Assemblée constitutive RECOWA-CERAO, communiqué et message final
ASSEMBLEE CONSTITUTIVE RECOWA-CERAO Yamoussoukro, du 23 au 29 janvier 2012
COMMUNIQUE
DE PRESSE
Notre destin commun
1. PRÉAMBULE
Nous, membres
de la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest, avons tenu notre première
assemblée plénière à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Paix à Yamoussoukro.
Ayant pieusement réfléchi sur l'état de l'Eglise et de notre région sous le thème:
L'Eglise Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest au service de la Réconciliation, la
Justice et la Paix, nous faisons le présent communiqué :
2. ÉVÉNEMENTS DANS
L'ÉGLISE
Suite aux recommandations fortes du Premier Synode des Evêques pour
l'Afrique (1994) et convaincus de la nécessité d'une intégration régionale accrue
qui, comme dans le cas de la Communauté économique des Etats d'Afrique Occidentale
(CEDEAO) et de la nécessité d’une solidarité pastorale organique transcendant les
barrières historico -linguistiques, les Evêques ont décidé de former une seule Conférence
Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (RECOWA-CERAO) rassemblant les pays francophones,
anglophones et Lusophones dans leur région. Cette noble idée est en conformité avec
les lois de l'Eglise (cf. Droit Canon 448, alinéa 2). Avec l'entrée en fonction de
la RECOWA-CERAO, à la fois l'AECAWA et l’ancien CERAO cessent d'exister en tant qu'entités
juridiques, sans préjudice à l'existence continue et à l'autorité des diverses Conférences
épiscopales nationales. Il est envisagé que RECOWA-CERAO sera désormais en meilleure
position pour relever les défis pastoraux, socio-politiques et économiques de l’Afrique
occidentale. C’est dans cette perspective théologique et spirituelle que l'Assemblée
plénière constitutive de la RECOWA -CERAO tenue à Abuja - Nigeria (5-9 Décembre 2007)
a prévu cette Assemblée solennelle de Yamoussoukro pour ratifier ce qui a été célébré
à Abuja il y a cinq ans, sur le thème sus-mentionné.
3. Notre destin commun
Nous
affirmons avec force notre origine et notre destin communs, ainsi que notre solidarité.
Nous reconnaissons que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu (Genèse
1:27), et que nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême, nonobstant nos différences
de race et de langue.
Des réflexions sur notre origine et notre destin communs
sont cruciales pour la promotion de la bonne gouvernance, du sens du bien commun,
de la subsidiarité et de la collaboration qui sont des facteurs clés de notre mission
envers notre peuple dans la région. Ces facteurs clés ont été très bien énoncés dans
notre Plan d'action déjà approuvé par l'Assemblée. La RECOWA-CERAO est donc déterminée
à surmonter toutes les formes de divisions et les obstacles à la fois dans l'Eglise
et dans la société. Cet objectif doit être atteint à travers la pratique concrète
de la solidarité pastorale organique promue par le premier synode des évêques pour
l'Afrique (Ecclesia in Africa, 1994).
4. Missio Ad intra (Mission dans l'Eglise)
Un
des objectifs majeurs de l'Église comme famille de Dieu dans la région RECOWA-CERAO
est de mettre en pratique les propositions du Deuxième Synode des Evêques pour l'Afrique,
en s'inspirant des Exhortations post-synodales, Verbum Domini et Africae Munus pour
une Afrique plus réconciliée, juste et pacifiée. Dans cette veine, RECOWA-CERAO est
prête à promouvoir un clergé, des personnes consacrées des agents pastoraux plus convaincus
et plus engagés. Ainsi, la mission de réconciliation, de justice et de paix devra-t-elle
commencer au sein de l'Eglise. Un programme thématique et pédagogique sera développé
par la RECOWA/CERAO pour permettre à l'Eglise de mettre en œuvre son enseignement
social dans les familles, les communautés chrétiennes de base, les écoles, les séminaires
et les maisons de formation, les universités, les instituts supérieurs et tous les
centres pastoraux Catholiques dans la région. Les entrepreneurs et les politiciens
catholiques seront aussi formés dans ce cadre. A cet effet des commissions ont déjà
été mises en place pour développer des modules de formation.
