Benoît XVI : « la guérison des victimes d’abus sexuels doit être une préoccupation
fondamentale »
Le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (CDF),
a ouvert lundi soir les travaux du colloque « Vers la guérison et le renouveau »,
organisé par l’université pontificale grégorienne de Rome. « La petite minorité [d’abuseurs]
a causé un grand mal aux victimes et à la mission de l’Eglise qui est d’apporter l’amour
du Christ au monde d’aujourd’hui », a-t-il expliqué. Il a ajouté que les mesures actuellement
mises en œuvre depuis une dizaine d’années aideront à « répondre de manières diverses
et fructueuses afin de guérir les blessures du passé et à renouveler l’engagement
en faveur d’un avenir d’espoir ».
Son intervention, intitulée « une réponse
à multiples facettes au défi des abus sexuels sur mineurs », a rappelé tout d’abord
combien Benoît XVI, déjà du temps où il était cardinal-préfet de la Congrégation pour
la Doctrine de la foi, a agi pour que les lignes changent à l’intérieur de l’Eglise
et pour que « la délicate et urgente question » des abus trouve des réponses.
Le
cardinal-préfet a exposé devant les délégués de cent dix conférences épiscopales et
d’une trentaine d’ordres religieux le travail déjà accompli par l’Eglise lors de ces
dix dernières années. Cette question fut déjà abordée par Jean-Paul II lorsqu’il promulgua
le 30 avril 2001 le motu proprio Sacramentum sanctitatis tutela. Ce texte faisait
explicitement référence au crime d’abus sexuel, l’incluant dans la liste des graviora
delicta, autrement dit, crime canonique. Il était fait obligation de rapporter tout
acte de cette nature auprès de la CDF. Le texte fut ensuite amendé et complété le
21 mai 2010 par Benoît XVI.
Après la révélation par la presse des abus commis
aux Etats-Unis au début des années 2000, les évêques américains ont adopté de leur
côté la Charte pour la protection des enfants et des jeunes adultes. Le cardinal Levada
n’a pas manqué de rendre hommage à Benoît XVI, qui, à l’époque où il dirigeait la
CDF, a apporté tout son soutien aux normes prises par les évêques américains après
2002, ce qui ne l’a pas empêché de « subir des attaques de la part des médias durant
ces dernières années un peu partout dans le monde », et ce, « quand il devrait recevoir
la reconnaissance de tous, dans et hors de l’Eglise ». Le cardinal-préfet a aussi
cité la lettre aux catholiques irlandais que le Pape a envoyée en mars 2010, et a
rappelé les différentes interventions de Benoît XVI lors de ses voyages aux Etats-Unis
en 2008, en Grande-Bretagne, à Malte, en Allemagne et en Australie.
A l’occasion
de l’année sacerdotale, en décembre 2010, lors de la présentation des vœux de Noël
à la Curie romaine, Benoît XVI avait abordé de front et sans concession le drame des
abus. Après cette prise de position sans équivoque sur la volonté du Pape d’affronter
le problème, la CDF a publié une circulaire le 3 mai 2011, « pour aider les conférences
épiscopales à établir des directives pour le traitement des cas d’abus sexuel commis
par des clercs à l’égard de mineurs ».
Le préfet de la CDF a ensuite détaillé
la première partie de la lettre circulaire de 2011, celle concernant les considérations
générales. Il a souligné que les conférences épiscopales et les évêques étaient au
centre de la réponse que l’Eglise doit donner aux problèmes posés par les abus. «
Le rôle de la conférence épiscopale est double : celui d’offrir une assistance aux
évêques diocésains, et celui de coordonner une réponse effective et uniforme face
à la crise des abus sexuels sur mineurs. » Mais cette disposition ne décharge en rien
les évêques diocésains et les supérieurs religieux de leurs responsabilités. Ils doivent
aussi collaborer avec la CDF rappelle le préfet.
Un des points les plus importants,
et qui sera illustré par le témoignage d’une victime mardi, est l’attention portée
aux victimes d’abus. Le premier besoin pour les victimes, « est d’être écoutées, de
savoir que l’Eglise les écoute, que l’Eglise comprend la gravité de leur souffrance,
qu’elle veut les accompagner le long d’un chemin de guérison souvent long, et qu’elle
a entrepris ou qu’elle est désireuse de prendre des mesures effectives pour s’assurer
que d’autres enfants seront protégés de tels abus. » D’où l’importance des diverses
interventions publiques du Pape ces dernières années. L’exemple donné par le Pape
devrait ainsi, a expliqué le cardinal Levada, « animer le cœur de tous les évêques
et prêtres. »
Au-delà de l’écoute nécessaire, il y a la protection proprement
dite des mineurs. Des programmes nationaux existent déjà en la matière et proposent
les moyens de reconnaître les signes d’abus afin de créer un environnement sûr pour
les enfants. Un autre défi se pose, selon le cardinal, celui d’une « éducation des
parents et des enfants eux-mêmes au sujet des abus dans la société dans son ensemble
».
