JMJ : Benoît XVI invite les jeunes à être missionnaires de la joie
Le Vatican a publié ce mardi le message du Pape pour la prochaine journée mondiale
de la jeunesse, célébrée au niveau diocésain le 1er avril, dimanche des
Rameaux, dans la perspective des JMJ de Rio en 2013. Dans ce texte, Benoît XVI exhorte
les jeunes à être des missionnaires de la joie : dans un monde triste et inquiet,
les vrais chrétiens portent la joie en eux-mêmes et la communiquent aux autres – écrit-il.
Le message chrétien est un message de joie et d’espérance. Dans une réflexion en 7
points, le Pape établit une distinction entre la joie, pleine et durable, et le plaisir
immédiat et parfois trompeur. Les joies authentiques, petites et grandes, trouvent
leur source en Dieu. C’est cette joie qui ne nous abandonne pas dans les moments difficiles.
Après avoir insisté sur les liens qui unissent la joie et l’amour, Benoît XVI met
en évidence la valeur de l’engagement, de la loyauté, de la fidélité, de la générosité.
Il met en garde contre la recherche du succès et du pouvoir, contre le consumérisme
entretenu par une logique commerciale. Certains présentent le christianisme comme
un choix de vie qui réprime la liberté et les désirs de bonheurs. Cette image est
fausse : les chrétiens sont heureux parce qu’ils ne sont jamais seuls.
Voici
son message: Message 2012 « Soyez toujours dans la joie du Seigneur
! » (Ph 4, 4) Chers jeunes, Je suis heureux de pouvoir à nouveau m’adresser
à vous à l’occasion de la XXVIIème Journée Mondiale de la Jeunesse. Le souvenir de
la rencontre de Madrid, en août dernier, reste très présent à mon esprit. Ce fut un
temps de grâce exceptionnel au cours duquel Dieu a béni les jeunes présents, venus
du monde entier. Je rends grâce à Dieu pour tout ce qu’il a fait naître lors de ces
journées, et qui ne manquera pas de porter du fruit à l’avenir pour les jeunes et
pour les communautés auxquelles ils appartiennent. A présent nous sommes déjà orientés
vers le prochain rendez-vous de Rio de Janeiro en 2013, qui aura pour thème « Allez,
de toutes les nations faites des disciples ! » (cf. Mt 28, 19) Cette année,
le thème de la Journée Mondiale de la Jeunesse nous est donné par une exhortation
de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens : « Soyez toujours dans la joie
du Seigneur ! » (Ph 4, 4). La joie, en effet, est un élément central de l’expérience
chrétienne. Et au cours de chaque Journée Mondiale de la Jeunesse, nous faisons l’expérience
d’une joie intense, la joie de la communion, la joie d’être chrétiens, la joie de
la foi. C’est une des caractéristiques de ces rencontres. Et nous voyons combien cette
joie attire fortement : dans un monde souvent marqué par la tristesse et les inquiétudes,
la joie est un témoignage important de la beauté de la foi chrétienne et du fait qu’elle
est digne de confiance. L’Eglise a pour vocation d’apporter au monde la joie,
une joie authentique qui demeure, celle que les anges ont annoncé aux bergers de Bethléem
la nuit de la naissance de Jésus (cf. Lc 2, 10) : Dieu n’a pas seulement parlé,
il n’a pas seulement accompli des signes prodigieux dans l’histoire de l’humanité,
Dieu s’est fait tellement proche qu’il s’est fait l’un de nous et a parcouru toutes
les étapes de la vie humaine. Dans le difficile contexte actuel, tant de jeunes autour
de vous ont un immense besoin d’entendre que le message chrétien est un message de
joie et d’espérance ! Aussi, je voudrais réfléchir avec vous sur cette joie, sur les
chemins pour la trouver, afin que vous puissiez en vivre toujours plus profondément
et en être les messagers autour de vous. 1. Notre cœur est fait pour la joie L’aspiration
à la joie est imprimée dans le cœur de l’homme. Au-delà des satisfactions immédiates
et passagères, notre cœur cherche la joie profonde, parfaite et durable qui puisse
donner du “goût” à l’existence. Et cela est particulièrement vrai pour vous, parce
que la jeunesse est une période de continuelle découverte de la vie, du monde, des
autres et de soi-même. C’est un temps d’ouverture vers l’avenir où se manifestent
les grands désirs de bonheur, d’amitié, de partage et de vérité et durant lequel on
est porté par des idéaux et on conçoit des projets. Chaque jour, nombreuses sont
les joies simples que le Seigneur nous offre : la joie de vivre, la joie face à la
beauté de la nature, la joie du travail bien fait, la joie du service, la joie de
l’amour sincère et pur. Et si nous y sommes attentifs, il y a de nombreux autres
motifs de nous réjouir : les bons moments de la vie en famille, l’amitié partagée,
la découverte de ses capacités personnelles et ses propres réussites, les compliments
reçus des autres, la capacité de s’exprimer et de se sentir compris, le sentiment
d’être utile à d’autres. Il y a aussi l’acquisition de nouvelles connaissance que
nous faisons par les études, la découverte de nouvelles dimensions par des voyages
et des rencontres, la capacité de faire des projets pour l’avenir. Mais également
lire une œuvre de littérature, admirer un chef d’œuvre artistique, écouter ou jouer
de la musique, regarder un film, tout cela peut produire en nous de réelles joies.
