Dans le sud de l’Italie, des prêtres sont dans le collimateur du crime organisé. En
Sicile, un évêque a été contraint de présider le Chemin de croix du Vendredi Saint
sous la protection d’une escorte. Mgr Michele Pennisi avait reçu quelques jours plus
tôt une lettre de menaces : « Tu mourras comme Jésus Christ ». Depuis qu’il a refusé
de célébrer les obsèques religieuses d’un boss de la Mafia, tué le 3 décembre, lors
d’une descente de la police, cet évêque fait l’objet d’intimidations. Des tracts l’accusant
de « complicité avec les magistrats » ont été distribués. On murmure qu’il a soumis
l’Église à l’État, mais Mgr Pennisi continue d’exhorter ses fidèles à prier Dieu de
les libérer du racket et de la mafia, de répéter dans le bulletin de son diocèse qu’il
y a incompatibilité entre vie chrétienne et crime organisé, que les chrétiens doivent
au contraire aider les mafieux à se repentir et à changer de vie. A Palerme, la capitale
sicilienne, le cardinal Paolo Romeo renchérit : les mafieux peuvent toujours exhiber
leur Bible et leurs images pieuses, leur comportement reste antiévangélique et leurs
oraisons offensent la foi chrétienne. Tandis qu’un autre évêque sicilien, Mgr Mogavero,
estime que la lutte contre la mafia passe par l’éducation. Il faut – dit-il – aider
les jeunes à comprendre qu’ils doivent progresser par leurs propres forces, en misant
sur leurs compétences et non pas sur des recommandations ou des collusions avec la
mafia. Dans un document publié en vue des prochaines élections locales, l’Église de
Palerme appelle à une plus grande responsabilité civique et à un sursaut de courage
contre la dictature de la mafia, notamment pour permettre aux entreprises privées
de se développer et du même coup de créer des emplois.