C’est là qu’entre en jeu la formation des prêtres et des religieux. « Les
évêques et les supérieurs des ordres religieux [ont besoin ] d’être des plus attentifs
lorsqu’ils acceptent des candidats à la prêtrise et à la vie religieuse. » « Les candidats
devraient être formés à apprécier au mieux les notions de chasteté et de célibat.
» Le cardinal Levada pointe aussi du doigt le fait que les conférences épiscopales
doivent communiquer entre elles, ainsi que les ordres religieux, sur les candidats
qui changent de séminaire, de diocèse ou même de pays car ces transferts ont maintenant
une dimension internationale.
L’évêque a toujours « le devoir de traiter tous
ses prêtres en tant que père et frère ». Il doit ainsi mettre à leur disposition un
programme de formation continue surtout pour les plus jeunes prêtres. Il est de son
devoir en outre de soutenir et d’aimer chacun de ses prêtres, surtout quand l’un d’entre
eux est accusé injustement d’un crime.
Dernier point abordé par le cardinal
Levada concernant la lettre circulaire de 2011, la coopération avec les autorités
civiles. Cette coopération « reconnaît la vérité fondamentale que l’abus sexuel sur
mineurs est non seulement un crime aux yeux du droit canon, mais qu’il est aussi un
crime qui viole les lois dans la plupart des juridictions civiles. » « L’Eglise a
donc l’obligation de coopérer et de rapporter les crimes aux autorités compétentes
». (XS)
Compte-rendu de Xavier Sartre
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Signe de la préoccupation vive de Benoît XVI au sujet du dossier
des abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé, le Pape a envoyé un
message aux participants d’un colloque organisé à Rome par l’université pontificale
grégorienne qui a débuté ce lundi soir et qui doit se conclure jeudi soir. Dans
cette adresse au recteur de l’université, le père Dumortier, « le Pape assure les
participants de ses prières pour cette importante initiative ». « Il demande au Seigneur
qu’à travers [leurs] décisions, tous les évêques et supérieurs religieux du monde
entier puissent être aidés à répondre à la tragédie des abus sexuels sur mineurs comme
répondrait le Christ ». Le Pape souligne combien la « guérison des victimes doit
être une préoccupation fondamentale de la communauté chrétienne et doit aller de pair
avec un profond renouvellement de l’Eglise à tous les niveaux ». Benoît XVI encourage
ainsi « chaque effort visant à répondre avec charité évangélique au défi d’offrir
aux enfants et aux adultes vulnérables un environnement ecclésial propice à leur croissance
humaine et spirituelle. » (XS)
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Des délégués de 110 conférences
épiscopales et supérieurs d’une trentaine d’ordres religieux participent, cette semaine,
à l’Université pontificale Grégorienne de Rome à un symposium international de quatre
jours, le premier du genre, dont l’objectif est de trouver des remèdes contre les
abus sexuels dans l'Eglise et favoriser un échange d’expérience. "Vers la guérison
et le renouveau" : c’est le thème choisi pour cette rencontre à laquelle participent
quelque 200 délégués. Une quarantaine de rapporteurs prendront la parole sur les différents
aspects du fléau, des experts mais aussi des pasteurs qui ont agi courageusement.