Chaque jour, pourtant, nous nous heurtons à tant de difficultés et notre cœur
est tellement rempli d’inquiétudes pour l’avenir, qu’il nous arrive de nous demander
si la joie pleine et permanente à laquelle nous aspirons n’est pas une illusion et
une fuite de la réalité. De nombreux jeunes s’interrogent : aujourd’hui la joie parfaite
est-elle vraiment possible ? Et ils la recherchent de différentes façons, parfois
sur des voies qui se révèlent erronées, ou du moins dangereuses. Comment distinguer
les joies réellement durables des plaisirs immédiats et trompeurs ? Comment trouver
la vraie joie dans la vie, celle qui dure et ne nous abandonne pas, même dans les
moments difficiles ? 2. Dieu est la source de la vraie joie En réalité,
les joies authentiques, que ce soient les petites joies du quotidien comme les grandes
joies de la vie, toutes trouvent leur source en Dieu, même si cela ne nous apparaît
pas immédiatement. La raison en est que Dieu est communion d’amour éternel, qu’il
est joie infinie qui n’est pas renfermée sur elle-même mais qui se propage en ceux
qu’il aime et qui l’aiment. Dieu nous a créés par amour à son image afin de nous aimer
et de nous combler de sa présence et de sa grâce. Dieu veut nous faire participer
à sa propre joie, divine et éternelle, en nous faisant découvrir que la valeur et
le sens profond de notre vie réside dans le fait d’être accepté, accueilli et aimé
de lui, non par un accueil fragile comme peut l’être l’accueil humain, mais par un
accueil inconditionnel comme est l’accueil divin : je suis voulu, j’ai ma place dans
le monde et dans l’histoire, je suis aimé personnellement par Dieu. Et si Dieu m’accepte,
s’il m’aime et que j’en suis certain, je sais de manière sûre et certaine qu’il est
bon que je sois là et que j’existe. C’est en Jésus Christ que se manifeste le
plus clairement l’amour infini de Dieu pour chacun. C’est donc en lui que se trouve
cette joie que nous cherchons. Nous voyons dans les Evangiles comment chaque événement
qui marque les débuts de la vie de Jésus est caractérisé par la joie. Lorsque l’ange
Gabriel vient annoncer à la Vierge Marie qu’elle deviendra la mère du Sauveur, il
commence par ces mots : « Réjouis-toi ! » (Lc 1, 28). Lors de la naissance
du Christ, l’ange du Seigneur dit aux bergers : « Voici que je vous annonce une grande
joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est
le Christ Seigneur. » (Lc 2, 11) Et les mages qui cherchaient le nouveau-né,
« quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie ». (Mt 2,
10) Le motif de cette joie est donc la proximité de Dieu, qui s’est fait l’un de nous.
C’est d’ailleurs ainsi que l’entendait saint Paul quand il écrivait aux chrétiens
de Philippes: « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ! Laissez-moi vous le redire
: soyez dans la joie ! Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur
est proche. » (Ph 4, 4-5) La première cause de notre joie est la proximité
du Seigneur, qui m’accueille et qui m’aime. En réalité une grande joie intérieure
naît toujours de la rencontre avec Jésus. Nous le remarquons dans de nombreux épisodes
des Evangiles. Voyons par exemple la visite que Jésus fit à Zachée, un collecteur
d’impôt malhonnête, un pécheur public auquel Jésus déclare « il me faut aujourd’hui
demeurer chez toi ». Et Zachée, comme saint Luc le précise, « le reçut avec joie »
(Lc 19, 5-6). C’est la joie d’avoir rencontré le Seigneur, de sentir l’amour
de Dieu qui peut transformer toute l’existence et apporter le salut. Zachée décide
alors de changer de vie et de donner la moitié de ses biens aux pauvres. A l’heure
de la passion de Jésus, cet amour se manifeste dans toute sa grandeur. Dans les derniers
moments de sa vie sur la terre, à table avec ses amis, il leur dit : « Comme le Père
m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. (…) Je vous ai dit
ces choses pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.»
