Homs : un massacre terrifiant qui menace aussi la présence chrétienne
La violence n’en finit pas en Syrie entre les opposants du régime de Bachar Al Assad
et ses partisans. Ces dernières heures ont été particulièrement meurtrières puisque
selon l’opposition, l’armée syrienne aurait procédé à un véritable massacre dans la
nuit de vendredi à samedi, tuant 260 personnes. Des chiffres difficiles à vérifier,
mais selon de nombreux témoignages, la violence a redoublé dans la ville depuis le
début de la semaine. Dans le même temps, la communauté internationale tente de faire
pression au Conseil de Sécurité de l’ONU pour voter une résolution condamnant Damas.
Cette violence inquiète à juste titre les nombreux chrétiens syriens. Il y a quelques
jours, l’Œuvre d’Orient tirait la sonnette d’alarme. Thomas Chabolle
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Lire
aussi l’article de l’Agence de presse Apic : Mgr Jeanbart craint pour l’avenir de
la présence chrétienne si la violence continue "Les médias internationaux ne
présentent pas honnêtement la réalité syrienne, ils jettent de l’huile sur le feu…"
Mgr Jean-Clément Jeanbart, contacté par l’Apic en début de semaine, souligne que les
chrétiens syriens vivent dans la peur. L’archevêque grec melkite catholique d’Alep,
la deuxième ville du pays située non loin de la frontière turque, craint pour l’avenir
des minorités en Syrie et l’instauration d’un régime aux mains des islamistes. Selon
des informations recueillies sur place, plusieurs dizaines de chrétiens ont été assassinés
à Homs par des insurgés, ce qui provoque leur exode de certains quartiers. "Maintenant,
des gens sont tués en plein jour, kidnappés par des gangsters, qui demandent des rançons
élevées… Avant, on avait la sécurité. Aujourd’hui, ceux parmi les chrétiens qui ont
les moyens et de l’argent s’en vont", a-t-il déclaré à l’Apic, en soulignant que la
situation est actuellement calme à Alep. Un dialogue qui se fait attendre Mgr
Jeanbart estime que seul un dialogue sincère pourrait sauver le pays du désastre,
mais les réformes annoncées par le pouvoir en place se font attendre et l’opposition
refuse de négocier. Le métropolite d’Alep est également très remonté contre les médias
internationaux, estimant qu’ils sont dans leur très grande majorité contre le régime
syrien, et propagent trop souvent de fausses nouvelles sur la réalité de son pays.
Ainsi, s’appuyant sur les informations publiées par le journaliste Georges Malbrunot,
du quotidien "Le Figaro", il souligne que le grand reporter français Gilles Jacquier,
touché par un obus à Homs, mercredi 11 janvier, a été tué par les insurgés. "Ils ont
tiré sur une manifestation pro-Assad. La provenance et la direction des tirs sont
clairs". A partir de cet exemple, il constate que la propagande médiatique fait rage
entre les médias aux mains du régime de Damas, les opposants basés à Londres et les
télévisions satellitaires arabes Al-Jazira ou Al-Arabyia qui relaient leurs propos. Acharnement
dénoncé "Personne dans ces derniers médias ne parle des infiltrations en Syrie
d’extrémistes et de mercenaires venus de Turquie, d’Irak, de Jordanie, de Libye, du
Pakistan, d’anciens d’Afghanistan… De l’extérieur, nous voyons l’Occident s’acharner
contre notre président et de l’intérieur des groupes islamistes armés qui viennent
semer la terreur et la mort dans certaines zones du pays. Malheureusement, plusieurs
milliers de civils innocents et de militaires – au moins 2’000 soldats, des gendarmes,
de simples civils – ont été victimes de la haine et de l’hostilité de ces groupes.
Ils ont souvent été sauvagement torturés, mutilés et tués". Il est vrai, admet
Mgr Jeanbart, que la grande majorité des Syriens, et les chrétiens en premier lieu,
demandent des réformes profondes et des changements significatifs dans la gouvernance
du pays, "en premier lieu la suppression de la dictature du parti unique et une démocratie
édifiée sur une vraie liberté qui respecte les droits inaliénables de chacun et de
tous". "Mais il est aussi vrai que très peu de Syriens souhaitent un changement brusque
qui risque de plonger le pays dans un bain de sang, un vide désastreux et une grande
désolation". (apic/be)