5. Missio ad
extra (Hors de l'Église)
Etant donné que la formation des agents pastoraux
n'est pas réservé exclusivement à la mission ad intra, l'Eglise ainsi formée ou instruite
par sa propre doctrine sociale et ayant travaillé en interne sur la question de la
réconciliation, la justice, la paix et le développement, dirigé dans l’esprit du dialogue
interreligieux et de l’œcuménisme saura désormais aborder les questions sociales avec
les autres chrétiens, l'islam et les religions traditionnelles africaines. La solidarité
pastorale à ce niveau n'est pas nouvelle dans la région puisque des centaines de nos
prêtres, des personnes consacrées et autres agents pastoraux travaillent actuellement
dans plusieurs pays hors de l'Afrique.
6. Défis de leadership
L'Église
en Afrique reconnaît sa mission prophétique envers notre peuple qui souffre sous l'effet
d’un mauvais leadership. Nous sommes profondément attristés par le manque d'un bon
leadership dans la plupart des pays de notre région.
Comme le Saint-Père, Benoît
XVI l’a souligné dans son exhortation post-synodale, Africae Munus «Aujourd'hui, de
nombreux décideurs, tant politiques qu'économiques, pensent qu'ils ne doivent rien
à personne d'autre qu'à eux-mêmes ». « Ils ne s'occupent que de leurs droits, et ils
ont souvent de grandes difficultés à assumer leur propre développement ainsi que le
développement intégral des autres» (AM 81-83). Ce déni de justice est la cause de
conflits dans la plupart des pays de notre région.
Alors que nous saluons les
efforts assidus de la Communauté économique des Etats Ouest-Africains (CEDEAO), en
ce qui concerne la promotion de bon leadership et le maintien de nos démocraties
naissantes, nous demandons instamment à nos dirigeants politiques de voir leur fonction
comme un appel au service plutôt qu’une occasion de faire usage de la force brutale,
de l'égoïsme effréné et de la corruption.
7. INSÉCURITÉ DANS NOS ÉTATS
Une
hausse du taux de criminalité dans nos sociétés et le non respect de la loi constituant
une violation des droits de l'homme sont des causes de grande préoccupation pour la
RECOWA-CERAO. Pendant que des vols à mains armées, des enlèvements, des attentats
et autres actes terroristes restent des problèmes graves appelant à une attention
concertée et à une éradication conséquente, la circulation illégale d'armes légères
d'un pays à l'autre est devenue une grande cause d’insécurité et de terrorisme. Nous
sommes consternés par la longue négligence de certains fonctionnaires des douanes
qui a conduit à l'infiltration d'armes et de drogues à travers nos frontières et nous
faisons appel à toutes les autorités compétentes aux fins de contrôler l'accès aux
armes pour des raisons de sécurité.
Tout en félicitant la Commission de la
CEDEAO pour ses efforts dans l’amélioration des mouvements à nos frontières, nous
exhortons les gouvernements à faire appliquer la loi sur la circulation illégale des
armes et de la drogue. Cela permettra une meilleure intégration régionale réclamée
par notre Assemblée.
8. Un mot à nos JEUNES
La jeunesse est un don
pour l’Eglise et la société. En effet, les jeunes sont les protagonistes du changement
et les leaders de demain. La RECOWA-CERAO est consciente des conditions désastreuses
qui font d’eux des victimes de la mauvaise gouvernance et qui les privent de nombreuses
occasions prometteuses. Beaucoup d'entre eux sont sans emplois et ils manquent gravement
de moyens de subsistance. Alors que nous poursuivons la promotion du développement
humain, spirituel et intellectuel de nos jeunes, nous les exhortons à rester fidèles
et respectueux des lois.
Nos jeunes ne doivent pas se laisser entraîner dans
des actes de criminalité. Par ailleurs, nous exhortons tous les jeunes catholiques
et en particulier ceux de la région ouest africaine, à participer activement aux mouvements
religieux comme un moyen pour cultiver de profondes vertus civiques, en approfondissant
leur relation avec Jésus-Christ dans le mystère de la Croix et par un amour filial
pour la Vierge Marie.
9. Menace de fondamentalisme religieux
Nous remarquons
dans certains pays de notre région la recrudescence du fondamentalisme religieux.
Les effets néfastes de ce phénomène horrible dans les pays où il existe sont bien
connus de nos populations. Nous exhortons donc les chefs religieux, qu'ils soient
chrétiens, musulmans, ou des adeptes de la religion traditionnelle africaine, à condamner
sans équivoque l'utilisation de la religion pour favoriser le fanatisme et l'exclusivisme,
qui portent atteinte aux droits et libertés d'autrui, et à rejeter toute forme d'activités
terroristes perpétrées au nom de la religion.
