Le commentaire de l'Évangile du 4ème dimanche de Carême
Le Père Jean-Côme About commente l'Évangile de ce 4ème dimanche de Carême, selon saint
Jean (3, 14-21)
« De même que le serpent de bronze fut élevé par
Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, 15 afin
que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle....»
Nous
approchant doucement du temps de la passion, l’Évangile de ce dimanche nous introduit,
comme les disciples à l’acceptation de la croix comme signe d’amour et de gloire de
la part de Dieu. « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne
par lui la vie éternelle » La référence au serpent de bronze nous rappelle cet
épisode où le peuple ayant récriminé contre Dieu, celui-ci envoya des serpents qui
firent périrent nombre de gens. Il fallut la supplication de Moïse auprès de Dieu,
pour qu’ayant façonné, sur son ordre, un serpent d’airain et l’ayant dressé sur son
bâton, il devienne source de guérison pour tous ceux qui, étant mordus, le regardait.
Bois et serpent, symboles à l’origine, de la chute de l’homme mais qui par le
secours et l’action de Dieu perdent leurs effets ou plutôt sont transfigurés en source
de salut. Symboles par excellence du péché et qui vont devenir ceux de la rédemption
: l’un porte le Sauveur du monde et l’autre est définitivement déchu et écrasé.
Ainsi
le Christ doit lui-même être élevé sur la croix pour être le signe du Salut pour tous
ceux qui le regarderont. Signe incompréhensible et même dérisoire pour celui qui ne
veut y voir qu’un châtiment humain mais signe d’un amour infini et divin pour celui
qui accepte que Dieu soit allé jusque-là. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a
donné son fils unique : ainsi celui qui croit obtiendra la vie éternelle. Celui qui
croit en lui échappe au jugement, mais celui qui ne veut pas croire est déjà condamné
»En ces mots, Jésus nous fait réviser notre représentation faussée du jugement dernier.
Là est sa déclaration décisive : celui qui méprise l’amour de Dieu se condamne lui-même.
Dieu n’aucun intérêt d’aucune sorte à condamner les hommes : il est pur amour, qui
va si loin que le Père livre son Fils par amour pour le monde. Il nous donne le maximum
de sa propre vie et ne peut absolument pas nous donner davantage. Toute la question
est de savoir si nous acceptons cet amour, en sorte qu’il puisse se manifester comme
efficace et fructueux en nous, ou si, devant sa lumière, nous nous cachons dans nos
ténèbres.
Dans ce cas « nous haïssons la lumière » nous haïssons le véritable
amour et affirmons notre égoïsme sous une forme ou une autre. Et par là nous sommes
déjà jugés, non par Dieu, mais par nous-mêmes. Car la lumière est parvenue à notre
conscience et nous l’avons refusée sciemment. C’est pourquoi il est temps, en ce temps
de pénitence, de reconnaître cet amour et de nous laisser réconcilier avec lui. Il
est temps de confondre nos égoïsmes multiples en nous tournant vers la lumière de
la croix. Il est temps, en ce dimanche de Laetare, que cette lumière nous réjouisse
car Dieu accomplit le geste qui sauve toute l’humanité.