Affaire Viganò : le Gouvernorat répond point par point
Le Gouvernorat de la Cité du Vatican est sorti de son silence dans l’affaire Viganò.
Ancien numéro deux des services administratifs du Vatican, ce dernier s'était plaint
de la "corruption" et des "malversations" dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège
avant d’être muté à Washington, fin 2011, avec la charge prestigieuse de nonce apostolique
aux Etats Unis. Il y a quelques jours, les médias italiens ont publié deux courriers
adressés par Mgr Viganò à ses supérieurs dont le Pape. Dans un long texte publié ce
samedi, le Gouvernorat dément point par point les affirmations contenues dans ces
lettres et réaffirme sa confiance et son estime pour les personnes victimes d’accusations
qui se sont révélées infondées. Le Gouvernorat exprime son amertume et déplore en
passant un certain journalisme irresponsable.
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Déclaration
de la Présidence du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican
1. La publication
abusive des deux lettres de Mgr Carlo Maria Viganò, la première adressée au Pape le
27 mars 2011, la deuxième au Cardinal Secrétaire d’Etat le 8 mai, est source de vive
amertume pour le Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican. 1 Les affirmations
que ces lettres contiennent ne peuvent pas ne pas donner l’impression que le Gouvernorat
de l’Etat de la Cité du Vatican, au lieu d’être un organe de gouvernement responsable,
est une entité dont on ne peut se fier, à la merci de forces obscures. Après un examen
attentif du contenu des deux missives, la Présidence du Gouvernorat estime qu’il est
de son devoir de déclarer publiquement que ces affirmations sont le fruit d’évaluations
erronées, ou qu’elles se basent sur des craintes qu’aucune preuve n’a pu étayer et
que, au contraire, les principales personnalités appelées à témoigner, ont ouvertement
démenties. Sans entrer dans le vif de chaque affirmation, la Présidence du
Gouvernorat veut attirer l’attention sur un certain nombre d’éléments certifiés.
2.
Le bilan et le budget du Gouvernorat sont d’abord approuvés par la Commission pontificale
pour l’Etat de la Cité du Vatican, puis soumis à la Préfecture des Affaires économiques
du Saint-Siège, qui les examine dans ses propres locaux et les soumet à son tour à
un collège d’auditeurs internationaux. La Préfecture a d’ailleurs la possibilité d’examiner
à tout moment, sans préavis, la documentation de tous les Services du Gouvernorat
dans le cheminement de sa production.
3. Comme on le sait, les investissements
financiers du Gouvernorat, confiés à des gestionnaires externes, ont essuyé des pertes
importantes lors de la grande crise internationale de 2008. Selon les critères comptables
établis par la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège conformément aux
critères adoptés en Italie, ces pertes ont été distribuées sur l’exercice 2009 qui
a donc enregistré un déficit de 7 815 000 euros. Il faut par ailleurs relever que,
indépendamment des pertes financières, la gestion du Gouvernorat est restée positive.
On est ainsi passé d’un déficit de 7 815 00 euros en 2009 à un excédent de 21 043
000 euros en 2010 et cela grâce à deux facteurs principaux : à la gestion des investissements
financiers du Gouvernorat, confiée par le Cardinal Président à l’APSA (Administration
du Patrimoine du Siège apostolique) et surtout aux excellents résultats des Musées
du Vatican.
4. Les travaux d’une certaine entité – comme par exemple la restauration
actuellement en cours de la Colonnade de la Place Saint-Pierre ou la construction
de la fontaine de Saint-Joseph – sont donnés en adjudication à la suite d’un concours
et du contrôle effectué par une commission spéciale créée au cas par cas par le Cardinal
Président. Pour les travaux moins importants, la Direction des Services techniques
se sert de son propre personnel ou d’entreprises qualifiées, bien connues, sur la
base des tarifs en vigueur en Italie.
5. La Présidence du Gouvernorat de l’Etat
de la Cité du Vatican exprime sa confiance totale et son estime aux membres du Comité
de Finance et de Gestion et les remercie de la précieuse contribution qu’ils apportent,
avec un professionnalisme reconnu, en consacrant une part de leur temps, sans aucune
charge pour le Gouvernorat, et espère pouvoir continuer à l’avenir à faire appel à
leur compétence. La Présidence confirme par ailleurs sa totale confiance
dans les Directions et divers collaborateurs, puisque, après un examen approfondi,
les soupçons et les accusations se sont révélés infondés, tout comme la nouvelle,
tellement infondée qu’elle en devient ridicule, propagée par un certain journalisme
très peu sérieux, selon laquelle on aurait procédé à des écoutes téléphoniques et
ambiantes dans le cadre d’une procédure administrative et disciplinaire !
6.
La Présidence est bien con science du fait que la gestion du Gouvernorat, quoique
déjà bien organisée et profitable, peut être ultérieurement perfectionnée conformément
aux recommandations de la Société de Gestion McKinsey, consultée en 2009 par le cardinal
Président suite à une proposition faite par le Comité de Finance et de Gestion. La
réalisation des suggestions de la Société McKinsey a déjà commencé il y a un certain
temps ; elle se poursuivra dans le même esprit, tandis que la transparence et la rigueur,
adoptée par la Présidence précédente, seront poursuivies, avec le même engagement
et la même sérénité, par l’équipe actuelle.
7. Le Gouvernorat tout entier
– Présidence, Directeurs, Chefs de Service, employés et ouvriers – désire réaffirmer
sa ferme volonté de continuer à déployer ses efforts pour servir le Pape, avec fidélité
et intégrité, conscient du grand honneur et des responsabilités que ce service implique.
Le
texte porte la signature du cardinal Giovanni Lajolo, President émerite, de Mgr Giuseppe
Bertello, Président actuel, de Mgr Giuseppe Sciacca, secrétaire sénéral et de Mgr
Giorgio Corbellini, ancien sous-secrétaire général.
1 NB L'archevêque Carlo
Maria Viganò, secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican entre 2009 et
2011 est depuis octobre dernier nonce apostolique aux Etats-Unis. L'ancien numéro
deux des services administratifs du Vatican s'était plaint de la "corruption" et des
"malversations" dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège. Les médias italiens
ont rendu publiques ces derniers jours des lettres de Mgr Viganò adressées à ses supérieurs,
notamment au pape Benoît XVI, dans lesquelles il dénonçait la situation "désastreuse"
découverte à sa prise de fonction, sur fond de de népotisme et de favoritisme. Il
se plaignait de voir les contrats toujours attribués aux mêmes entreprises à des prix
selon lui exagérés. Il se disait victime d'une campagne de dénigrement de la part
de responsables du Vatican hostiles à sa politique de rigueur et considérait sa mutation
à Washington comme "un verdict de condamnation" et une "punition". Une note du
Bureau de presse du Saint-Siège avait déjà déploré cette désinformation.