L’ouest de la Birmanie connaît des violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans,
dans un enchaînement de représailles sanglantes, après le viol et l’assassinat d’une
jeune femme bouddhiste. Selon les témoignages rendus par les agences de presse, des
bandes rivales, armées de couteaux, se livrent à des chasses à l’homme. Des centaines
de maisons ont été incendiées.Les autorités ont décrété l’état d’urgence pour tenter
de reprendre le contrôle de la situation. Les Nations Unies ont évacué leur personnel
international. Cette région, appelée l’Arakan, tient son nom de sa population,
une minorité ethnique bouddhiste. Mais elle abrite aussi une importante communauté
musulmane, d’origine indienne ou bangladeshi, ainsi que les Rohingyas, une minorité
apatride, considérée comme l’une des plus persécutées au monde. Tous ces musulmans
sont fréquemment assimilés, par le discours dominant, dans un même groupe stigmatisé
comme étranger et dangereux. Bernard Decottignies a interrogé François Raillon, spécialiste
de l’Asie du sud-est au CNRS