Une victime, Marie Collins, irlandaise, témoignera mardi devant l’assemblée. Une veillée
pénitentielle est prévue mardi en l’église Saint-Ignace, au centre de Rome. Des représentants
de prêtres ou religieux pédophiles demanderont pardon à Dieu et aux victimes. Un texte
clair et explicite sera lu à cette occasion. Les scandales de pédophilie dans l’Eglise
ont suscité ces dernières années une vague d’indignation. L’Eglise veut montrer sa
volonté d’agir avec détermination. Un centre d’enseignement, financé par des institutions
catholiques allemandes, et installé à Munich, en Allemagne, sera lancé à la fin de
ce symposium inédit. Le point avec Xavier Sartre ********** C’est
ce lundi que s’ouvre à Rome le colloque « vers la guérison et le renouveau », qui
réunit 110 représentants des conférences épiscopales nationales et une trentaine de
cadres d’ordres religieux. La rencontre, organisée par l’université pontificale grégorienne,
durera quatre jours. Soutenue par le Saint-Siège, elle porte sur la question douloureuse
des abus sexuels commis sur des mineurs par des membres du clergé. Après les prises
de position nettes de Benoît XVI ces dernières années sur la question, l’université
jésuite de Rome entend accélérer la prise de conscience et la recherche de solutions
concrètes. Ces quatre jours de débat ne seront donc pas une simple rencontre pour
disserter sur le sujet mais bien une initiative pour aller de l'avant. Retour sur
les enjeux de ce colloque avec le recteur de l’université grégorienne, le père François-Xavier
Dumortier SJ Un dossier de Xavier
Sartre
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Pendant quatre jours, l’Eglise se penchera sur
le dossier sensible et urgent des abus sexuels sur des mineurs et des personnes vulnérables
commis par des membres du clergé. Du 6 au 9 février, sous le titre « Vers la guérison
et le renouveau », des délégués de 110 conférences épiscopales et une trentaine de
supérieurs d’ordres religieux seront invités à partager leur expérience, à s’engager
à agir et à collaborer avec la justice, à être attentifs à la douleur des victimes
afin de soigner cette blessure ouverte de l’Eglise. Organisé par l’université
pontificale grégorienne de Rome, ce colloque a pour ambition de promouvoir de vraies
réponses au problème de la pédophilie dans l’Eglise et de faire en sorte que l’Eglise
soit à l’avenir aux avant-postes de la protection de l’enfance. Les travaux seront
ouverts lundi soir par le cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine
de la foi. L’un des moments forts de ce symposium sera le témoignage d’une victime,
Marie Collins, Irlandaise abusée sexuellement par un prêtre durant son enfance en
Irlande. Des intervenants venant des cinq continents prendront la parole de manière
à ce que le problème soit abordé sous tous les angles et qu’il soit avant tout compris
par tous, quelque soit sa culture et son environnement social. Un Américain, un Sud-Africain,
un Mexicain, un Brésilien, un Maltais, un Philippin, et un Allemand se succèderont
à la tribune tout au long de ces quatre journées. Autre moment fort, une veillée
pénitentielle aura lieu mardi soir en l’église Saint-Ignace, dans le centre de Rome.
Elle sera présidée par le cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques.
La rencontre se veut aussi une nouvelle étape dans le processus ouvert par Benoît
XVI qui n’a pas hésité à aborder la question de front et à rencontrer des victimes
d’abus sexuels lors de ces voyages apostoliques, notamment aux Etats-Unis. Ce
colloque pour les évêques et les supérieurs des ordres religieux se veut amplement
ouvert à la société. Si les travaux se tiendront à huis clos, la presse a été conviée
à suivre les échanges. Il n’est pas question pour les organisateurs et les participants
de se cacher. Le mot d’ordre est transparence. Le compte-rendu de la conférence
de presse de Xavier Sartre
L’heure n’est
plus au repentir, encore moins à l’omerta : ce colloque vers la guérison et le renouveau
entend clairement promouvoir une vraie réponse au dossier douloureux de la pédophilie.
Si la rencontre est organisée par l’université jésuite de Rome, le Saint-Siège l’a
soutenue largement. Car c’est bien toute l’Eglise, aussi bien universelle que locale,
qui est impliquée. Devant la diversité des acteurs, aux cultures, aux vécus, aux expériences
différentes, une seule réponse est quasi impossible. C’est pourquoi des représentants
du monde entier et de toutes les aires culturelles seront présents. Le Promoteur
de justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Scicluna, a bien précisé
que c’était « un devoir de donner une réponse à chaque cas ». « Les paroles ne suffisent
plus, elles doivent être traduites dans les textes de lois et bien sûr appliquées
», a-t-il souligné. Au-delà de l’approche proprement disciplinaire, les participants
se rendront compte aussi combien la question du pardon est centrale pour les victimes.
Marie Collins, une Irlandaise victime d’abus présente à la conférence de présentation,
a bien précisé que pardonner est une chose, mais que demander le pardon en est une
autre, tout aussi importante. Elle aura l’occasion de développer cette réflexion devant
tous les représentants des conférences épiscopales. Preuve que l’Eglise ne se
contente pas de parler, un centre pour la protection des enfants, dont le siège sera
à Munich en Allemagne, aidera via internet au moins pendant trois ans, et dès la fin
du colloque, à créer des structures locales pour répondre le plus vite possible à
tous les cas d’abus signalés. Ce centre de l’Institut de psychologie de l’université
pontificale grégorienne, sera dirigé par le professeur Hubert Liebhardt. La Papal
Foundation, dont toutes les opérations sont validées par Benoît XVI, a apporté sa
contribution financière.