Les prêtres aussi souffrent de stress dû à leurs nombreux engagements pastoraux et
au manque d’équilibre dans le rapport avec le temps libre : une telle situation peut
parfois causer des problèmes psycho-affectifs.
C’est sur ce délicat sujet que
se sont penchés les participants au congrès qui s’est tenu ce lundi 12 février à l’université
pontificale salésienne à Rome. Le thème de la rencontre : « Prêtres (en psychanalyse)
sur le lit : aise et malaise du service pastoral du clergé ». Sur nos antennes,
le père Giuseppe Crea, missionnaire combonien et psychothérapeute a relevé que c'est
un phénomène assez répandu et qui prend racine dans la manière dont les prêtres et
les agents pastoraux travaillent. Travailler avec trop de zèle, c'est s'impliquer
au niveau émotif et risquer de rester prisonnier de situations difficiles. Et lorsque
les difficultés dues à la surcharge de travail dans le domaine pastoral s'ajoutent
à un disfonctionnement de la personnalité du prêtre, le problème devient plus visible
: il se transforme en problème psychosomatique et en troubles divers. Et, selon les
cas, les personnes atteintes ont besoin d’une aide pharmacologique et psychothérapeutique.
Le
père Crea illustre les phénomènes de « burn-out » et de stress dus à la surcharge
de travail des prêtres, en présentant une recherche de l'Église de Vénétie : un tiers
de la population des prêtres ont beaucoup de difficultés à trouver un soutien et
ils ressentent le poids de la solitude. Une recherche du même type a été réalisée
par l’université salésienne auprès de 300 prêtres diocésains et religieux. D’après
les résultats, une centaine de prêtres au moins, (encore une fois 1/3 pourrait-on
dire), éprouvent les mêmes difficultés, mais surtout ils n'en prennent pas vraiment
conscience.
Quels sont les signes et les symptômes qui indiquent qu’un seuil
a été franchi et que le prêtre a besoin d’aide ? Le Père Crea évoque plusieurs cas
qui sont pour lui la limite à partir de laquelle il faut tirer la sonnette d'alarme.
Tout d’abord la manière dont le prêtre réagit avec son entourage : nervosités, tensions,
crispations. Mais surtout les conséquences au niveau psychosomatique. Autre signal
: ne pas avoir de temps pour soi, pour trouver son espace, pour se détendre, pour
lire, pour préparer son repas.
Pour faire face à ce problème, le prêtre doit
prendre en considération sa propre formation, la manière dont il a été formé et tout
naturellement il doit s’adresser à des spécialistes qui lui permettront de prendre
conscience de son malaise psychologique, et de sa direction spirituelle. L’important
étant que le prêtre redécouvre toujours plus le besoin de partager l’action pastorale
et les difficultés qui en découlent. Lors de ses rencontres avec le clergé, le Pape
souligne toujours l’importance de la “fraternité sacerdotale” : l’évangélisateur n’est
pas un solitaire ! Savoir qu’il existe quelqu’un à qui se confier représente un soutien
non seulement pour l’estime de soi, mais aussi l’espérance de ne pas se laisser anéantir,
de réagir toujours et de reprendre le chemin de l’évangélisation et du travail pastoral.
Benoît
XVI insiste également sur l’importance de la préparation des candidats au sacerdoce.
Les séminaires sont très attentifs sur ce point et cela pour plusieurs raisons : la
diminution des prêtres et leur vieillissement, ainsi que les défis pastoraux toujours
plus complexes. Dans la formation, on accorde une plus grande attention à ces exigences
et à créer des programmes personnalisés pour valoriser le candidat en formation
Dans
les autres Églises en Europe et dans le monde, la situation varie, mais note le père
Crea, les Églises naissantes sont parfois facilitées par le contexte social. Paradoxalement,
le prêtre travaille – et il est souvent seul – mais il y existe une collaboration
harmonieuse entre les laïcs et la profession théologico-pastorale du prêtre. Pour
la gestion de situations difficiles chacun a besoin de la collaboration de l’autre.