2012-01-30 15:18:37

Assemblée constitutive RECOWA-CERAO, communiqué et message final


ASSEMBLEE CONSTITUTIVE RECOWA-CERAO
Yamoussoukro, du 23 au 29 janvier 2012

COMMUNIQUE DE PRESSE

Notre destin commun


1. PRÉAMBULE

Nous, membres de la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest, avons tenu notre première assemblée plénière à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la Paix à Yamoussoukro. Ayant pieusement réfléchi sur l'état de l'Eglise et de notre région sous le thème: L'Eglise Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest au service de la Réconciliation, la Justice et la Paix, nous faisons le présent communiqué :

2. ÉVÉNEMENTS DANS L'ÉGLISE

Suite aux recommandations fortes du Premier Synode des Evêques pour l'Afrique (1994) et convaincus de la nécessité d'une intégration régionale accrue qui, comme dans le cas de la Communauté économique des Etats d'Afrique Occidentale (CEDEAO) et de la nécessité d’une solidarité pastorale organique transcendant les barrières historico -linguistiques, les Evêques ont décidé de former une seule Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (RECOWA-CERAO) rassemblant les pays francophones, anglophones et Lusophones dans leur région. Cette noble idée est en conformité avec les lois de l'Eglise (cf. Droit Canon 448, alinéa 2). Avec l'entrée en fonction de la RECOWA-CERAO, à la fois l'AECAWA et l’ancien CERAO cessent d'exister en tant qu'entités juridiques, sans préjudice à l'existence continue et à l'autorité des diverses Conférences épiscopales nationales. Il est envisagé que RECOWA-CERAO sera désormais en meilleure position pour relever les défis pastoraux, socio-politiques et économiques de l’Afrique occidentale. C’est dans cette perspective théologique et spirituelle que l'Assemblée plénière constitutive de la RECOWA -CERAO tenue à Abuja - Nigeria (5-9 Décembre 2007) a prévu cette Assemblée solennelle de Yamoussoukro pour ratifier ce qui a été célébré à Abuja il y a cinq ans, sur le thème sus-mentionné.

3. Notre destin commun

Nous affirmons avec force notre origine et notre destin communs, ainsi que notre solidarité. Nous reconnaissons que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1:27), et que nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême, nonobstant nos différences de race et de langue.

Des réflexions sur notre origine et notre destin communs sont cruciales pour la promotion de la bonne gouvernance, du sens du bien commun, de la subsidiarité et de la collaboration qui sont des facteurs clés de notre mission envers notre peuple dans la région. Ces facteurs clés ont été très bien énoncés dans notre Plan d'action déjà approuvé par l'Assemblée. La RECOWA-CERAO est donc déterminée à surmonter toutes les formes de divisions et les obstacles à la fois dans l'Eglise et dans la société. Cet objectif doit être atteint à travers la pratique concrète de la solidarité pastorale organique promue par le premier synode des évêques pour l'Afrique (Ecclesia in Africa, 1994).

4. Missio Ad intra (Mission dans l'Eglise)

Un des objectifs majeurs de l'Église comme famille de Dieu dans la région RECOWA-CERAO est de mettre en pratique les propositions du Deuxième Synode des Evêques pour l'Afrique, en s'inspirant des Exhortations post-synodales, Verbum Domini et Africae Munus pour une Afrique plus réconciliée, juste et pacifiée. Dans cette veine, RECOWA-CERAO est prête à promouvoir un clergé, des personnes consacrées des agents pastoraux plus convaincus et plus engagés. Ainsi, la mission de réconciliation, de justice et de paix devra-t-elle commencer au sein de l'Eglise. Un programme thématique et pédagogique sera développé par la RECOWA/CERAO pour permettre à l'Eglise de mettre en œuvre son enseignement social dans les familles, les communautés chrétiennes de base, les écoles, les séminaires et les maisons de formation, les universités, les instituts supérieurs et tous les centres pastoraux Catholiques dans la région. Les entrepreneurs et les politiciens catholiques seront aussi formés dans ce cadre. A cet effet des commissions ont déjà été mises en place pour développer des modules de formation.