10. Nos élections
Au cours
de l’Assemblée, nous avons élu les responsables qui doivent conduire les affaires
de notre Conférence pour les trois prochaines années. Président : Théodore Adrien
Cardinal SARR (Dakar, Sénégal) Premier Vice Président : Mgr Ignatius KAIGAMA (Jos,
Nigéria) Deuxième Vice Président : Mgr Jose Camnâté NA BISSIGN (Bissau, Guinée
Bissau) Ensuite, le Révérend Père Octavious Yipagtuo MOO (Damongo, Ghana) a été
nommé Secrétaire Général et le Révérend Père Joseph Kacou AKA (Grand Bassam, Côte
d’Ivoire) Premier Secrétaire Général Adjoint.
11. CONCLUSION
Nous
félicitons l'Eglise et le beau peuple de la Côte-d'Ivoire pour leur hospitalité et
nous les confions à la bienveillance de Dieu Tout-Puissant.
Enfin, nous prions
d’un seul cœur pour que Marie, la Mère de la Paix et la Reine de l'Afrique intercède
pour nous, afin que nous prenions le chemin de la réconciliation, de la justice et
de la paix ensemble comme une seule famille de Dieu. La même coupe Eucharistique à
laquelle nous buvons signifie, à juste titre, que nous sommes du même sang et que
nous partageons une destinée commune.
Yamoussoukro, le 28 janvier 2012
Les
Cardinaux, Archevêques et Evêques de la RECOWA-CERAO
MESSAGE PASTORAL
0.
Salutations et introduction :
« Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes
la lumière du monde ... Que votre lumière brille aux yeux des hommes, de sorte qu’en
voyant vos bonnes œuvres, ils puissent rendre gloire à votre Père qui est aux cieux
» (Mt 5,13-16).
Nos fils et filles bien-aimés de notre Dieu en Afrique de
l'Ouest, nous, vos évêques provenant des quinze pays de notre sous-région de l’Afrique
de l'Ouest, à la fin de notre réunion inaugurale qui fait de nous un seul corps, à
savoir la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO en français
et en portugais) et Regional Episcopal Conference of West Africa (RECOWA en anglais),
nous vous saluons, ainsi que tous les hommes et femmes de bonne volonté qui sont dans
notre sous-région, avec les mots ci-dessus de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Nous nous sommes rencontrés ici à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire sous la protection
maternelle de Marie, Reine d'Afrique, à la basilique papale Notre Dame de la Paix,
du lundi 23 janvier au dimanche 29 janvier 2012. Nous sommes venus ici, au nombre
d’environ 150, comprenant des archevêques, évêques, des représentants du clergé, des
religieux et des laïcs, pour officiellement inaugurer la seule et unique conférence
maintenant connue sous le nom de Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest
(CERAO-RECOWA).
1. Thème et programmation : Kairos :
Le thème de notre
réunion inaugurale était : «Église-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest au service
de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix ». Nous remercions Dieu grandement
pour la bonne réussite de cette inauguration. Nous disons en effet que la programmation,
le lieu et le thème de cette conférence inaugurale ont tous été prophétiques, de fait,
un kairos que Dieu dans sa sagesse a préparé pour notre Eglise-Famille de Dieu dans
cette région d'Afrique de l’Ouest. En fait, cette conférence inaugurale devait se
tenir en décembre 2010 dans ce même pays et dans cette même ville de Yamoussoukro
; mais nous avons dû la reporter jusqu'à ce que notre pays hôte, la Côte d'Ivoire,
soit béni d’une bonne mesure de paix après la crise post-électorale et les violents
conflits qui ont eu lieu récemment. Comment ne pas remercier Dieu pour ce temps de
paix relative en Côte d'Ivoire ? Nous sommes également encouragés par l'effort de
tous, que ce soit le gouvernement et la population de notre pays hôte, que ce soit
l'Église et toutes les institutions religieuses d’ici et d’ailleurs dans le monde,
que ce soit les sociétés civiles et les communautés internationales qui se sont engagées
à consolider la paix dans ce beau pays de la Côte d'Ivoire. Nous félicitons tous ceux
qui se sont engagés et impliqués dans cet effort et nous y joignons nos voix en suppliant
Dieu le Père par Jésus-Christ, Prince de la paix, en union avec l'Esprit Saint, pour
que la paix divine éternelle puisse régner dans ce pays, en Afrique de l'Ouest et
à travers toute l'Afrique.
