Les Archives Secrètes Vaticanes : un congrès célèbre leur 4° centenaire
A l'occasion du 4° centenaire de la fondation des Archives Secrètes du Vatican, un
congrès d'études intitulé « Religiosa Archivorum Custodia » se tient les 17
et 18 avril au Vatican, avec la participation de nombreux chercheurs et experts. Le
cardinal Raffaele Farina et Mgr Sergio Pagano, respectivement Archiviste et Préfet
des Archives Secrètes du Vatican vont évoquer l'identité particulière et l'histoire
des archives. On veut éviter, affirme le cardinal Farina, les autocélébrations et
les repropositions de thèmes de l'histoire des archives, déjà objet de discussions
dans le passé. Le congrès est structuré de manière à faire le point avec la contribution
des collaborateurs aux archives, sur les travaux réalisés ces trente dernières années
sur les fonds anciens et nouveaux. De nouveaux documents sont venus compléter les
archives grâce à des donations ou des acquisistions. Le congrès permettra également
une remise en ordre plus attentive des anciens fonds (par exemple ceux de l'époque
napoléonienne ou des fonds conernant le nouveau classement du matériel de la Secrétairerie
d'Etat à l'époque contemporaine). Ainsi pour la première fois sera présentée une catégorie
de nouveaux fonds avec les archives de la Commission pontificale pour l'art sacré
en Italie, instituée en 1924 et opérationnelle jusqu'en 1988. Enfin le point sera
fait sur la réorganisation des archives du Concile Vatican II.
Dans un entretien
accordé à l'Osservatore romano, Mgr Pagano explique combien les archives sont une
institution vive et en continuelle expansion, avec l'arrivée notamment de matériel
produit par la Curie Romaine et la diplomatie pontificale dans le monde. Il reparcourt
les différentes phases depuis la naissance de la nouvelle archive secrète, il y a
400 ans, avec la donation de trois salles en 1610 par le pape Paul V et le transfert
de documents de l'époque. L'espace dédié aux archives s'est ainsi multiplié 400 fois
au cours des siècles : on est passé de la capacité d'accueil des documents des trois
premières salles (200 mètres environ) à une consistante documentation de 85 km. Les
archives occupent plusieurs salles du palais apostolique et sous le pontificat de
Paul VI, elles ont même occupé une salle souterraine (sous la Cour de la Pigna).
Institué
donc pour servir le pontife romain et sa curie, Napoléon, rappelons-le, a fait déplacer
les Archives à Paris en 1810 qui sont ensuite retournées à Rome après le Congrès de
Vienne. Ce déplacement a causé des pertes. C'est le Pape Léon XIII qui décida en 1881
de rouvrir les archives à la libre consultation des chercheurs et savants : depuis
on ne compte plus les instituts internationaux qui sont nés à Rome pour étudier les
documents des archives. Selon l'historien allemand Arnold Esch : « ce sont les
plus importantes archives au monde au moins en ce qui concerne le Moyen Àge et surtout
ce sont des archives universelles »
Plusieurs interventions intéressantes
sont attendues. Un des membres de l'institution vaticane présentera le travail accompli
en vue de la publication de documents issus de deux services créés durant la Seconde
Guerre mondiale par la Secrétairerie d'État : le Bureau d'informations sur les prisonniers
de guerre et la Commission des Secours. Ces deux départements avaient été placés à
la demande de Pie XII, sous la responsabilité du Substitut, Mgr Giovanni Battista
Montini, le futur Paul VI. Pour Francesca di Giovanni, la mise à disposition de ces
documents à des chercheurs «offrira de nouvelles perspectives d'étude en contribuant
à mettre à jour, expliquer et approfondir des aspects encore peu connus de ces années
problématiques qui ont marqué le début du pontificat de Pacelli ». L'ouverture
des archives du pontificat de Pie XII souvent réclamées par des chercheurs juifs,
devrait avoir lieu d'ici 2014 ou 2015.
Comme l'a souligné sur nos antennes
le cardinal Farina, Archiviste et Bibliothécaire, les Archives et la Bibliothèque
ont un rôle culturel important. « La culture est comme un pont pour le dialogue,
dans tous les milieux et donc également dans le dialogue de l'Église catholique avec
les autres confessions chrétiennes, le judaïsme, l'islam, le monde laïc en général.
La culture ouvre au dialogue et rend possible ce qu'un contact plus immédiat plus
direct, ne pourrait réaliser »
Enfin, ce congrès n'est pas la seule manifestation
marquant les 400 ans des Archives secrètes du Vatican. Une exposition est en cours
depuis le début du mois de mars aux Musées du Capitole, à Rome. Intitulée Lux in
Arcana, cette exposition explore l'histoire de l'Église et du reste du monde en
proposant les actes du procès de Galilée, la demande d'anulation du mariage d'Henri
VIII ou encore des courriers de la Seconde Guerre mondiale.