Urgence humanitaire au Sahel : 12 millions de personnes menacées
Les agences Caritas du « groupe de travail sur le Sahel », réunis à Bamako au Mali
ne cachent pas leur inquiétude : une nouvelle catastrophe humanitaire couve dans les
pays du Sahel.
Benoît XVI avait déjà appelé à la mobilisation de la communauté
internationale. La Caritas se fait aujourd’hui l’écho de cette sollicitation. L’heure
est à l’action et à l’intensification des aides en faveur des populations du Sahel.
Douze millions de personnes y seraient actuellement menacées, un chiffre qui pourrait
bien doubler en cas d’absences de mesures immédiates et efficaces. Le Niger, le
Burkina Faso, le Sénégal, le Tchad dans une moindre mesure, et le Mali, encore plus
fragilisé par un récent coup d’Etat, sont les pays directement touchés par la famine
et la sècheresse.
Les dangers naturels, auxquels sont exposées les populations,
-désertification galopante, carences d’eau-, sont encore exacerbés par l’instabilité
politique chronique de cette région. Les guerres sporadiques qui y éclatent poussent
les populations, réduites à une extrême pauvreté, à émigrer vers les pays limitrophes.
Pour
le frère Albino Vezzoli, religieux des Frères de la Sainte Famille, congrégation missionnaire
présente depuis plusieurs décennies en Afrique de l’Ouest, les raisons de cette catastrophe
sont multiples : « les changements climatiques, dont les responsables sont les pays
industrialisés, rendent aléatoires les précipitations ; la désertification, poursuit-il,
est quant à elle, la conséquence directe d’un siècle d’agriculture intensive imposé
par le colonialisme européen (…) ». Ajoutées à cela, les guerres civiles qui sévissent
en Somalie ou au Soudan, et qui génèrent de fait une instabilité certaine.
Que
doit-on craindre en cas d’inaction ? Selon le frère Vezzoli, « la mort, par dénutrition
et déshydratation, de douze millions de personnes, surtout des femmes et des enfants
; l’irrésistible exode des masses vers les pays voisins et l’Europe ; l’expansion
du Sahara vers la Méditerranée, et le Sud du continent ; la disparition définitive
de peuples entiers, de civilisations, de faune et de flore unique ». Les tragédies
humaines nées de cette situation, dont est témoin quotidiennement le frère Vezzoli,
ne cessent de se multiplier, et la violence a force de loi.