Municipales partielles en Italie : commentaires dans le monde catholique
Le premier tour des municipales des 6 et 7 mai en Italie a peut-être marqué la fin
d’une époque. L’opinion est largement partagée. Le scrutin a sévèrement sanctionné
la droite de Silvio Berlusconi et confirmé la poussée des mouvements antipolitiques,
notamment de la formation populiste du comique Beppe Grillo. L’agence de presse SIR
des évêques catholiques s’attendait même à ce que les Italiens manifestent encore
plus nettement leur ras-le-bol. Ils attendent avec impatience – souligne-t-elle -
que des mesures soient prises : réforme électorale, financement des partis, réduction
du nombre des députés. Ces élections interviennent près de six mois après l’arrivée
au pouvoir de l’ex-commissaire européen Mario Monti qui a réintroduit notamment l’impôt
foncier sur la résidence principale et imposé une cure d’austérité sans précédent.
Lors de ces municipales partielles, marquées par une importante abstention, les Italiens
ont exprimé leur malaise social et la baisse de leur confiance à l’égard des partis
traditionnels. Pour le quotidien des évêques, l’Avvenire, c’est la mort du bipolarisme
qui a marqué ces 18 dernières années la vie politique. Les médias de l’Eglise italienne
estiment toutefois que cela ne devrait pas peser sur le gouvernement actuel qui semble
désormais avoir de fortes chances de tenir jusqu’au bout de la législature. Un
gouvernement qui reçoit une nouvelle fois le soutien de l’Osservatore romano. Si l’insatisfaction
de l’électorat est évidente, souligne le journal du Vatican, on constate cependant
que les mesures prises par le gouvernement technique sont parvenues à endiguer l’incendie
et à éviter l’embrasement constaté dans d’autres pays. Il reste, selon le quotidien,
que ce résultat risque d’affaiblir la volonté de collaboration des partis et de gêner
les réformes indispensables pour faire sortir l’Italie de la crise. Tandis que pour
le secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix, Mgr Mario Toso, ce résultat souligne
l’urgence d’un renouvellement des partis, de nouveaux projets qui aillent au cœur
des défis actuels, et qui ne soient pas dictés par le monde de la finance. Quant
au président de la conférence des évêques, il regrette la désaffection des Italiens.
Le cardinal Angelo Bagnasco appelle de ses vœux des propositions sérieuses sur les
dossiers critiques. Il devrait s’exprimer de manière plus détaillée le 21 mai, dans
son discours d’ouverture de l’assemblée plénière des évêques italiens. Dans un
tel contexte, des voix s’élèvent pour souhaiter un engagement politique plus net des
catholiques contre la démagogie, le populisme et l’antipolitique. Mais l’idée de la
reconstruction d’un nouveau parti chrétien est actuellement loin de faire l’unanimité
dans l’Eglise italienne. (Romilda Ferrauto)