5. Missio ad extra (Hors de l'Église)

Etant donné que la formation des agents pastoraux n'est pas réservé exclusivement à la mission ad intra, l'Eglise ainsi formée ou instruite par sa propre doctrine sociale et ayant travaillé en interne sur la question de la réconciliation, la justice, la paix et le développement, dirigé dans l’esprit du dialogue interreligieux et de l’œcuménisme saura désormais aborder les questions sociales avec les autres chrétiens, l'islam et les religions traditionnelles africaines. La solidarité pastorale à ce niveau n'est pas nouvelle dans la région puisque des centaines de nos prêtres, des personnes consacrées et autres agents pastoraux travaillent actuellement dans plusieurs pays hors de l'Afrique.

6. Défis de leadership

L'Église en Afrique reconnaît sa mission prophétique envers notre peuple qui souffre sous l'effet d’un mauvais leadership. Nous sommes profondément attristés par le manque d'un bon leadership dans la plupart des pays de notre région.

Comme le Saint-Père, Benoît XVI l’a souligné dans son exhortation post-synodale, Africae Munus «Aujourd'hui, de nombreux décideurs, tant politiques qu'économiques, pensent qu'ils ne doivent rien à personne d'autre qu'à eux-mêmes ». « Ils ne s'occupent que de leurs droits, et ils ont souvent de grandes difficultés à assumer leur propre développement ainsi que le développement intégral des autres» (AM 81-83). Ce déni de justice est la cause de conflits dans la plupart des pays de notre région.

Alors que nous saluons les efforts assidus de la Communauté économique des Etats Ouest-Africains (CEDEAO), en ce qui concerne la promotion de bon leadership et le maintien de nos démocraties naissantes, nous demandons instamment à nos dirigeants politiques de voir leur fonction comme un appel au service plutôt qu’une occasion de faire usage de la force brutale, de l'égoïsme effréné et de la corruption.

7. INSÉCURITÉ DANS NOS ÉTATS

Une hausse du taux de criminalité dans nos sociétés et le non respect de la loi constituant une violation des droits de l'homme sont des causes de grande préoccupation pour la RECOWA-CERAO. Pendant que des vols à mains armées, des enlèvements, des attentats et autres actes terroristes restent des problèmes graves appelant à une attention concertée et à une éradication conséquente, la circulation illégale d'armes légères d'un pays à l'autre est devenue une grande cause d’insécurité et de terrorisme. Nous sommes consternés par la longue négligence de certains fonctionnaires des douanes qui a conduit à l'infiltration d'armes et de drogues à travers nos frontières et nous faisons appel à toutes les autorités compétentes aux fins de contrôler l'accès aux armes pour des raisons de sécurité.

Tout en félicitant la Commission de la CEDEAO pour ses efforts dans l’amélioration des mouvements à nos frontières, nous exhortons les gouvernements à faire appliquer la loi sur la circulation illégale des armes et de la drogue. Cela permettra une meilleure intégration régionale réclamée par notre Assemblée.

8. Un mot à nos JEUNES

La jeunesse est un don pour l’Eglise et la société. En effet, les jeunes sont les protagonistes du changement et les leaders de demain. La RECOWA-CERAO est consciente des conditions désastreuses qui font d’eux des victimes de la mauvaise gouvernance et qui les privent de nombreuses occasions prometteuses. Beaucoup d'entre eux sont sans emplois et ils manquent gravement de moyens de subsistance. Alors que nous poursuivons la promotion du développement humain, spirituel et intellectuel de nos jeunes, nous les exhortons à rester fidèles et respectueux des lois.

Nos jeunes ne doivent pas se laisser entraîner dans des actes de criminalité. Par ailleurs, nous exhortons tous les jeunes catholiques et en particulier ceux de la région ouest africaine, à participer activement aux mouvements religieux comme un moyen pour cultiver de profondes vertus civiques, en approfondissant leur relation avec Jésus-Christ dans le mystère de la Croix et par un amour filial pour la Vierge Marie.

9. Menace de fondamentalisme religieux

Nous remarquons dans certains pays de notre région la recrudescence du fondamentalisme religieux. Les effets néfastes de ce phénomène horrible dans les pays où il existe sont bien connus de nos populations. Nous exhortons donc les chefs religieux, qu'ils soient chrétiens, musulmans, ou des adeptes de la religion traditionnelle africaine, à condamner sans équivoque l'utilisation de la religion pour favoriser le fanatisme et l'exclusivisme, qui portent atteinte aux droits et libertés d'autrui, et à rejeter toute forme d'activités terroristes perpétrées au nom de la religion.

