Le chemin néocatéchuménal : l'aboutissement d'un parcours long et laborieux
C’est la fin d’un processus qui dure depuis dix ans. Benoît XVI a reçu ce vendredi
20 janvier, dans la salle Paul VI, environ 7 000 membres du chemin néocatéchuménal
venus du monde entier. A cette occasion, il a validé leurs pratiques liturgiques.
Le compte-rendu de Marie Duhamel
Parmi les quelques
7 000 membres du chemin néocatechuménal venus du monde entier présents ce vendredi
salle Paul VI, le père Guillaume Bruté de Rémur, prêtre du diocèse de Rome. Actuellement
en mission au Liban il est le recteur du Séminaire Éparchial Interrituel International
Missionnaire «Redemptoris Mater» à Beyrouth. Il revient sur cette rencontre avec le
Pape qui revêtait cette année une dimension toute particulière, et sur la signification
de l’envoi de familles en mission, qui caractérise la communauté. Des propos recueillis
par Hélène Destombes
Reconnu
provisoirement par Jean Paul II mais contesté au sein même de l’Eglise, le Chemin
néocatéchuménal a été créé dans les années 60, dans une banlieue défavorisée de Madrid,
par deux laïcs espagnols, Kiko Arguello et Carmen Hernández, dans la lignée du renouveau
suscité par le Concile Vatican II. Le Chemin se veut un mouvement d'initiation chrétienne
et d'éducation à la foi catholique, par étapes, vécues en petites communautés. Il
propose un itinéraire de découverte ou de redécouverte de la foi. C'est aussi dans
ce cadre que des familles entières sont envoyées en mission dans le monde.
En
plein essor, implanté dans quelques 120 pays des cinq continents, le mouvement remporte
un vif succès en Espagne, en Italie, en Pologne et en Amérique latine, où il est souvent
considéré comme le fer de lance de l’évangélisation. Son dynamisme, sa puissance et
sa visibilité ont séduit bien des évêques et curés de paroisses. Il compte notamment
70 séminaires Redemptoris Mater. De nombreux responsables d’Eglise reconnaissent que
le Chemin répond bien à certaines attentes : évangélisation de ceux qui sont éloignés
de l'Église ou qui n'ont pas été catéchisés ; insistance sur la communauté permettant
de sortir de paroisses trop impersonnelles ; accent mis sur l'initiation chrétienne
et le baptême.
En revanche, le mouvement fait aussi l’objet de critiques sévères.
Ainsi les évêques japonais ont estimé que le Chemin représentait un problème grave,
en tant que facteur de divisions. D’autres critiquent ses méthodes d'encadrement,
comparées par certains à des pratiques sectaires et évoquent des difficultés à commencer
par leur manière de célébrer de façon isolée, qui risque de provoquer des fractures
au sein des paroisses.
En 2005, le cardinal Francis Arinzé, alors préfet
de la Congrégation pour le Culte divin, avait demandé au Chemin d'abandonner certaines
innovations jugées non conformes aux règles liturgiques de l'Eglise : messe le samedi
au lieu du dimanche, communion en commun assis autour d'une table, prédication confiée
à un laïc plutôt qu'à un prêtre, témoignages de fidèles lors de longues cérémonies
émotionnelles.
Le Chemin avait dû procéder à quelques modifications dans ses
règles de fonctionnement. En 2008, après une révision attentive, le Conseil pontifical
pour les Laïcs a approuvé ses statuts et en 2011, la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi a approuvé le Directoire catéchétique, après l’avoir amendé. Dans son discours
au Camino l’année dernière, Benoît XVI avait évoqué des pas significatifs. Ce 20 janvier,
le président du Conseil pontifical pour les laïcs a lu en présence du Pape le décret
d’approbation de la liturgie.