Faut-il réviser les accords de Schengen ? Le point de vue d'un évêque
Dimanche, lors de son discours à Villepinte en Seine-Saint-Denis, Nicolas Sarkozy
a prôné une révision des accords de Schengen. Ce traité, signé en 1985 notamment par
la France, est censé garantir la gestion des flux migratoires, par un contrôle des
frontières extérieures de l’Europe. Autrement dit, en se reposant largement sur les
pays voisins. Le président candidat a menacé de suspendre la participation de la France
si l’Europe ne fait rien contre l’afflux des clandestins. Selon lui, les accords de
Schengen ne permettent plus de répondre à la gravité de la situation. «Dans la situation
économique et sociale qui est la nôtre, si l'Europe ne maîtrise pas les entrées sur
son territoire, elle ne pourra plus accueillir dignement ceux qui arrivent, elle ne
pourra plus répondre à la demande d'intégration de ceux qui ont tant de mal à trouver
leur place dans la société, elle ne pourra plus financer sa protection sociale »,
a mis en garde Nicolas Sarkozy. Mgr Laurent Dognin est l’évêque auxiliaire de
Bordeaux, chargé de la pastorale nationale des migrants au sein de la Conférence des
Evêques de France. Selon lui il faut accepter d’accueillir un certain nombre de migrants,
parmi lesquels il y a des victimes de guerre et de famine. Il réagit au micro de Charles
Le Bourgeois
Plusieurs
évêques français prennent la parole à l’approche de l’élection présidentielle. Ainsi
l’évêque de Cahors, Mgr Norbert Turini, souligne que les Français ne peuvent plus
se contenter de promesses. Ils aspirent à un vrai changement, à un renouvellement
radical de la société. « Nous avons plus que jamais besoin d’espérance – écrit-il
– et d’un pouvoir politique qui sache l’incarner en donnant une direction claire,
en proposant des choix cohérents et équitables dans le domaine social, économique,
moral et écologique ». Même ton chez Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre. Pour
lui, au-delà de la crise financière et économique, les Français sont confrontés à
une crise de sens et de civilisation. Mgr Brunin demande des propositions à la hauteur
de la situation et pas seulement des promesses. « Nous ne pouvons pas – écrit-il –
accepter des discours qui réveillent en nous la suspicion et la peur des autres, des
jeunes, de l’étranger ». L’évêque du Havre pointe également du doigt la démagogie
et le populisme qui peuvent tenter certains responsables politiques, signes d’incapacité
ou de paresse intellectuelle pour construire un projet. L’action politique se dégrade
lorsqu’elle flatte les instincts les plus vils de l’homme, ses attitudes spontanées
de rejet de l’autre. Pour sa part, Mgr di Falco, évêque de Gap et Embrun, rappelle
que l’Evangile n’est pas un programme politique, mais il invite à lire les programmes
des candidats à la lumière de l’Evangile. Le Conseil permanent des évêques de
France a publié en octobre dernier un document qui retient treize points de discernement.
Selon un récent sondage, Nicolas Sarkozy obtiendrait 33% des votes des catholiques
contre 25% pour François Hollande