10. Nos élections

Au cours de l’Assemblée, nous avons élu les responsables qui doivent conduire les affaires de notre Conférence pour les trois prochaines années.
Président : Théodore Adrien Cardinal SARR (Dakar, Sénégal)
Premier Vice Président : Mgr Ignatius KAIGAMA (Jos, Nigéria)
Deuxième Vice Président : Mgr Jose Camnâté NA BISSIGN (Bissau, Guinée Bissau)
Ensuite, le Révérend Père Octavious Yipagtuo MOO (Damongo, Ghana) a été nommé
Secrétaire Général et le Révérend Père Joseph Kacou AKA (Grand Bassam, Côte d’Ivoire)
Premier Secrétaire Général Adjoint.

11. CONCLUSION

Nous félicitons l'Eglise et le beau peuple de la Côte-d'Ivoire pour leur hospitalité et nous les confions à la bienveillance de Dieu Tout-Puissant.

Enfin, nous prions d’un seul cœur pour que Marie, la Mère de la Paix et la Reine de l'Afrique intercède pour nous, afin que nous prenions le chemin de la réconciliation, de la justice et de la paix ensemble comme une seule famille de Dieu. La même coupe Eucharistique à laquelle nous buvons signifie, à juste titre, que nous sommes du même sang et que nous partageons une destinée commune.

Yamoussoukro, le 28 janvier 2012


Les Cardinaux, Archevêques et
Evêques de la RECOWA-CERAO

MESSAGE PASTORAL

0. Salutations et introduction :

« Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde ... Que votre lumière brille aux yeux des hommes, de sorte qu’en voyant vos bonnes œuvres, ils puissent rendre gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,13-16).

Nos fils et filles bien-aimés de notre Dieu en Afrique de l'Ouest, nous, vos évêques provenant des quinze pays de notre sous-région de l’Afrique de l'Ouest, à la fin de notre réunion inaugurale qui fait de nous un seul corps, à savoir la Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO en français et en portugais) et Regional Episcopal Conference of West Africa (RECOWA en anglais), nous vous saluons, ainsi que tous les hommes et femmes de bonne volonté qui sont dans notre sous-région, avec les mots ci-dessus de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Nous nous sommes rencontrés ici à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire sous la protection maternelle de Marie, Reine d'Afrique, à la basilique papale Notre Dame de la Paix, du lundi 23 janvier au dimanche 29 janvier 2012. Nous sommes venus ici, au nombre d’environ 150, comprenant des archevêques, évêques, des représentants du clergé, des religieux et des laïcs, pour officiellement inaugurer la seule et unique conférence maintenant connue sous le nom de Conférence Épiscopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO-RECOWA).

1. Thème et programmation : Kairos :

Le thème de notre réunion inaugurale était : «Église-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest au service de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix ». Nous remercions Dieu grandement pour la bonne réussite de cette inauguration. Nous disons en effet que la programmation, le lieu et le thème de cette conférence inaugurale ont tous été prophétiques, de fait, un kairos que Dieu dans sa sagesse a préparé pour notre Eglise-Famille de Dieu dans cette région d'Afrique de l’Ouest. En fait, cette conférence inaugurale devait se tenir en décembre 2010 dans ce même pays et dans cette même ville de Yamoussoukro ; mais nous avons dû la reporter jusqu'à ce que notre pays hôte, la Côte d'Ivoire, soit béni d’une bonne mesure de paix après la crise post-électorale et les violents conflits qui ont eu lieu récemment. Comment ne pas remercier Dieu pour ce temps de paix relative en Côte d'Ivoire ? Nous sommes également encouragés par l'effort de tous, que ce soit le gouvernement et la population de notre pays hôte, que ce soit l'Église et toutes les institutions religieuses d’ici et d’ailleurs dans le monde, que ce soit les sociétés civiles et les communautés internationales qui se sont engagées à consolider la paix dans ce beau pays de la Côte d'Ivoire. Nous félicitons tous ceux qui se sont engagés et impliqués dans cet effort et nous y joignons nos voix en suppliant Dieu le Père par Jésus-Christ, Prince de la paix, en union avec l'Esprit Saint, pour que la paix divine éternelle puisse régner dans ce pays, en Afrique de l'Ouest et à travers toute l'Afrique.

