La foi et la raison, la science et la raison : Benoît XVI est revenu ce jeudi matin
sur le dialogue « fécond » que doivent entretenir ces deux dimensions de l’Homme lors
d’un discours prononcé dans la cour de l’hôpital Gemelli, siège romain de l’Université
catholique du Sacré Cœur. Cette visite intervient à l’occasion du cinquantenaire de
la création de la Faculté de médecine et de chirurgie de cette université. Le Pape
a été accueilli par le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, et président de
l’Institut Giuseppe Toniolo d’Études supérieures et par le pro-recteur vicaire de
l’Université, Franco Anelli. Il a rencontré la communauté universitaire sur l’esplanade
de l’Auditorium. C’est la cinquième fois que Benoît XVI visite la Polyclinique Gemelli
depuis le début de son pontificat. Le 5 janvier 2011, veille de l’Épiphanie, il y
avait rencontré des enfants soignés dans les différents pavillons. Le nom de cette
Polyclinique est désormais lié à la mémoire de Jean-Paul II qui y a été hospitalisé
à plusieurs reprises. Le dernier étage de l’hôpital abrite des chambres réservées
au Pape.
Dans un communiqué, le pro-recteur a exprimé la gratitude de toute
la communauté universitaire : « Encore une fois – écrit-il – le Saint-Père nous fait
le don de sa présence et de sa parole. Nous sommes certains que son enseignement nous
aidera à mieux comprendre et à vivre plus intensément la mission confiée à l’Université
des catholiques italiens. La visite du Pape coïncide avec la première Journée pour
la recherche intitulée : « Une vie pour la recherche, la recherche pour la vie ».
« Les sciences expérimentales ont transformé la vision du monde et la compréhension
même que l’homme se fait de lui ». Benoît XVI a exprimé ses inquiétudes sur la manière
dont les technologies ont évolué, voyant se profiler « l’ombre d’une crise de la pensée
». « Ce qui fut la féconde racine européenne de culture et de progrès semble oubliée
», regrette le Pape. « Une mentalité fondamentalement techno-pratique génère un déséquilibre
risqué entre ce qui est possible techniquement avec des conséquences imprévisibles
et ce qui est moralement bon » a poursuivi Benoît XVI.
« Il est alors important
que la culture redécouvre la vigueur de la signification et le dynamisme de la transcendance,
en un mot, qu’elle ouvre ses horizons à la recherche de Dieu, le quaerere Deum ».
Benoît XVI, tout au long de son discours, revient sur ce thème qui lui est cher. «
L’homme de science tend souvent inconsciemment, à atteindre cette vérité qui peut
donner sens à la vie ». « La science et la foi, rappelle le Pape, ont une réciprocité
féconde, presque une exigence complémentaire de l’intelligence du réel. Mais paradoxalement,
la culture positiviste même, excluant du débat scientifique la question sur Dieu,
détermine le déclin de la pensée et l’affaiblissement de la capacité d’intelligence
du réel. »
Dans cette relation entre la foi et la science, « le christianisme
ne relègue pas la foi dans la sphère de l’irrationnel mais attribue l’origine et le
sens de la réalité à la Raison créatrice, qui, dans le Dieu crucifié, s’est manifestée
comme amour et qui invite à parcourir la voie du quaerere Deum ». Benoît XVI nous
invite ainsi à se laisser « guider par le savoir qui vient d’en haut, par un savoir
illuminé par la foi, se souvenant que le savoir exige la passion et la fatigue de
la recherche ».
C’est dans cette perspective que « l’Université catholique
est appelée aujourd’hui à être une institution exemplaire qui ne restreint pas l’apprentissage
à une simple finalité économique, dépassant ainsi une vision simplement productiviste
et utilitariste de l’existence ». Une vision que Benoît XVI a déjà eu l’occasion de
développer à plusieurs reprises lors de ses rencontres avec le monde universitaire.
Le Pape a invité les personnels soignants à percevoir leur travail auprès
des malades comme une rencontre quotidienne avec le Christ. Il a exhorté les chercheurs
à se laisser guider par la sagesse qui vient d’en haut, par un savoir éclairé par
la foi. Il a recommandé le respect de la vie à chacune de ses étapes. Il a assuré
les malades de ses prières et de son affection.
Le compte-rendu d'Olivier Bonnel
Joseph
Meaney, qui fait un doctorat en bioéthique, était parmi les étudiants venus écouter
le Pape. Il est également directeur de la coordination internationale pour Vie Humaine
Internationale, un groupement d’organisations pro-vie et pro-famille. Il revient pour
nous sur cette visite du Pape à la faculté de médecine Propos recueillis
par Charles Le Bourgeois