(Jn 15, 9.11) Jésus veut introduire ses disciples et chacun d’entre nous dans
la joie parfaite, celle qu’il partage avec son Père, pour que l’amour dont le Père
l’aime soit en nous (cf. Jn 17, 26). La joie chrétienne est de s’ouvrir à cet
amour de Dieu et d’être possédé par lui. Les Evangiles nous racontent que Marie-Madeleine
et d’autres femmes vinrent visiter le tombeau où Jésus avait été déposé après sa mort
et reçurent d’un ange l’annonce bouleversante de sa résurrection. Elles quittèrent
vite le tombeau, comme le note l’Evangéliste, « tout émues et pleines de joie » et
coururent porter la joyeuse nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur
rencontre et leur dit : « Je vous salue !» (Mt 28, 8-9). C’est la joie du salut
qui leur est offerte : le Christ est vivant, il est celui qui a vaincu le mal, le
péché et la mort. Et il est désormais présent avec nous, comme le Ressuscité, jusqu’à
la fin du monde (cf. Mt 28, 20). Le mal n’a pas le dernier mot sur notre vie.
Mais la foi dans le Christ Sauveur nous dit que l’amour de Dieu est vainqueur. Cette
joie profonde est un fruit de l’Esprit Saint qui fait de nous des fils de Dieu, capables
de vivre et de goûter sa bonté, en nous adressant à lui avec l’expression “Abba”,
Père (cf. Rm 8 ,15). La joie est le signe de sa présence et de son action en
nous. 3. Garder au cœur la joie chrétienne A présent nous nous demandons
: comment recevoir et garder ce don de la joie profonde, de la joie spirituelle ?
Un Psaume dit : « Mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton
cœur » (Ps 36, 4). Et Jésus explique que « le Royaume des cieux est comparable
à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans
sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ » (Mt 13,
44). Trouver et conserver la joie spirituelle procède de la rencontre avec le Seigneur,
qui demande de le suivre, de faire un choix décisif, celui de tout miser sur lui.
Chers jeunes, n’ayez pas peur de miser toute votre vie sur le Christ et son Evangile
: c’est la voie pour posséder la paix et le vrai bonheur au fond de notre cœur, c’est
la voie de la véritable réalisation de notre existence de fils de Dieu, créés à son
image et à sa ressemblance. Mettre sa joie dans le Seigneur : la joie est un fruit
de la foi, c’est reconnaître chaque jour sa présence, son amitié : « Le Seigneur est
proche » (Ph 4,5). C’est mettre notre confiance en lui, c’est grandir dans
la connaissance et dans l’amour pour lui. L’“Année de la foi”, dans laquelle nous
allons bientôt entrer, nous y aidera et nous encouragera. Chers amis, apprenez à voir
comment Dieu agit dans vos vies, découvrez-le caché au cœur des événements de votre
quotidien. Croyez qu’il est toujours fidèle à l’alliance qu’il a scellé avec vous
au jour de votre Baptême. Sachez qu’il ne vous abandonnera jamais. Et tournez souvent
les yeux vers lui. Sur la croix, il a donné sa vie par amour pour vous. La contemplation
d’un tel amour établit en nos cœurs une espérance et une joie que rien ne peut vaincre.