2. Nous tenons donc à exprimer notre gratitude à son excellence le Président Alassane OUATTARA, Chef de l'Etat de la République de Côte d'Ivoire, pour sa présence à la cérémonie d'ouverture de la Conférence avec certains de ses ministres et le Maire de Yamoussoukro. Nous remercions également son Excellence pour ses mots chaleureux de bienvenue à notre endroit et nous apprécions son exhortation à nous pasteurs/évêques catholiques de la CERAO- RECOWA pour aider fructueusement à « consolider la CEDEAO » en ces temps de mondialisation. Il nous a appelés à contribuer aux aspirations d'unité et d'intégration dans la sous-région. Nous promettons au Président, ainsi qu’au gouvernement et à la population ivoirienne, de les soutenir par notre prière et notre engagement dans la marche en avant de ce pays vers la réconciliation et la justice, vrai chemin de paix durable.

Maintenant, en remerciant Dieu pour notre présence physique ici à Yamoussoukro et en Côte d'Ivoire, sous la sollicitude maternelle de Marie, Reine de l'Afrique et Notre-Dame de la Paix, et pour ce moment particulier, ce temps propre à Dieu, un kairos pour la CERAO, nous supplions que pour tous ceux qui sont actuellement en cours de procès, à cause de leur participation à la crise post-électorale de 2010, il y ait un procès équitable à la lumière de la justice tempérée par le sel de la miséricorde pour la plus grande réconciliation, solide et durable, de tous les habitants de ce beau pays. La Côte d'Ivoire doit retrouver sa gloire d'antan comme terre de paix et vitrine de la démocratie en Afrique.

3. La Conférence inaugurale de la CERAO-RECOWA :

Nous tenons à préciser que notre choix du thème de cette conférence inaugurale a été inspiré, d'abord et avant tout, par le thème et la célébration de la deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique du Synode des Évêques, qui a eu lieu au Vatican du 4 au 24 octobre 2009, et ensuite par le fait que notre conférence inaugurale vient dans le sillage de la seconde visite en Afrique, plus précisément à la République du Bénin, de sa Sainteté le Pape Benoît XVI, visite au cours de laquelle il a promulgué l’Exhortation Apostolique Post-synodale sur l'Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix : Africae Munus – « Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14).

Au cours des cinq derniers jours de cette conférence, nous avons pris le temps de prier ensemble et de réfléchir sur notre thème. Nous avons également eu le privilège de célébrer quotidiennement l'Eucharistie dans la Basilique Papale de Yamoussoukro. Elle était animée par certaines chorales de l'Eglise locale. Par ailleurs, nous avons eu la joie d'écouter des interventions d’experts, les messages du Saint-Siège, du SCEAM et de certaines de ses conférences épiscopales régionales. Nous avons également reçu les rapports de toutes les conférences épiscopales nationales et inter-territoriales ainsi que des commissions ad-hoc de la CERAO-RECOWA. Il y a eu des ateliers pour approfondir l'étude de notre thème avec plusieurs références indispensables aux exhortations apostoliques post-synodales Ecclesia in Africa (1997) et Africae Munus (2011).

Nous avons discuté, entre autres choses, et finalement approuvé les statuts, le budget, le plan d’action pour une durée de trois ans. En outre, nous avons effectué des élections pour la direction de la nouvelle conférence et nous avons créé des sous-comités et commissions afin de veiller à la mise en œuvre de notre plan de d’action.

4. Au terme de cette conférence inaugurale, nous avons publié un communiqué et un document de résolutions et de recommandations et un message pastoral qui devraient tous vous intéresser, chers prêtres, religieux et fidèles laïcs de Dieu en Afrique occidentale. Dans ce message pastoral, nous aimerions partager quelques-uns des fruits de nos délibérations avec vous et toute personne de bonne volonté.

5. Eglise-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest :

Inspirés par l'Esprit Saint, nos Pères synodaux, en 1994, lors de la première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques qui s’est tenue au Vatican, ont proposé une nouvelle vision et identité de l'Église en Afrique, à savoir l'Église-Famille de Dieu. Le Bienheureux Pape Jean-Paul II donna sa bénédiction en l'adoptant dans son exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa n° 63. Ces nouvelles vision et identité ont également reçu la bénédiction du pape Benoît XVI dans son exhortation Africae Munus. Nous sommes donc très heureux de vous apprendre, chers prêtres et religieux, femmes et hommes et la jeunesse, que l'Église-Famille de Dieu a été adoptée et demeure notre identité particulière et l'objectif de l'Eglise en Afrique de l'Ouest.

