L'affaire Trayvon Martin secoue l'opinion américaine depuis un mois
Un mois après les faits, l'émoi autour du meurtre du jeune Trayvon Martin est toujours
vif aux États-Unis. L'affaire a même pris une tournure politique, après un commentaire
très personnel du président Barack Obama : "Si j'avais un fils, il ressemblerait
à Trayvon".
Ce jeune Noir, âgé de 17 ans, a été abattu fin février par
un homme blanc d'origine hispanique, George Zimmerman qui effectuait des rondes de
surveillance dans un quartier de Sanford, en Floride. Décrit comme un adolescent sans
histoire par son entourage, Trayvon rentrait chez lui après avoir acheté des friandises
dans une épicerie du quartier. Il ne portait pas d'arme. Il a été abattu d'un coup
de feu. George Zimmerman a été brièvement arrêté puis relâché après qu'il eut invoqué
la légitime défense. Mais les circonstances des faits restent floues et l'enquête
de la police de la ville a fait l'objet de vives critiques .
Le ministère américain
de la Justice, le procurateur du district central de Floride et le FBI ont ouvert
une enquête. Un grand jury (chambre d'accusation) doit se réunir le 10 avril pour
décider si les charges sont suffisantes pour poursuivre Georges Zimmerman. L'Amérique
soupçonne un crime raciste et les initiatives se multiplient pour demander justice
pour Trayvon Martin et sa famille.
Deborah Stafford Shearer, responsale du
Bureau « Justice et protection » du diocèse d'Orlando a été inteviewé sur nos fréquences.
« Nous avons réagi comme la plupart des personnes de la communauté, c'est bouleversant
et nous sommes profondément préoccupés. Nous ne connaissons tous les détails, l'enquête
est encore en cours. Nous sommes aussi préoccupés pour les conséquences poursuit-elle,
il y a beaucoup d'animosité parmi les groupes raciaux et cela me déconcerte un
peu car en réalité nous ne connaissons pas encore tous les détails.»
Beaucoup
pensent que racisme et les discriminations sont des blessures encore ouverte dans
la société américaine. Deborah Stafford Shearer partage le même avis. "Mais
ils ne visent pas directement la communauté afroaméricaine" souligne t-elle.
C'est
d'ailleurs une de nos intentions de prière : nous devons connaître les personnes,
établir des rapports et faire cesser la violence.La violence, insiste-t-elle,
naît quand on ne connaît pas le prochain et quand on ne s'intéresse pas au prochain.
Deborah
Stafford Shearer estime que la communauté catholique peut jouer un rôle dans la réconciliation
entre les divers communautés raciales. En 1994, les évêques américains avaient écrit
une lettre pastorale intitulée « Confronting a culture of violence » (Faire
face à une culture de la violence), où ils traitent ces mêmes sujets : la haine, l'incompréhension.
La route est encore longue.