Un chrétien ne peut pas être triste quand il a rencontré le Christ qui a donné sa
vie pour lui. Chercher le Seigneur, le rencontrer dans notre vie signifie également
accueillir sa Parole, qui est joie pour le cœur. Le prophète Jérémie écrit : « Quand
tes paroles se présentaient je les dévorais : ta parole était mon ravissement et l’allégresse
de mon cœur » (Jr 15,16). Apprenez à lire et à méditer l’Ecriture Sainte,
vous y trouverez la réponse aux questions profondes de vérité qui habitent votre cœur
et votre esprit. La Parole de Dieu nous fait découvrir les merveilles que Dieu a accomplies
dans l’histoire de l’homme et elle pousse à la louange et à l’adoration, pénétrées
par la joie : « Venez crions de joie pour le Seigneur,… prosternez-vous, adorons le
Seigneur qui nous a faits » (Ps 94, 1.6). La liturgie est par excellence
le lieu où s’exprime cette joie que l’Eglise puise dans le Seigneur et transmet au
monde. Ainsi chaque dimanche, dans l’Eucharistie, les communautés chrétiennes célèbrent
le Mystère central du Salut : la mort et la résurrection du Christ. C’est le moment
fondamental du cheminement de tout disciple du Seigneur, où se rend visible son Sacrifice
d’amour. C’est le jour où nous rencontrons le Christ Ressuscité, où nous écoutons
sa Parole et nous nourrissons de son Corps et de son Sang. Un Psaume proclame : «
Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !
» (Ps 117, 24). Et dans la nuit de Pâques, l’Eglise chante l’Exultet,
expression de joie pour la victoire du Christ Jésus sur le péché et sur la mort :
« Exultez de joie, multitude des anges… sois heureuse aussi, notre terre, irradiée
de tant de feux… entends vibrer dans ce lieu saint l’acclamation de tout un peuple
! ». La joie chrétienne naît de se savoir aimé d’un Dieu qui s’est fait homme, qui
a donné sa vie pour nous, a vaincu le mal et la mort ; et c’est vivre d’amour pour
lui. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, jeune carmélite, écrivait : « Jésus, ma joie,
c’est de t’aimer ! » (Pn 45, 21 janvier 1897). 4. La joie de l’amour Chers
amis, la joie est intimement liée à l’amour : ce sont deux fruits de l’Esprit inséparables
(cf. Ga 5, 23). L’amour produit la joie et la joie est une forme d’amour. La
bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, faisant écho aux paroles de Jésus : « Il y a
plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35), disait : « La joie est
une chaîne d'amour, pour gagner les âmes. Dieu aime qui donne avec joie. Et celui
qui donne avec joie donne davantage ». Et le Serviteur de Dieu Paul VI écrivait :
« En Dieu lui-même, tout est joie parce que tout est don » (Exhort. Ap. Gaudete
in Domino, 9 mai 1975). En pensant aux différents aspects de votre vie, je
voudrais vous dire qu’aimer requiert de la constance et de la fidélité aux engagements
pris. Cela vaut d’abord pour les amitiés : nos amis attendent de nous que nous soyons
sincères, loyaux et fidèles, parce que l’amour vrai est persévérant surtout dans les
difficultés. Cela vaut aussi pour le travail, les études et les services que vous
rendez. La fidélité et la persévérance dans le bien conduisent à la joie, même si
elle n’est pas toujours immédiate. Pour entrer dans la joie de l’amour, nous sommes
aussi appelés à être généreux, à ne pas nous contenter de donner le minimum, mais
à nous engager à fond dans la vie, avec une attention particulière pour les plus pauvres.
Le monde a besoin d’hommes et de femmes compétents et généreux, qui se mettent au
service du bien commun. Engagez-vous à étudier sérieusement ; cultivez vos talents
et mettez-les dès à présent au service du prochain. Cherchez comment contribuer à
rendre la société plus juste et plus humaine, là où vous êtes. Que dans votre vie
tout soit guidé par l’esprit de service et non par la recherche du pouvoir, du succès
matériel et de l’argent. A propos de générosité, je ne peux pas ne pas mentionner
une joie particulière : celle qui s’éprouve en répondant à la vocation de donner toute
sa vie au Seigneur. Chers jeunes, n’ayez pas peur de l’appel du Christ à la vie religieuse,
monastique, missionnaire ou au sacerdoce. Soyez certains qu’il comble de joie ceux
qui, lui consacrant leur vie dans cette perspective, répondent à son invitation à
tout laisser pour rester avec lui et se dédier avec un cœur indivisé au service des
autres. De même, grande est la joie qu’il réserve à l’homme et à la femme qui se donnent
totalement l’un à l’autre dans le mariage pour fonder une famille et devenir signe
de l’amour du Christ pour son Eglise. Je voudrais mentionner un troisième élément
pour entrer dans la joie de l’amour : faire grandir dans votre vie et dans la vie
de votre communauté la communion fraternelle. Il y a un lien étroit entre la communion
et la joie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’exhortation de saint Paul est un
pluriel : il ne s’adresse pas à chacun individuellement, mais affirme « soyez toujours
dans la joie du Seigneur ! » (Ph 4, 4). C’est seulement ensemble, en vivant
la communion fraternelle, que nous pouvons faire l’expérience de cette joie. Le livre
des Actes des Apôtres décrit ainsi la première communauté chrétienne : « Ils
partageaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et
simplicité de cœur » (Ac 2, 46). Vous aussi, engagez-vous pour que les communautés
chrétiennes puissent être des lieux privilégiés de partage, d’attention et de prévenance
les uns envers les autres. 5. La joie de la conversion Chers amis,
pour vivre la vraie joie, il faut aussi repérer les tentations qui vous en éloignent.
