Cardinal Sarr: le Symposium CCEE-SCEAM exprime un désir des Evêques d’Afrique et d’Europe,
et la conscience du devoir commun d’annoncer l’Evangile
SYNTHESE DU PARCOURS FAIT JUSQU’AUJOURD’HUI
Eminences, Excellences, Chers
Confrères dans le Sacerdoce, Honorables invités,
A l’ouverture du deuxième
Symposium du Conseil des Conférences
Episcopales d’Europe (CCEE) et du
Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), c’est une
fervente action de grâces, qui monte de nos cœurs vers le Dieu trois fois Saint. D’une
part en effet, nous reconnaissons qu’Il nous a fait la grâce de désirer des rencontres
entre Evêques d’Afrique et d’Europe, d’autre part Il nous a fait ces autres grâces
d’avoir pu organiser un premier symposium en 204, et d’avoir réussi à le faire suivre
de plusieurs rencontres plus restreintes entre les années 2004 et 2012.
Il
m’a été demandé de vous présenter la Synthèse du cheminement, que nous avons parcouru
ensemble durant ces huit (8) années ; ce qui doit aider les membres de notre assemblée
d’être au même niveau d’information sur ce que nous désirions faire, et sur ce que
nous avons pu faire, afin de pouvoir mieux déterminer ce que nous voulons faire à
l’avenir.
Avant de m’acquitter de cette tâche, je tiens à vous adresser, à
chacun et à vous tous, mes cordiales salutations, et à vous dire ma joie personnelle
de voir tant de représentants des Conférences épiscopales d’Afrique et d’Europe rassemblés
une deuxième fois à Rome, près des Tombeaux des grands Apôtres Saint Pierre et Saint
Paul, pour prier ensemble et réfléchir ensemble sur des aspects importants de l’accomplissement
de la Mission, que le Christ a confiée à son Eglise.
Les rencontres
épiscopales, dont nous allons vivre la deuxième version
majeure, sont
nées d’un désir, ressenti et exprimé pendant longtemps par plusieurs Evêques d’Afrique
et d’Europe. Un tel désir traduit évidemment la sollicitude que tous les Evêques doivent
nourrir envers toutes les Eglises, et la conscience de leur devoir commun d’annoncer
l’Evangile, comme les Pères du Concile Vatican II l’ont souligné dans tant de documents.
Du côté de l’Afrique, j’ai été personnellement témoin d’appels à des rencontres
institutionnelles entre Evêques des deux continents, pour aller plus loin que ce qui
se vivait déjà depuis longtemps, entre autres des contacts personnels entre Evêques
Africains et Européens, des jumelages et autres partenariats entre diocèses, des visites
des bénéficiaires aux organismes du Nord bailleurs de fonds, des visites d’agents
des mêmes organismes aux bénéficiaires du Sud, etc…
C’est donc avec une grande
satisfaction, que nous autres, Evêques d’Afrique, nous avions constaté une écoute
favorable à nos appels à nous rencontrer, qui a rendu possible l’organisation du premier
Symposium CCEE-SCEAM, les 10-13 novembre 2004 à Rome, sur le thème : Communion et
Solidarité entre l’Afrique et l’Europe - Christ nous appelle – Christ nous envoie.
Trois
jours passés ensemble nous avaient fait expérimenter la communion fraternelle, objet
de notre réflexion et la joie de nous tracer des perspectives d’une collaboration
entre nos Eglises, autre objet de la rencontre.
En conclusion du Symposium,
et en réponse au commandement du Christ « Duc in altum – Avance au large ». (Luc 5,4),
il fut décidé la création d’un Comité de Suivi, devant rassembler quelques Evêques
représentant du CCEE et du SCEAM et les Secrétaires généraux des deux instances. Un
programme de Colloques annuels fut également adopté, et son exécution confié au Comité
de Suivi.
Celui-ci s’est acquitté fidèlement de sa mission. Il a pu organiser
:
Un premier Colloque sur l’Esclavage et les nouvelles formes d’Esclavage,
les 13-18 novembre 2007 à Capt Coast au Ghana, à l’occasion du 200ème anniversaire
de l’abolition de l’Esclavage. Il permit aux participants de faire leur la condamnation
de la Traite Négrière, par le Pape Jean-Paul II à Gorée, lors de sa Visite Pastorale
de 1992, et de demander l’engagement de nos Eglises dans la lutte contre toutes les
nouvelles formes d’esclavage.
Un deuxième
Colloque sur Les Migrations, nouvel espace d’évangélisation et de solidarité, les
19-23 novembre 200 à Liverpool en Grande Bretagne. Il permit aussi aux participants
de rappeler la permanence de la migration dans l’histoire de l’humanité et dans la
Bible, ses aspects positifs et négatifs, la nécessité d’une Pastorale de la Migration
pour une meilleure prise en charge des migrants et immigrés par nos Eglises.
Un troisième Colloque sur La Nouvelle situation
de la Mission ad Gentes-Echanges de personnes et Formation-Vocation, les 10-14 novembre
2010 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Une riche réflexion permit aux participants de souligner
l’universalité de la tâche missionnaire, la dimension missionnaire de l’Eglise, la
vocation missionnaire de tous les baptisés, de même que la crise des missions, les
principaux aspects de la nouvelle situation des Eglises en Afrique et en Europe, les
principaux défis qu’elle entraine, et enfin des perspectives d’orientations pour les
relever, afin que la Bonne Nouvelle du Christ puisse être toujours annoncée au sein
des réalités et situations actuelles des personnes et de leurs sociétés.
C’est alors que l’opportunité d’un deuxième Symposium a été
soulignée,
afin de faire le point sur le programme des rencontres, et de déterminer de nouvelles
orientations et un nouveau programme pour les années à venir. Le thème retenu
parle de lui-même, L’Evangélisation aujourd’hui : Communion et Collaboration entre
l’Afrique et l’Europe – L’homme et Dieu : la mission de l’Eglise d’annoncer la présence
et l’amour de Dieu. Comme le premier, le deuxième Symposium ne manquera pas d’offrir
aux Evêques la grande joie d’expérimenter la communion fraternelle en Eglise, d’approfondir
des liens d’amitié, d’en nouer de nouveaux, de raviver leur conscience de leur mission
commune de pasteurs de l’Eglise universelle. Conscients également de la nouvelle interdépendance
des pays, de leurs peuples et des continents, entrainée par la mondialisation dans
ses aspects positifs et négatifs, ils sont habités par un grand désir de collaboration
entre Eglises, et de continuation des rencontres, qui doivent permettre de préciser
les champs, les modalités et les conditions de cette collaboration. Ils éprouvent
le besoin et ressentent la nécessité d’unir leurs forces et leurs moyens, pour mieux
annoncer l’Evangile aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, dans tous les pays et
continents, en les rejoignant dans leurs dispositions personnelles, dans leurs situations
et conditions de vie.
Nous demandons aujourd’hui, nous demanderons durant
ces quatre jours, au Dieu Père, Fils et Esprit Saint, par l’intercession de notre
Dame de la Pentecôte, de nombreuses grâces de communion fraternelle, de lumière d’ouverture
et écoute mutuelles, de détermination à aller toujours plus loin dans la collaboration
pastorale, afin de toujours mieux répondre au commandement du Seigneur, « Duc in altum
– Avance au large ». (Luc 5,4).
Théodore Adrien Cardinal SARR,
Archevêque de Dakar.