Juifs et Chrétiens s'inquiètent de la montée de l'extrême-droite en Hongrie
Des représentants de la communauté juive et des Églises chrétiennes de Hongrie s’inquiètent
des campagnes antisémites du parti Jobbik, le mouvement pour une meilleure Hongrie.
Depuis les élections de 2010, cette formation nationaliste d’extrême droite, avec
ses 47 élus, est le 3e parti au parlement hongrois. Dans un communiqué, les responsables
catholiques, réformés et luthériens, ont condamné vivement les propos antisémites
tenus par un député de ce parti, lors d’une intervention au Parlement. Les signataires,
dont le cardinal Peter Erdö, président de la Conférence épiscopale catholique, expliquent,
qu’il est de leur devoir de protester contre toute incitation à la haine, surtout
quand elle émane d’un politique ou d’un législateur.
Si l’extrême-droite nationaliste
gangrène presque toute l’Europe, la Hongrie fait partie des pays qui suscitent la
plus vive inquiétude, et le Jobbik est l’un des mouvements les plus actifs. Au début
du mois d’avril, un député de ce parti a rendu hommage dans un discours à une jeune
fille tuée en 1882 dans un village du nord-est du pays. A l’époque des juifs avaient
été accusés du meurtre puis acquittés. Le député a affirmé que la justice avait été
contrainte de dissimuler la vérité sous la pression des juifs qui détenaient déjà
à l’époque l’économie hongroise entre leurs mains – fin de citation. Cette affaire
a été plus d’une fois relancée en Hongrie pour propager des idées antisémites. Le
gouvernement hongrois a affirmé que les propos de ce député étaient inacceptables
et a condamné toute attaque contre un groupe social ou une minorité ethnique en Hongrie.
Dans leur déclaration, les responsables chrétiens ont sévèrement condamné le rappel
sans scrupules de ce meurtre rituel, se disant particulièrement préoccupés par le
fait que des discours de haine soient tenus dans l’enceinte-même du parlement. Le
rabbin de Budapest a souligné pour sa part que l'antisémitisme exprimé sur la place
publique dans le pays était sans précédent depuis les 20 dernières années de démocratie.
Mais les juifs ne sont pas la seule cible de l’extrême-droite hongroise dont le radicalisme
réveille de vieux démons. Le Jobbik recrute dans les couches populaires mais aussi
parmi les étudiants. Dans les régions frappées par la récession et le chômage, les
attaques racistes sont fréquentes notamment contre les Roms et des drapeaux européens
ont été brulés. Sortant de leur réserve habituelle, les responsables chrétiens invitent
à mettre en pratique le commandement d’amour du Christ, à promouvoir l’accueil réciproque
et les valeurs humaines authentiques.