2012-03-14 14:45:24

La vidéo pour la campagne "Kony 2012" est devenue la vidéo "la plus virale" de l'histoire du web


La vidéo pour la campagne "Kony 2012" est devenue la vidéo "la plus virale" de l'histoire du web. Depuis quelques semaines, une vidéo appelant à l’arrestation et à la traduction en justice de Joseph Kony, chef de « L’Armée de Résistance du Seigneur » (LRA), se répand comme une traînée de poudre. De nombreux internautes ont reçu une vidéo, renvoyant vers une campagne baptisée « Kony 2012 », réalisée par l'ONG « Invisible Children ». Joseph Kony est un criminel, recherché depuis 2005 par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Son groupe armé s’est donné pour mission de renverser le president ougandais Yoweri Museveni et d’instaurer une dictature chrétienne, basé sur la Bible. Au sein de cette milice, Joseph Kony fait figure non seulement de chef militaire, mais également de leader religieux, voire de « prophéte ». La LRA est connue pour sa barbarie, ses massacres de civils, ses enlèvements d’enfants, ses viols, destructions, pillages. Elle serait composée à 80 % d’enfants-soldats, pris à leur famille et forcés à se battre. Un crime contre lequel l’Église locale s’est mobilisée, comme le témoigne l’évêque de Lira, Mgr Giuseppe Franzelli, sur nos fréquences.

Nous ne nous sommes pas intéressés à ces enfants aujourd’hui seulement parce que l’Occident, encore une fois s’est aperçu de ces jeunes. Nous nous en occupons depuis des années : nous le faisons dans les centres d’accueil qui ont été créés mais aussi notamment à travers la radio diocésaine “Radio Va". Ainsi un programme intitulé “Bienvenue, retourne chez toi”, s’adresse tout particulièrement à ces enfants : ceux qui sont parvenus à fuir toutes ces atrocités les invitent à faire un retour chez eux. Petit à petit, la plupart reviennent. Et dans nos centres ils ont la possibilité de reprendre leur formation scolaire mais ils sont surtout accompagnés dans une phase de réinsertion car il s’agit de personnes qui ont été traumatisées par la violence subie et par celle qu’ils ont fait eux-mêmes subir aux autres.

Comment l’Église peut-elle être proche de ces populations ? Quand on parle de reconstruction, fait remarquer Mgr Giuseppe Franzelli, on pense avant tout aux infrastructures, aux routes à reconstruire, aux chapelles qui ont été incendiées, aux écoles et aux maisons détruites, aux camps de réfugiés. Maintenant que les attaques ininterrompues sont terminées – le groupe des rebelles restant s’est déplacé vers la République Centrafricaine, le Sud Soudan et le Congo – la reconstruction concerne surtout la liberté morale et spirituelle. Il faut redonner à la population l’espérance et le sens de la dignité et de la valeur de chacun. C’est dans ce sens que l’évangélisation est nécessaire. La bonne nouvelle c’est que Dieu est le Père de tous, que nous sommes frères et soeurs et que nous devons apprendre à vivre ensemble comme dans une famille. Le premier synode sur l‘Afrique a parlé “de l’Église, famille de Dieu” : c’est le défi que nous devons affronter en tant qu’Église, malgré le manque de personnel et de moyens.

L’attention du monde s’est portée sur l’Ouganda avec cette video de l’ONG américaine “Invisible Children”. C’est un fait médiatique considérable, fait encore remarquer l’évêque de Lira, et c’est sans aucun doute positif car l’attention du monde est portée sur une tragédie qui risque progressivement d’être oubliée, étant donné que la présence des rebelles a beaucoup diminué dans le pays. Mais chez nous, constate l'évêque, elle a été accueillie de manières différentes, je dirais même qu’elle suscite de l’embarras de la part de ceux qui n’aiment pas que le pays soit présenté de cette manière, mais aussi de la part des victimes, du moins en ce qui concerne la population au Nord de l’Ouganda. Les choses rapportées sont vraies mais ne représentent pas toute la vérité. Il y a de nombreux aspects du phénomène qui devraient être affrontés car les responsabilités et les atrocités ne sont pas seulement le fait des rebelles : il y a eu d’autres complicités, comme cela arrive toujours en situation de guerre. Par ailleurs, ce qui laisse un peu perplexe c'est tout cet argent dépensé pour la publicité et le soutien de cette ONG. Finalement, ce sera un pourcentage très réduit qui ira en aide aux victimes de la tragédie.

Une critique qui a été reprise par certains : l'ONG a posté ce lundi 12 mars une nouvelle vidéo sur YouTube dans laquelle son directeur, Ben Keesey, répond à certaines des nombreuses critiques faite au groupe, une semaine après la mise en ligne de la précédente vidéo, qui a été vue près de 76 millions de fois, mardi matin. « Invisible children » est accusée de dépenser l’essentiel de ses fonds dans des opérations de communication. M. Keesey explique longuement comment son ONG utilise les donations qu’elle reçoit pour militer en faveur du jugement de Joseph Kony. Son objectif, affirme-t-il, est de faire connaître le sort des victimes pour que le grand public fasse pression sur le gouvernement américain et accélère l’arrestation du chef de guerre.







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