Syrie : Les chrétiens célèbrent Pâques dans la discrétion
Depuis plus d'un an, pas un jour ne passe en Syrie sans de nouvelles effusions de
sang, violences, attaques du régime et contre le régime. Pris en tenaille dans ce
conflit, les chrétiens de Syrie vont célébrer les fêtes de Pâques dans la discrétion.
Le nonce apostolique sur place, formule l'espoir qu'à l'occasion des célébrations
pascales, les syriens puissent connaître "la résurrection, la réconciliation, la paix"
et tourner la page de la violence et de la mort. En ce vendredi saint, Giancarlo
La Vella a recueilli le témoignage de Mgr Mario Zenari
Interrogé
par l'organisation Aide à l'Église en détresse sur le dossier syrien, le responsable
de la Custodie de Terre Sainte, le père Pierbattista Pizzaballa, estime que la prise
de position de certains leaders de l'Église syrienne, notamment celle du Patriarche
grec-melkite d'Antioche, Grégoire III Laham qui plaide pour un maintien du status
quo en continuant à soutenir Bachar Al Assad, est « une politique compréhensible,
mais sans aucune possibilité de réussite. Car, que cela plaise ou non, en Syrie le
régime n'a pas de futur ». « Même si nous ne l'appelons pas par son nom, il y
a une guerre civile en Syrie, explique le père franciscain, et les chrétiens sont
pris en étau entre le gouvernement, qui les a toujours soutenus, et l'opposition.
». Les fidèles craignent fortement que le pays ne se transforme en un nouvel Irak
et cela est compréhensible, mais la mentalité syrienne est différente de la mentalité
irakienne, le fruit d'une plus grande variété ethnique et religieuse ». En attendant,
les chrétiens ont quitté Homs. Et c'est là l'unique certitude pour le ministre provincial
des Frères mineurs, étant donné qu'il est « pratiquement impossible de recevoir des
nouvelles sûrs et objectives du pays arabe. »
Par ailleurs, plus politique,
le responsable de la Custodie de Terre Sainte s’oppose à une intervention externe
dans le pays : « une éventuelle action militaire internationale en Syrie aurait des
conséquences négatives sur toute la région méridionale ». Il considère d’ailleurs
que la situation géographique de la Syrie au cœur du Moyen-Orient rend improbable
toute action militaire internationale. « Ce n'est pas comme en Libye. Cette-fois-ci
l'intervention aurait des conséquences sur toute la région méridionale », a expliqué
le père Pierbattista Pizzaballa. Pour lui, les pays occidentaux doivent intervenir,
mais par la seule pression politique et diplomatique, autrement, dit-il, « nous avons
vu ce qui est arrivé en Irak et en Afghanistan ».