2. Nous tenons donc à exprimer notre gratitude
à son excellence le Président Alassane OUATTARA, Chef de l'Etat de la République de
Côte d'Ivoire, pour sa présence à la cérémonie d'ouverture de la Conférence avec certains
de ses ministres et le Maire de Yamoussoukro. Nous remercions également son Excellence
pour ses mots chaleureux de bienvenue à notre endroit et nous apprécions son exhortation
à nous pasteurs/évêques catholiques de la CERAO- RECOWA pour aider fructueusement
à « consolider la CEDEAO » en ces temps de mondialisation. Il nous a appelés à contribuer
aux aspirations d'unité et d'intégration dans la sous-région. Nous promettons au Président,
ainsi qu’au gouvernement et à la population ivoirienne, de les soutenir par notre
prière et notre engagement dans la marche en avant de ce pays vers la réconciliation
et la justice, vrai chemin de paix durable.
Maintenant, en remerciant Dieu
pour notre présence physique ici à Yamoussoukro et en Côte d'Ivoire, sous la sollicitude
maternelle de Marie, Reine de l'Afrique et Notre-Dame de la Paix, et pour ce moment
particulier, ce temps propre à Dieu, un kairos pour la CERAO, nous supplions que pour
tous ceux qui sont actuellement en cours de procès, à cause de leur participation
à la crise post-électorale de 2010, il y ait un procès équitable à la lumière de la
justice tempérée par le sel de la miséricorde pour la plus grande réconciliation,
solide et durable, de tous les habitants de ce beau pays. La Côte d'Ivoire doit retrouver
sa gloire d'antan comme terre de paix et vitrine de la démocratie en Afrique.
3.
La Conférence inaugurale de la CERAO-RECOWA :
Nous tenons à préciser que notre
choix du thème de cette conférence inaugurale a été inspiré, d'abord et avant tout,
par le thème et la célébration de la deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique du
Synode des Évêques, qui a eu lieu au Vatican du 4 au 24 octobre 2009, et ensuite par
le fait que notre conférence inaugurale vient dans le sillage de la seconde visite
en Afrique, plus précisément à la République du Bénin, de sa Sainteté le Pape Benoît
XVI, visite au cours de laquelle il a promulgué l’Exhortation Apostolique Post-synodale
sur l'Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix
: Africae Munus – « Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde
» (Mt 5, 13-14).
Au cours des cinq derniers jours de cette conférence, nous
avons pris le temps de prier ensemble et de réfléchir sur notre thème. Nous avons
également eu le privilège de célébrer quotidiennement l'Eucharistie dans la Basilique
Papale de Yamoussoukro. Elle était animée par certaines chorales de l'Eglise locale.
Par ailleurs, nous avons eu la joie d'écouter des interventions d’experts, les messages
du Saint-Siège, du SCEAM et de certaines de ses conférences épiscopales régionales.
Nous avons également reçu les rapports de toutes les conférences épiscopales nationales
et inter-territoriales ainsi que des commissions ad-hoc de la CERAO-RECOWA. Il y a
eu des ateliers pour approfondir l'étude de notre thème avec plusieurs références
indispensables aux exhortations apostoliques post-synodales Ecclesia in Africa (1997)
et Africae Munus (2011).
Nous avons discuté, entre autres choses, et finalement
approuvé les statuts, le budget, le plan d’action pour une durée de trois ans. En
outre, nous avons effectué des élections pour la direction de la nouvelle conférence
et nous avons créé des sous-comités et commissions afin de veiller à la mise en œuvre
de notre plan de d’action.
4. Au terme de cette conférence inaugurale, nous
avons publié un communiqué et un document de résolutions et de recommandations et
un message pastoral qui devraient tous vous intéresser, chers prêtres, religieux et
fidèles laïcs de Dieu en Afrique occidentale. Dans ce message pastoral, nous aimerions
partager quelques-uns des fruits de nos délibérations avec vous et toute personne
de bonne volonté.
5. Eglise-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest :
Inspirés
par l'Esprit Saint, nos Pères synodaux, en 1994, lors de la première Assemblée Spéciale
pour l’Afrique du Synode des évêques qui s’est tenue au Vatican, ont proposé une nouvelle
vision et identité de l'Église en Afrique, à savoir l'Église-Famille de Dieu. Le Bienheureux
Pape Jean-Paul II donna sa bénédiction en l'adoptant dans son exhortation apostolique
post-synodale Ecclesia in Africa n° 63. Ces nouvelles vision et identité ont également
reçu la bénédiction du pape Benoît XVI dans son exhortation Africae Munus. Nous sommes
donc très heureux de vous apprendre, chers prêtres et religieux, femmes et hommes
et la jeunesse, que l'Église-Famille de Dieu a été adoptée et demeure notre identité
particulière et l'objectif de l'Eglise en Afrique de l'Ouest.
