La persécution des chrétiens est une réalité concrète
Alors que Benoît XVI vient d’entamer son voyage apostolique au Mexique et à Cuba,
l’Eglise célèbre comme tous les 24 mars, la journée de jeûne et de prières pour les
missionnaires martyrs. Une date symbolique, qui coïncide avec celle de l’assassinat,
le 24 mars 1980, de l’archevêque de San Salvador, Mgr Oscar Romero.
Entre 1980
et 2011, l’agence vaticane Fides ne recense pas moins d’un millier de martyrs, dont
26 pour la seule année 2011 : 18 prêtres, 4 religieuses, et 4 laïcs. Ces chiffres
ne prennent pas en compte les nombreux chrétiens victimes de brimades, de discriminations,
de spoliations, de tortures, voire de disparitions.
Le phénomène est en constante
augmentation. Selon les chiffres de Fides, l’Amérique latine est le continent le plus
touché, théâtre de violences récurrentes envers les missionnaires. L’Eglise y affiche
clairement sa proximité avec les pauvres, les exploités et les exclus, plaidant en
faveur de leurs droits, au nom du message évangélique. Elle se fait fort de dénoncer
les injustices criantes nées des disparités sociales et économiques qui caractérisent
particulièrement ce continent, et en paie souvent le prix fort. L’Afrique n’est
pas en reste, car aux turbulences politiques et sociales, viennent s’ajouter des affrontements
à connotation religieuse, comme au Nigéria ou au Soudan. Le phénomène commence
à prendre d’inquiétantes proportions en Asie ; on constate en Inde, autrefois relativement
tolérante, une radicalisation des mentalités et des comportements à l’égard des missionnaires
chrétiens, surtout dans le nord du pays. Le Pakistan, le Laos et la Birmanie suivent
la même voie.
Au Proche-Orient, la recrudescence du fondamentalisme dans certains
pays, comme l’Irak et l’Egypte, fait craindre une détérioration de la situation, déjà
fragile, des missionnaires.
Selon le directeur de l’agence Fides, le sens
de cette journée de prières est donc double. D’une part, faire prendre conscience
aux chrétiens que la persécution est une réalité concrète, tangible et visible ; d’autre
part, que l’évangélisation est presqu’inséparable du martyre. Il ne peut y avoir de
mission sans missionnaires, et il ne peut y avoir de mission sans martyrs.
Cette
journée, qui en est cette année à sa XXe édition, est née en 1993, sous l’impulsion
du Mouvement missionnaire des jeunes des Œuvres pontificales missionnaires d’Italie.
« En aimant jusqu’au bout », tel est le thème choisi pour cette année 2012.
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La
date du 24 mars, choisie à dessein, coïncide avec l’anniversaire de l’assassinat de
Mgr Oscar Romero, dont on commémore cette année le 32e anniversaire. Mgr
Romero, nommé archevêque de San Salvador en 1977, fut profondément bouleversé par
l’assassinat d’un de ses amis, le père Rutilio Grande, tué par les escadrons de la
mort. Ce fut le point de départ d’un engagement politique marqué, -et controversé-
envers les plus pauvres. Le 23 mars 1980, alors qu’il célébrait la messe dans la chapelle
d’un hôpital, Mgr Oscar Romero fut assassiné d’un coup de fusil. Le Salvador était
alors à l’aube d’une sanglante guerre civile, qui allait durer 12 ans.
Benoît
XVI, dans l’avion l’emmenant au Brésil en 2007, avait qualifié l’archevêque salvadorien
de « grand témoin de la foi », « digne d’être béatifié».