Bien-aimés dans le Christ, continuons donc à travailler dur pour faire de toutes nos communautés chrétiennes de base, nos paroisses et diocèses une véritable Église-Famille de Dieu. Dans les mots de Ecclesia in Africa n° 63, Eglise-Famille de Dieu « est une image qui met l’accent sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance ». Le bienheureux Pape Jean-Paul II a cependant attiré l’attention sur le fait qu’en construisant l’Eglise comme Famille, nous devions éviter « tout ethnocentrisme et particularisme excessif, en prônant la réconciliation, la réconciliation et une vraie communion entre les différentes ethnies, en favorisant la solidarité et le partage en ce qui concerne le personnel et les ressources entre les Eglises particulières sans considérations indues d’ordre ethnique ».
Nous vos évêques de la CERAO, nous nous engageons à cette identité et vision et nous promettons, par nos efforts individuels et collectifs, à faire de cette vision et identité, une réalité dans l’Eglise, dans nos diocèses particuliers, nos pays et à travers l’Eglise de toute la sous région.

6. l’Eglise au service de la réconciliation de la justice et de la paix

Une fois de plus, au cours de notre réunion ici à Yamoussoukro et en particulier à travers l'étude de l’exhortation post-synodale Africae Munus, nous avons vu que notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI a littéralement défini un programme d'évangélisation pour notre Eglise-Famille de Dieu. C’est le suivant : pour devenir sel de la terre et lumière du monde au service de la réconciliation, de la justice et de la paix dans notre sous-région ouest africaine et au-delà.

Dans Africae Munus, le Saint-Père nous appelle tous et chacun dans l'Eglise-Famille de Dieu à véritablement être signe et instrument de réconciliation, de justice et de paix; cela signifie que chacun de nous doit être d’abord réconcilié avec Dieu qui, le premier, nous a réconciliés avec lui-même à travers la passion, mort et résurrection de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, et ensuite nous allons être des ambassadeurs du Christ pour la réconciliation comme saint Paul le dit dans 2 Co 5, 19-20. (cf. Africae Munus 1ère partie)

Que nos paroisses et communautés chrétiennes de base, ainsi que nos diocèses deviennent vraiment des modèles d’une communauté réconciliée, juste et pacifique. En bref, notre Eglise-Famille de Dieu est appelée à devenir un signe et un instrument de la réconciliation, de la justice et de la paix de Dieu qui viennent de Jésus-Christ, notre Réconciliation, notre Justice et notre Paix (cf. Africae Munus n° 20).

7. RECOWA-CERAO comme signe de réconciliation

En outre dans cet esprit, nous ne pouvons qu'être reconnaissants à l'Esprit Saint, tant pour l'inspiration à nous réunir et à créer une seule organisation CERAO-RECOWA, à partir des deux précédents groupes de différentes langues : l'Association des Conférences Episcopales d'Afrique Occidentale Anglophone (AECAWA) et la Conférence Episcopale Régionale d'Afrique de l'Ouest (CERAO). Ce grand événement est un témoignage éloquent et prophétique, voire un signe de réconciliation de notre Eglise-Famille de Dieu pour le monde, et ce témoignage doit continuer de devenir de plus en plus l'instrument de Dieu pour apporter la réconciliation, la justice et la paix dans la vie de notre peuple dans cette sous-région.

8. Référons-nous aussi à l’exhortation du Saint Père Africae Munus n°157, qui nous invite à recommander un jour ou une semaine de réconciliation à nos églises-familles de Dieu, nos communautés diocésaines et nationales, surtout pendant le prochain temps de carême, ce temps privilégié de pénitence et de réconciliation avec Dieu, les uns avec les autres, dans notre société et dans notre Eglise. Nous recommandons que vous, nos frères évêques, le clergé et les personnes consacrées organisent ce jour ou cette semaine de réconciliation dans le temps de carême en faisant usage des instruments ou moyens évangéliques que sont la prière, le jeûne et la charité (Cf. Mt 6, 4) afin d’intercéder pour la grâce de réconciliation, justice et paix pour nos peuples et pour la sous-région de l’Afrique de l’Ouest.