Bien-aimés dans
le Christ, continuons donc à travailler dur pour faire de toutes nos communautés chrétiennes
de base, nos paroisses et diocèses une véritable Église-Famille de Dieu. Dans les
mots de Ecclesia in Africa n° 63, Eglise-Famille de Dieu « est une image qui met l’accent
sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le
dialogue et la confiance ». Le bienheureux Pape Jean-Paul II a cependant attiré l’attention
sur le fait qu’en construisant l’Eglise comme Famille, nous devions éviter « tout
ethnocentrisme et particularisme excessif, en prônant la réconciliation, la réconciliation
et une vraie communion entre les différentes ethnies, en favorisant la solidarité
et le partage en ce qui concerne le personnel et les ressources entre les Eglises
particulières sans considérations indues d’ordre ethnique ». Nous vos évêques
de la CERAO, nous nous engageons à cette identité et vision et nous promettons, par
nos efforts individuels et collectifs, à faire de cette vision et identité, une réalité
dans l’Eglise, dans nos diocèses particuliers, nos pays et à travers l’Eglise de toute
la sous région.
6. l’Eglise au service de la réconciliation de la justice et
de la paix
Une fois de plus, au cours de notre réunion ici à Yamoussoukro et
en particulier à travers l'étude de l’exhortation post-synodale Africae Munus, nous
avons vu que notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI a littéralement défini un programme
d'évangélisation pour notre Eglise-Famille de Dieu. C’est le suivant : pour devenir
sel de la terre et lumière du monde au service de la réconciliation, de la justice
et de la paix dans notre sous-région ouest africaine et au-delà.
Dans Africae
Munus, le Saint-Père nous appelle tous et chacun dans l'Eglise-Famille de Dieu à véritablement
être signe et instrument de réconciliation, de justice et de paix; cela signifie que
chacun de nous doit être d’abord réconcilié avec Dieu qui, le premier, nous a réconciliés
avec lui-même à travers la passion, mort et résurrection de son Fils, notre Seigneur
Jésus-Christ, et ensuite nous allons être des ambassadeurs du Christ pour la réconciliation
comme saint Paul le dit dans 2 Co 5, 19-20. (cf. Africae Munus 1ère partie)
Que
nos paroisses et communautés chrétiennes de base, ainsi que nos diocèses deviennent
vraiment des modèles d’une communauté réconciliée, juste et pacifique. En bref, notre
Eglise-Famille de Dieu est appelée à devenir un signe et un instrument de la réconciliation,
de la justice et de la paix de Dieu qui viennent de Jésus-Christ, notre Réconciliation,
notre Justice et notre Paix (cf. Africae Munus n° 20).
7. RECOWA-CERAO comme
signe de réconciliation
En outre dans cet esprit, nous ne pouvons qu'être
reconnaissants à l'Esprit Saint, tant pour l'inspiration à nous réunir et à créer
une seule organisation CERAO-RECOWA, à partir des deux précédents groupes de différentes
langues : l'Association des Conférences Episcopales d'Afrique Occidentale Anglophone
(AECAWA) et la Conférence Episcopale Régionale d'Afrique de l'Ouest (CERAO). Ce grand
événement est un témoignage éloquent et prophétique, voire un signe de réconciliation
de notre Eglise-Famille de Dieu pour le monde, et ce témoignage doit continuer de
devenir de plus en plus l'instrument de Dieu pour apporter la réconciliation, la justice
et la paix dans la vie de notre peuple dans cette sous-région.
8. Référons-nous
aussi à l’exhortation du Saint Père Africae Munus n°157, qui nous invite à recommander
un jour ou une semaine de réconciliation à nos églises-familles de Dieu, nos communautés
diocésaines et nationales, surtout pendant le prochain temps de carême, ce temps privilégié
de pénitence et de réconciliation avec Dieu, les uns avec les autres, dans notre société
et dans notre Eglise. Nous recommandons que vous, nos frères évêques, le clergé et
les personnes consacrées organisent ce jour ou cette semaine de réconciliation dans
le temps de carême en faisant usage des instruments ou moyens évangéliques que sont
la prière, le jeûne et la charité (Cf. Mt 6, 4) afin d’intercéder pour la grâce de
réconciliation, justice et paix pour nos peuples et pour la sous-région de l’Afrique
de l’Ouest.
