que la visite de Benoît XVI au Liban, du 14 au 16 septembre prochain, « sera un appui
particulier pour la Syrie, afin que le conflit puisse cesser et le pays refleurir
». Toujours selon l’Agence Fides, le vicaire apostolique d’Alep, Mgr Giuseppe
Nazzaro, a lui aussi apporté son soutien à l’initiative populaire interreligieuse
Mussalaha, affirmant que celle-ci méritait d’être « encouragée et soutenue par tout
le monde ». Le mouvement, qui se présente comme une troisième voie dans le scénario
du conflit syrien, est né « d’en bas » et privilégie – comme l’explique Fides - le
« dialogue interne entre les différentes composantes politiques, sociales et religieuses
de la population syrienne ».