La culture actuelle pousse souvent à rechercher des objectifs, des réalisation et
des plaisirs immédiats, favorisant plus l’inconstance que la persévérance dans l’effort
et la fidélité aux engagements. Les messages que vous recevez vous poussent à entrer
dans la logique de la consommation en vous promettant des bonheurs artificiels. Or
l’expérience montre que l’avoir ne coïncide pas avec la joie : beaucoup de personnes
ne manquant pourtant d’aucun bien matériel sont souvent affligées par la désespérance,
la tristesse et ressentent la vacuité de leur vie. Pour rester dans la joie, nous
sommes invités à vivre dans l’amour et la vérité, à vivre en Dieu. La volonté
de Dieu, c’est que nous soyons heureux. C’est pour cela qu’il nous donné des indications
concrètes pour notre route : les Commandements. En les observant nous trouvons le
chemin de la vie et du bonheur. Même si à première vue ils peuvent apparaître comme
un ensemble d’interdictions, presque un obstacle à la liberté, en réalité si nous
les méditons un peu plus attentivement à la lumière du Message du Christ, ils sont
un ensemble de règles de vie essentielles et précieuses qui conduisent à une existence
menée selon le projet de Dieu. A l’inverse, et nous l’avons constaté tant de fois,
construire en ignorant Dieu et sa volonté provoque la déception, la tristesse et le
sens de l’échec. L’expérience du péché comme refus de le suivre, comme offense à son
amitié, jette une ombre dans notre cœur. Si parfois le chemin du chrétien est
difficile et l’engagement de fidélité à l’amour du Seigneur rencontre des obstacles
et même des chutes, Dieu, dans sa miséricorde, ne nous abandonne pas. Il nous offre
toujours la possibilité de retourner à lui, de nous réconcilier avec lui, de faire
l’expérience de la joie de son amour qui pardonne et accueille à nouveau. Chers
jeunes, recourez souvent au Sacrement de Pénitence et de Réconciliation ! C’est le
sacrement de la joie retrouvée. Demandez à l’Esprit Saint la lumière pour savoir reconnaître
votre péché et la capacité de demander pardon à Dieu en vous approchant souvent de
ce sacrement avec constance, sérénité et confiance. Le Seigneur vous ouvrira toujours
les bras, il vous purifiera et vous fera entrer dans sa joie : « Il y aura de la joie
dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 7). 6. La
joie dans les épreuves Une question, toutefois, pourrait encore demeurer dans
notre cœur : peut-on réellement vivre dans la joie au milieu des épreuves de la vie,
surtout les plus douloureuses et mystérieuses ? Peut-on vraiment affirmer que suivre
le Seigneur et lui faire confiance nous procure toujours le bonheur ? La réponse
nous est donnée par certaines expériences de jeunes comme vous, qui ont trouvé dans
le Christ justement, la lumière capable de donner force et espérance, même dans les
situations les plus difficiles. Le bienheureux Pier Giorgio Frassati (1901-1925) a
traversé de nombreuses épreuves dans sa brève existence, dont une concernant sa vie
sentimentale qui l’avait profondément blessé. Justement dans ce contexte, il écrivait
à sa sœur : « Tu me demandes si je suis joyeux. Comment pourrais-je ne pas l’être
? Tant que la foi me donnera la force, je serai toujours joyeux ! Chaque catholique
ne peut pas ne pas être joyeux (…) Le but pour lequel nous sommes créés nous indique
la voie parsemée aussi de multiples épines, mais non une voie triste : elle est joie
même à travers la souffrance » (Lettre à sa sœur Luciana, Turin, 14 février
1925). Et le Bienheureux Jean Paul II, en le présentant comme modèle, disait de lui
: « C’était un jeune avec une joie entrainante, une joie qui dépassait toutes les
difficultés de sa vie » (Discours aux jeunes, Turin, 13 avril 1980). Plus
proche de nous, la jeune Chiara Badano (1971-1990), récemment béatifiée, a expérimenté
comment la douleur peut être transfigurée par l’amour et être mystérieusement habitée
par la joie. Agée de 18 ans, alors que son cancer la faisait particulièrement souffrir,
Chiara avait prié l’Esprit Saint, intercédant pour les jeunes de son mouvement. Outre
sa propre guérison, elle demandait à Dieu d’illuminer de son Esprit tous ces jeunes,
de leur donner sagesse et lumière. « Ce fut vraiment un moment de Dieu, écrit-elle.
