Aucun pouvoir n'a le droit de dévaloriser la dignité humaine
Benoît XVI est arrivé vendredi soir à Leòn, au cœur du Mexique, première étape de
son 23° voyage apostolique à l’étranger, un déplacement de six jours qui l’emmènera
aussi à Cuba. Son avion s'est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Guanajuato
à León, au centre du Mexique, avec une dizaine de minutes d'avance sur l'horaire prévu.
Le Pape, souriant et visiblement en bonne forme, a été accueilli dans une ambiance
particulièrement festive qui rappelle les voyages de Jean-Paul II en Amérique latine.
Plus de 3.500 personnes l'attendaient à l'aéroport, parmi lesquelles les autorités
civiles et religieuses dont le président mexicain Felipe Calderon et le nonce apostolique,
Mgr Christophe Pierre, ainsi que Mgr José Guadalupe Martín Rábago, Archevêque de León,
et Mgr Carlos Aguiar Retes, Archevêque de Tlalnepantla, Président de la Conférence
épiscopale mexicaine et du Conseil épiscopal latino-américain. Plus de 100 000 personnes
se sont massées le long du parcours emprunté par la papamobile.
Une cérémonie
d’accueil en musique, selon la tradition mexicaine, a été réservée au Pape animée
par une chorale et un groupe de mariachis, une formation musicale traditionnelle par
excellence.Dès son arrivée, après 14 heures de vol, les honneurs militaires et le
discours d’accueil du président, Benoît XVI a voulu aborder une question particulièrement
sensible au Mexique, celle de la liberté religieuse dans un pays marqué par une histoire
résolument anticléricale et dont la constitution applique une stricte séparation entre
l’Eglise et l’Etat, en soumettant notamment à une autorisation préalable toute célébration
publique du culte en dehors des églises. Compte rendu Romilda Ferrauto C’est
sans détours que Benoît XVI a abordé la question qui empoisonne depuis 150 ans, au
Mexique, les rapports entre l’Eglise et l’Etat. Aucun pouvoir – a-t-il dit – n’a le
droit d’oublier ni de déprécier l’inégalable dignité de toute personne humaine. Or,
cette dignité s’exprime de manière éminente dans le droit fondamental à la liberté
religieuse, pris dans son sens authentique et dans sa pleine intégrité. La constitution
mexicaine garantit la liberté de culte, mais elle limite la liberté religieuse. Un
projet de loi, qui a déjà été adopté par les deux chambres, assouplit certains articles,
sans toutefois satisfaire les attentes de l’Eglise catholique. Et c’est un message
d’espérance que le Pape a livré aux chrétiens, en les invitant à s’efforcer de transformer
les structures et les événements pénibles qui paraissent pourtant immuables et insurmontables,
à s’engager concrètement pour une société meilleure et plus juste. Il les exhorte
à revitaliser leur foi par l’écoute de la parole de Dieu, les sacrements et la cohérence
de vie; à la partager avec les autres en étant missionnaires parmi leurs frères, levain
dans la société, dans une cohabitation respectueuse et pacifique. Je suis venu en
pélerin de la foi, de l’espérance et de la charité – a-t-il lancé. Benoit XVI assure
les mexicains de ses prières, surtout pour ceux qui sont dans le besoin ou qui souffrent
à cause de la violence, des rivalités et des ressentiments.
Dans son discours
d’accueil, le président Calderon a souligné avec passion que le Mexique est un pays
qui souffre à cause de la violence impitoyable exercée par le crime organisé. Il a
évoqué les défis que son pays doit affronter, un pays debout, a-t-il dit sous les
ovations, qui croit dans les valeurs et les principes, dans la famille, la liberté
et la démocratie.