L’actualité, telle que rapportée par les médias catholiques d’Afrique, se caractérise
par des situations de tensions et de violences politiques autour desquelles l’Église
essaie de faire entendre sa voix. Pour la revue de presse de cette semaine, nous avons
lu ou consulté les sites, éditions en ligne ou revues comme Senkto (Sénégal), NCNS
(Nigéria), La Semaine africaine (Congo) et CENCO (République démocratique du Congo). Ainsi
donc, dans les situations de tensions que connaissent des pays comme le Sénégal, le
Nigéria ou encore la République démocratique du Congo, l’Église tente de redire que
c’est la paix, le dialogue et la concertation qui sont les garants d’une vie normale
dans une nation, pas les attentats, les insultes et les arrestations à répétition
sur fond politique. Senkto, au Sénégal, reproduit une interview de l’Abbé Léon
Diouf qui appelle les leaders religieux à la responsabilité. « C’est, dit-il, de a
neutralité des leaders religieux que consolidera la paix sociale ». Il faut dire que
la question de re-candidature du président Abdoulaye Wade pour un 3è mandat qui fait
débat, divise le Sénégal. Entre partisans et adversaires de cette volonté – acceptée
par le Conseil constitutionnel – beaucoup voudraient voir l’Église catholique choisir
un camp, ce à quoi celle-ci se refuse. Situation de tensions aussi au Nigéria.
Depuis la Noël 2011 et l’attaque contre des églises chrétiennes en pleine célébration
liturgique, les fondamentalistes musulmans n’ont plus cessé d’exercer une atroce violence
contre les chrétiens et les institutions de l’État fédéral. Ces violences ne se circonscrivent
plus au nord mais ont tendance à s’étendre à l’est et même au centre du pays où se
trouve la capitale, Abuja. Dans des conditions d’un désarroi compréhensible, des voix
se sont élevées – certaines sont même passées aux actes ! – pour que les musulmans
du sud et leurs institutions soient eux-aussi l’objet d’attaques. Mgr John Onayekan,
archevêque d’Abuja, appelle tout le monde au calme. Tout en reconnaissant qu’il y
a des raisons pour les communautés chrétiennes de ressentir de la rage face aux événements,
il rappelle que la vengeance ne fait pas partie de l’agir du chrétiens. L’agence catholique
nigériane de presse (NCNS) qui rapporte ses propos, reprend également les déclarations
de Mgr Ignatius Kaigama, archevêque de Jos, l’une des villes les plus frappées, qui
exhortait lui aussi au calme et à la retenue après les violences qui se sont concentrées
contre ses paroisses à Noël : que les chrétiens continuent de se tenir sur leurs gardes,
mais qu’ils ne soient jamais ceux par qui la paix peut être brisée, disait-il Situations
de tensions et de violences aussi en République démocratique du Congo où une religieuse
missionnaire, Sœur Liliane Kapalayi, a été poignardée à mort à Kananga la semaine
dernière selon des informations diffusées par CENCO. Son meurtrier, un inconnu, a
pris la fuite et serait activement recherché. Ce drame survient alors que l’ensemble
du pays reste suspendu aux prolongements de la situation postélectorale du 28 novembre,
qui ont vu la victoire fortement contestée, du président sortant et de son parti.
D’après une dépêche d’agence, l’archevêché de Kinshasa serait sur le point d’organiser
une « marche des chrétiens pour la légalité du pouvoir » le 16 février, à la fois
pour protester contre les tricheries constatées aux élections et pour commémorer une
première marche réprimée dans le sang en février 1992. C’est aussi autour de cette
situation que La Semnaine Africaine, journal de l’Église paraissant à Brazzaville
dans l’autre Congo, donne la parole à ses lecteurs. Il y a quelques semaines, un intellectuel
de renom avait pris la plume pour attaquer en des termes durs le cardinal Laurent-Monsengwo
Pasinya, archevêque de Kinshasa, jugé hors de son rôle et jouant une partition en
solidaire dans es prises de position contre la réélection du président Joseph Kabila.
Le journal reproduit non seulement une déclaration officielle de la Confèrence épiscopale
de la République démocratique du Congo, mais réaffirme aussi que l’Église est bien
dans son rôle quand elle prête sa voix aux sans-voix. Albert Mianzoukouta (Programme
Français-Afrique) /Fine