9. Tout comme notre bien-aimé, le Bienheureux Pape Jean-Paul II
nous l’a enseigné : « Il n’y a pas de paix sans justice et il n’y a pas de justice
sans pardon » (Message pour la journée mondiale de la paix 2002). Nous recommandons
donc, à vous, le peuple bien-aimé de notre Eglise-Famille de Dieu de faire tout ce
qui est en votre pouvoir avec l'aide de l’Esprit Saint pour créer une vraie réconciliation,
dans nos communautés paroissiales, diocésaines et nationales à travers le pardon.
Notre Saint Père, le pape Benoit XVI, dans Africae Munus n°33 et 156, recommande un
usage personnel et régulier du sacrement de la réconciliation. C’est seulement à travers
un esprit de pardon que nous sommes guéris et devenons nous-mêmes instruments de guérison
divine envoyés pour guérir l’humanité blessée.
Bien-aimés en Christ, il y a
davantage à faire en ce qui concerne cette mission visant à faire de nous des ambassadeurs
de réconciliation dans notre propre Eglise-Famille de Dieu à travers nos pays et notre
sous-région. En écoutant certains de nos frères évêques et leurs expériences variées,
par exemple au Nigeria où la peur et la violence sont vécues à cause de Boko Haram,
en Guinée Conakry et la Guinée Bissau, aussi bien qu’en Côte d'Ivoire où des élections
ont débouché sur de violents conflits post électoraux avec des pertes en vies humaines,
nous ne pouvons que recommander à nouveau une étude plus attentive de l'Exhortation
post-synodale Africae Munus en vue d'approfondir notre mission d'évangélisation pour
devenir de mieux en mieux signes et instruments divins de réconciliation, de justice
et de paix.
Pour être précis, nous en appelons à votre bon sens, vous, chers
frères et sœurs dans cette Église-Famille de Dieu dans la sous-région, membres de
la CERAO-RECOWA à vous opposer et à fuir entièrement l’esprit de l'ethnocentrisme,
singularisme excessif et xénophobie, présent de manière rampante dans certaines de
nos paroisses et communautés diocésaines en Afrique de l’Ouest (cf. Ecclesia in Africa
n° 63). En Jésus Christ, comme saint Paul nous y exhorte, il n'y a plus ni Juif ni
Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, mais nous sommes tous un en Jésus
Christ (cf. Ga 3, 28). Surtout pour nous catholiques, le Corps et le Sang du Christ
que nous recevons à chacune de nos célébrations eucharistiques quotidiennes nous unit
davantage de manière mystique, les uns aux autres, en tant qu’Eglise-Famille de Dieu.
En outre, pour les chrétiens et en fait pour tout croyant en Dieu comme Créateur
et Père de toute l'humanité, (en référence aux musulmans et aux adeptes des religions
traditionnelles africaines), il ne doit point avoir de discrimination de quelque forme
que ce soit, basée sur la foi, la race, le genre et le statut social, puisque nous
sommes tous enfants de Dieu et, par conséquent, frères et sœurs.
La CERAO-RECOWA,
Eglise-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest, doit devenir un plus grand signe et
instrument d'unité, de solidarité, de communion et de coopération en Jésus Christ,
notre Réconciliation et notre Paix.
10. Conclusion
Bien-aimés en Jésus-Christ
dans notre sous-région ouest-africaine, nous, vos pasteurs, auront davantage à vous
donner en terme d’informations au sujet de notre nouvelle conférence CERAO-RECOWA.
Nous préférons vous référer à notre communiqué, nos résolutions et recommandations
issus de notre rencontre.
Nous recommandons, cette nouvelle organisation à
vos prières et à l'intercession de tous les saints d'Afrique. S'il vous plaît, priez
pour nous vos pasteurs, afin que nous soyons de vrais témoins et des instruments efficaces
de réconciliation, de justice et de paix dans nos Églises locales, Familles de Dieu
parmi vous, et tout peuple de Dieu dans notre sous-région ouest-africaine.
Nous
concluons ce message pastoral en recommandant notre CERAO-RECOWA à la maternelle sollicitude
de Marie, Notre-Dame de la Paix et Reine de l'Afrique. La paix soit avec vous !
Yamoussoukro,
le 28 janvier 2012
Les Cardinaux, Archevêques et Evêques de la RECOWA-CERAO