9. Tout comme notre bien-aimé, le Bienheureux Pape Jean-Paul II nous l’a enseigné : « Il n’y a pas de paix sans justice et il n’y a pas de justice sans pardon » (Message pour la journée mondiale de la paix 2002). Nous recommandons donc, à vous, le peuple bien-aimé de notre Eglise-Famille de Dieu de faire tout ce qui est en votre pouvoir avec l'aide de l’Esprit Saint pour créer une vraie réconciliation, dans nos communautés paroissiales, diocésaines et nationales à travers le pardon. Notre Saint Père, le pape Benoit XVI, dans Africae Munus n°33 et 156, recommande un usage personnel et régulier du sacrement de la réconciliation. C’est seulement à travers un esprit de pardon que nous sommes guéris et devenons nous-mêmes instruments de guérison divine envoyés pour guérir l’humanité blessée.

Bien-aimés en Christ, il y a davantage à faire en ce qui concerne cette mission visant à faire de nous des ambassadeurs de réconciliation dans notre propre Eglise-Famille de Dieu à travers nos pays et notre sous-région. En écoutant certains de nos frères évêques et leurs expériences variées, par exemple au Nigeria où la peur et la violence sont vécues à cause de Boko Haram, en Guinée Conakry et la Guinée Bissau, aussi bien qu’en Côte d'Ivoire où des élections ont débouché sur de violents conflits post électoraux avec des pertes en vies humaines, nous ne pouvons que recommander à nouveau une étude plus attentive de l'Exhortation post-synodale Africae Munus en vue d'approfondir notre mission d'évangélisation pour devenir de mieux en mieux signes et instruments divins de réconciliation, de justice et de paix.

Pour être précis, nous en appelons à votre bon sens, vous, chers frères et sœurs dans cette Église-Famille de Dieu dans la sous-région, membres de la CERAO-RECOWA à vous opposer et à fuir entièrement l’esprit de l'ethnocentrisme, singularisme excessif et xénophobie, présent de manière rampante dans certaines de nos paroisses et communautés diocésaines en Afrique de l’Ouest (cf. Ecclesia in Africa n° 63). En Jésus Christ, comme saint Paul nous y exhorte, il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, mais nous sommes tous un en Jésus Christ (cf. Ga 3, 28). Surtout pour nous catholiques, le Corps et le Sang du Christ que nous recevons à chacune de nos célébrations eucharistiques quotidiennes nous unit davantage de manière mystique, les uns aux autres, en tant qu’Eglise-Famille de Dieu.
En outre, pour les chrétiens et en fait pour tout croyant en Dieu comme Créateur et Père de toute l'humanité, (en référence aux musulmans et aux adeptes des religions traditionnelles africaines), il ne doit point avoir de discrimination de quelque forme que ce soit, basée sur la foi, la race, le genre et le statut social, puisque nous sommes tous enfants de Dieu et, par conséquent, frères et sœurs.

La CERAO-RECOWA, Eglise-Famille de Dieu en Afrique de l'Ouest, doit devenir un plus grand signe et instrument d'unité, de solidarité, de communion et de coopération en Jésus Christ, notre Réconciliation et notre Paix.

10. Conclusion

Bien-aimés en Jésus-Christ dans notre sous-région ouest-africaine, nous, vos pasteurs, auront davantage à vous donner en terme d’informations au sujet de notre nouvelle conférence CERAO-RECOWA. Nous préférons vous référer à notre communiqué, nos résolutions et recommandations issus de notre rencontre.

Nous recommandons, cette nouvelle organisation à vos prières et à l'intercession de tous les saints d'Afrique. S'il vous plaît, priez pour nous vos pasteurs, afin que nous soyons de vrais témoins et des instruments efficaces de réconciliation, de justice et de paix dans nos Églises locales, Familles de Dieu parmi vous, et tout peuple de Dieu dans notre sous-région ouest-africaine.

Nous concluons ce message pastoral en recommandant notre CERAO-RECOWA à la maternelle sollicitude de Marie, Notre-Dame de la Paix et Reine de l'Afrique. La paix soit avec vous !

Yamoussoukro, le 28 janvier 2012


Les Cardinaux, Archevêques et
Evêques de la RECOWA-CERAO







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