Les familles en difficulté invitées à contempler le Christ crucifié pour aller de
l'avant
Le traditionnel Chemin de Croix du Vendredi Saint au Colisée est l’un événement les
plus médiatisés de la Semaine Sainte à Rome et, comme chaque année, des milliers de
fidèles étaient sur place pour participer à ce moment central de la foi chrétienne.
A 21 heures passées, le Pape est arrivé sur place. Benoît XVI a présidé la Via Crucis
depuis la terrasse du Mont Palatin, qui surplombe le Colisée. Cette année, le rite
du Chemin de Croix était tout particulièrement dédié à la famille. Ainsi, cinq familles
venues d’Italie, d’Irlande, du Pérou et du Burkina Faso ont porté la Croix de bois
en procession, avant de la laisser entre les mains de deux frères franciscains. Le
cardinal Vallini, le Vicaire du Pape pour la ville de Rome, a lui porté la croix lors
de la première et de la dernière des 14 stations du Chemin de Croix. Par ailleurs,
c'est une première dans le pontificat de Benoît XVI, les médiations de cette année
ont été écrites par un couple italien membre des Focolari. Quatre ans après la mort
de la fondatrice du mouvement, Chiara Lubich, le Pape a en effet confié la responsabilité
de ces méditations aux époux Anna Maria et Danilo Zanzucchi, consulteurs au Conseil
Pontifical pour la Famille et pendant une quarantaine d’années, responsables de la
branche Famille nouvelle au sein des Focolari. Dans leurs médiations, c’est donc
tout naturellement qu’ils ont évoqué les différentes situations de souffrance vécues
de nos jours par les familles, comme l'infidélité, le divorce ou la maladie, l’unité
gangrénée par le repli sur soi, l’égoïsme ou l’individualisme. « Combien de fois,
le chemin se montre éprouvant ? », s’est interrogé Benoît XVI à l’issue de la Via
Crucis. Le Pape évoque les « incompréhensions, les divisions, la préoccupation pour
l’avenir des enfants ou encore la maladie », sans compter ajoute-t-il que "la situation
des familles est encore aggravée par la précarité du travail et par les autres conséquences
de la crise économique ». A ces familles qui traversent une période difficile, le
Pape a demandé ce vendredi soir de ne pas perdre espoir, « de contempler le Christ
crucifié pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés », car dans les épreuves,
« nous ne sommes pas seuls, la famille n’est pas seule, a poursuivi le Pape, Jésus
est présent avec son amour (…) et c’est à cet amour que nous devons nous adresser
» a-t-il conclut.
Aperçu sonore de la Via Crucis, Mathilde Auvillain
Traduction
intégrale de l'allocution du Pape à l’issue de la Via Crucis ce vendredi 6 avril 2012
: “Chers frères et sœurs,
Nous avons rappelé, dans la méditation, dans
la prière et dans le chant, le parcours de Jésus sur le chemin de la Croix : un chemin
qui semblait sans issue et qui au contraire a changé la vie et l’histoire de l’homme,
a ouvert le passage vers les « cieux nouveaux et la terre nouvelle » (cf. Ap
21, 1). Spécialement en ce jour du Vendredi Saint, l’Église célèbre, avec une intime
adhésion spirituelle, la mémoire de la mort en croix du Fils de Dieu, et dans sa Croix
elle voit l’arbre de la vie, fécond d’une nouvelle espérance. L’expérience de la
souffrance marque l’humanité, marque aussi la famille ; combien de fois le chemin
se fait éprouvant et difficile ! Incompréhensions, divisions, préoccupation pour l’avenir
des enfants, maladies, difficultés de toutes sortes. En notre temps, ensuite, la situation
de nombreuses familles est aggravée par la précarité du travail et par les autres
conséquences négatives provoquées par la crise économique. Le chemin de la Via
Crucis, que nous avons spirituellement parcouru à nouveau ce soir, est une invitation
pour nous tous, et spécialement pour les familles, à contempler le Christ crucifié
pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés. La Croix de Jésus est le signe
suprême de l’amour de Dieu pour chaque homme, c’est la réponse surabondante au besoin
qu’a chaque personne d’être aimée. Quand nous sommes dans l’épreuve, quand nos familles
doivent affronter la souffrance, la détresse, regardons vers la Croix du Christ :
là nous trouvons le courage pour continuer à marcher ; là nous pouvons répéter, avec
une ferme espérance, les paroles de saint Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour
du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le
danger ? le supplice ?...Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce
à celui qui nous a aimés » (Rm 8, 35.37). Dans les malheurs et dans les
difficultés nous ne sommes pas seuls ; la famille n’est pas seule : Jésus est présent
avec son amour, il la soutient de sa grâce et lui donne l’énergie pour aller de l’avant,
pour affronter les sacrifices et pour surmonter les obstacles. Et c’est à cet amour
du Christ que nous devons nous adresser quand les déviations humaines et les difficultés
risquent de blesser l’unité de notre vie et de la famille. Le mystère de la passion,
mort et résurrection du Christ encourage à aller de l’avant avec espérance : le temps
de la souffrance et de l’épreuve, s’il est vécu avec le Christ, avec foi en lui, renferme
déjà la lumière de la résurrection, la vie nouvelle du monde ressuscité, la pâque
de chaque homme qui croit à sa Parole.Dans cet Homme crucifié, qui est le Fils de
Dieu, la mort elle-même aussi acquiert un nouveau sens et une nouvelle orientation,
elle est rachetée et vaincue, elle est un passage vers la nouvelle vie : « Si le grain
de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup
de fruit » (Jn 12, 24). Confions-nous à la Mère du Christ. Elle qui a accompagné
son Fils sur le chemin douloureux, elle qui était au pied de la Croix à l’heure de
sa mort, elle qui a encouragé l’Église à sa naissance pour qu’elle vive en présence
du Seigneur, qu’elle conduise nos cœurs, les cœurs de toutes les familles à travers
le vaste mysterium passionis vers le mysterium paschale, vers cette
lumière qui déborde de la Résurrection du Christ et montre la victoire définitive
de l’amour, de la joie, de la vie, sur le mal, sur la souffrance, sur la mort. Amen.”