2012-07-03 12:19:39

RIO +20 ET LA QUESTION DU DEVELOPPEMENT DURABLE


Quel développement durable pour quelle Afrique?

Le thème du développement durable qui a été au centre des débats au sommet Rio+20 qui s’est tenu récemment au Brésil est souvent considéré comme fruit de l'inquiétude des pays du Nord face aux dommages environnementaux provoqués par leur croissance.

La Conférence de Rio, aux dires de certains observateurs, n'a pas permis de déboucher sur une définition précise d'objectifs en la matière et nourrit le pessimisme à l'égard de l'action publique, notamment dans le domaine de l'environnement.
Certains participants ont même affirmé que "les gouvernements ne peuvent résoudre seuls les problèmes auxquels le monde est confronté actuellement : du changement climatique à la pauvreté persistante en passant par les pénuries chroniques dans le domaine de l'énergie…
Toutefois, ils sont tombés d’accord sur le fait que la résurgence de la dimension environnementale, notamment à travers le réchauffement de la planète, et tous les désastres qu’il provoque exige une nouvelle approche de la durabilité économique du développement. Une approche globale qui mette au centre la personne humaine et son épanouissement selon le Saint Siège.
En effet, comme l’a dit à cette occasion le Cardinal Odilo Pedro Scherer : "La" ressource de la planète, c'est la personne humaine …. lorsque la personne, n’est pas mise « au centre du développement politique, environnemental ou social, mais plutôt à sa merci », les conséquences pour le développement humain sont claires : les effets se vérifient par « les sociétés vieillissantes dans le monde aujourd’hui » et par « les millions d’enfants qui n’ont jamais eu l’opportunité de naître, et dont les contributions à la planète manqueront à jamais », a-t-il constaté.
Toutefois, plusieurs discours tenus à ce sommet présentaient le concept du développement durable comme un principe de « bien universel », où tout un chacun doit faire des sacrifices pour la protection du seul bien que nous avons en commun, notre seule planète habitable sans laquelle, notre survie, en tant que famille humaine est compromise.
La relation entre développement durable et réduction de la pauvreté, posée comme principe base n’a pas convaincue, plusieurs pays ayant donné des indications vagues pour à la fois lutter contre la pauvreté, promouvoir un développement soutenu pour toute la planète et préserver l’environnement.
Plusieurs prises de position semblaient incohérentes sur le développement durable et la mise en place des politiques économiques appropriées aux pays en développement en général et aux pays africains, en particulier.

Dans les stratégies de lutte contre la pauvreté en Afrique, par exemple, on peut constater que l’abondance des terres non cultivées sur le continent coïncide avec une crise alimentaire quais pérenne au moment où les bailleurs de fonds promeuvent la production de bio carburant!
Pour ce qui concerne la gestion des risques environnementaux, il a été demandé à l’Afrique de protéger la foret du bassin de Congo, un des trois principaux poumons de notre planète avec la foret Amazonienne et celle du Bornéo.
La forêt du bassin du Congo qui apparaît comme un capital naturel en grand danger est également une source indispensable de revenu pour les pays riverains dont les populations figurent parmi les plus pauvres de la planète.
Il faut donc repenser les stratégies de l’activité humaine pour une croissance durable.
Pour l’Afrique, repenser les stratégies de l’activité humaine signifie privilégier l'idéal d'un développement des hommes, plutôt que des économies; rechercher et expérimenter une nouvelle synthèse entre développement économique, développement social et développement environnemental qui puisse concilier la croissance non seulement sous forme de solidarité, mais à travers la participation de tous à un partenariat dans un environnement « écoglobalisé ».
Pour y répondre, l'ONU a lancé une ambitieuse initiative intitulée "Défi faim zéro", qui veut assurer le droit à la nourriture pour tous, au moment où un milliard de personnes souffrent encore de la faim dans le monde. L’accent a été également mis sur le besoin d'encourager les investissements dans les "écotechnologies" et les énergies renouvelables, sans toutefois indiquer comment garantir au même moment la rentabilité de ces « technologies vertes » et l’élimination de la faim.

Pendant longtemps, on pensait que l'économie de marché se serait développé partout dans le monde d'une manière linéaire, en passant par les mêmes étapes d'industrialisation que celles qui ont façonné l'histoire des pays riches cela n’a, malheureusement, pas été le cas.

En Afrique, repenser l'activité humaine devrait commencer par la recherche des solutions urgentes aux problèmes urgents. En commençant par consacrer d’abord les terres à la solution de la première urgence, qu’est la lutte contre la faim.
La course aux surfaces agricoles en Afrique, achetées ou louées pour produire du biocarburant pour les Occidentaux ou nourrir l'Asie, est une bombe à retardement sur un continent qui ne mange pas partout à sa faim, affirment un observateur.

La crise économique mondiale, l’insécurité alimentaire, l'instabilité sociale et de la dégradation de l'environnement sont des réalités qui concernent toute la famille humaine, la recherche des solutions ne doit privilégier les uns aux dépens des autres.

Edité par Marie José Buabualo Muando, du programme français pour l'Afrique.







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