Je souffrais beaucoup physiquement, mais mon âme chantait. » (Lettre à Chiara Lubich,
Sassello, 20 décembre 1989). La clé de sa paix et de sa joie était la pleine confiance
dans le Seigneur et l’acceptation de la maladie également comme une mystérieuse expression
de sa volonté pour son bien et celui de tous. Elle répétait souvent : « Si tu le veux
Jésus, je le veux moi aussi ». Ce sont deux simples témoignages parmi tant d’autres
qui montrent que le chrétien authentique n’est jamais désespéré et triste, même face
aux épreuves les plus dures. Et ils montrent que la joie chrétienne n’est pas une
fuite de la réalité, mais une force surnaturelle pour affronter et vivre les difficultés
quotidiennes. Nous savons que le Christ crucifié et ressuscité est avec nous, qu’il
est l’ami toujours fidèle. Quand nous prenons part à ses souffrances, nous prenons
part aussi à sa gloire. Avec lui et en lui, la souffrance est transformée en amour.
Et là se trouve la joie (Cf. Col 1, 24). 7. Témoins de la joie Chers
amis, pour terminer, je voudrais vous exhorter à être missionnaires de la joie. On
ne peut pas être heureux si les autres ne le sont pas : la joie doit donc être partagée.
Allez dire aux autres jeunes votre joie d’avoir trouvé ce trésor qui est Jésus lui-même.
Nous ne pouvons pas garder pour nous la joie de la foi : pour qu’elle puisse demeurer
en nous, nous devons la transmettre. Saint Jean l’affirme : « Ce que nous avons vu
et entendu nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous
[...] Tout ceci nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète » (1 Jn
1, 3-4). Parfois, une image du Christianisme est donnée comme une proposition
de vie qui opprimerait notre liberté et irait à l’encontre de notre désir de bonheur
et de joie. Mais ceci n’est pas la vérité ! Les chrétiens sont des hommes et des femmes
vraiment heureux parce qu’ils savent qu’ils ne sont jamais seuls et qu’ils sont toujours
soutenus par les mains de Dieu ! Il vous appartient, surtout à vous, jeunes disciples
du Christ, de montrer au monde que la foi apporte un bonheur et une joie vraie, pleine
et durable. Et si, parfois, la façon de vivre des chrétiens semble fatiguée et ennuyeuse,
témoignez, vous les premiers, du visage joyeux et heureux de la foi. L’Evangile est
la “bonne nouvelle” que Dieu nous aime et que chacun de nous est important pour lui.
Montrez au monde qu’il en est ainsi ! Soyez donc des missionnaires enthousiastes
de la nouvelle évangélisation ! Allez porter à ceux qui souffrent, à ceux qui cherchent,
la joie que Jésus veut donner. Portez-la dans vos familles, vos écoles et vos universités,
vos lieux de travail et vos groupes d’amis, là où vous vivez. Vous verrez qu’elle
est contagieuse. Et vous recevrez le centuple : pour vous-même la joie du salut, la
joie de voir la Miséricorde de Dieu à l’œuvre dans les cœurs. Et, au jour de votre
rencontre définitive avec le Seigneur, il pourra vous dire : « Serviteur bon et fidèle,
entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25, 21) Que la Vierge Marie vous
accompagne sur ce chemin. Elle a accueilli le Seigneur en elle et elle l’a annoncé
par un chant de louange et de joie, le Magnificat :« Mon âme exalte
le Seigneur, mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 46-47).
Marie a pleinement répondu à l’amour de Dieu par une vie totalement consacrée à lui
dans un service humble et total. Elle est appelée “cause de notre joie” parce qu’elle
nous a donné Jésus. Qu’elle vous introduise à cette joie que nul ne pourra vous ravir
!