2012-04-04 12:13:28

Il y a 20 ans, le siège de Sarajevo : la réflexion du cardinal Vinko Puljic


À l'occasion des vingt ans du siège de Sarajevo, le cardinal Vinko Puljic, archevêque de Vrhbosna-Sarajevo a publié un texte dans lequel il revient sur la souffrance et la division des populations, et invite à participer à la grande rencontre mondiale pour la paix qui se tiendra à Sarajevo, en septembre prochain.

"Ce 5 avril 2012, écrit-il, Jeudi de la Passion de notre Semaine Sainte, marquera le 20 ème anniversaire de la guerre tragique en Bosnie Herzégovine et du siège dramatique de la ville de Sarajevo. Il s'agissait du plus long siège du 20è siècle, d'avril 1992 à février 1996. Quatre ans, jour après jour, de violences, de souffrance, de bombardements. C'est, explique le cardinal Puljic, un bruit tout particulier auquel mes oreilles s'étaient habituées, à tel point que je suis contraint aujourd'hui de porter un appareil acoustique.

Il n'est pas facile, après vingt ans - une période encore trop brève - de raconter ce qui s'est passé à Sarajevo, ville d'ancienne convivialité entre chrétiens, juifs et musulmans. Mais ville aussi de conflit et de souffrance. Sarajevo renferme d'une certaine manière le début et la fin de chaque guerre du 20è siècle. À Sarajevo, en effet, commença le conflit de la première guerre mondiale et de la deuxième guerre mondiale. Sarajevo est une ville de la souffrance et de l'espérance. Jean Paul II, lors de sa visite historique en 1997, appela la ville la « Jérusalem de l'Europe ».

Mais que s'est-il passé à Sarajevo ? Une guerre violente et sans nom - comme toutes les guerres d'ailleurs - qui a amené beaucoup de personnes à croire que catholiques, orthodoxes, musulmans et juifs ne pouvaient plus vivre ensemble. Une opposition entre Croates, Serbes, Bosniaques. Une réalité de peuples divers qui avaient vécu ensemble pendant des siècles, commençaient tout d'un coup à se diviser et à s'opposer.

En tant qu'évêque de la ville, j'ai voulu rester. J'ai été le pasteur de tous les habitants de Sarajevo, je n'ai pas fui. Je suis resté pendant les trois années du siège, partageant, jour après jour, leur douleur et leur faible espérance dans l'avenir. Mais, y avait-il encore un avenir ? Quel avenir avec plus de 11 000 personnes tuées par les bombes lancées du matin au soir, au hasard, depuis les canons installés sur les monts qui entouraient la ville ?

2 000 enfants morts, juifs, chrétiens et musulmans, leur noms sont inscrits sur un monument de cinq colonnes sur une place centrale de la ville. Les enfants de Sarajevo. Et tant d'autres encore qui sont frappés de formes tumorales dûes à l'uranium appauvri, utilisé dans les bombardements. Et pourtant, relève le cardinal Puljic, il doit y avoir un futur pour tous. Nous sommes chrétiens, nous aimons la vie, nous croyons qu'un futur peut exister pour tous, que la guerre n'aura jamais le dernier mot.

L'archevêque de Sarajevo évoque alors ses souvenirs personnels pendant ces quatre années interminables. J'ai voulu, dit-il, être l'évêque de tous, des catholiques, des orthodoxes, des juifs, des musulmans, et des non-croyants. J'ai compris que dans la violence de la guerre, il était mieux et urgent qu'un évêque est toujours appelé à être l'évêque de tous.

Je voudrais parler aussi de l'importance de l'amitié et du contact avec les autres quand on est entouré par le mal, menacé, assiégé comme à Sarjevo. Je pense à l'amitié et à la profonde communion avec Jean-Paul II et à notre rencontre de prière pour les Balkans, à Assise, en 1993. C'était pendant le siège de Sarajevo.

20 ans après la tragédie, le cardinal Vuljic annonce l'initiative prise à cette occasion : Je voudrais avec joie que nous préparions une grande rencontre mondiale pour la paix à Sarajevo avec la Communauté sant'Egidio. Elle aura lieu du 9 au 11 septembre prochain et rassemblera les représentants des Églises chrétiennes et des grandes religions, pour réaffirmer ensemble notre NON à la guerre, à la violence, à la division. Pour dire que l'avenir existe pour tous et qu'il ne peut exister que dans le vivre ensemble. Il n'y a pas d'avenir sans convivialité pour Sarajevo, pour la Bosnie Herzégovine, pour l'Europe, pour le monde entier.

J'espère qu'un grand message de paix puisse monter de Sarajevo et atteindre chaque terre, chaque peuple, le monde entier, conclut le cardinal Puljic. Que Sarajevo, ville de division, de guerre, de souffrance, puisse devenir ville du rêve de la paix pour l'Europe et pour le monde entier. Paix, convivialité et égalité. Je vous invite tous à Sarajevo en septembre prochain."







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