RDC, Elections du 28 novembre 2011: Mission d’observation électorale
Mission d’observation électorale conjointe des réseaux: Agir pour des Elections Transparentes
et Apaisées (AETA) et Réseau Européen pour l’Afrique Centrale (EurAc)
Elections
Présidentielles et Législatives du 28 novembre 2011 en République Démocratique du
Congo
La mission d’observation électorale conjointe d’AETA et EurAc salue
la tenue des élections présidentielle et législatives en République Démocratique du
Congo (RDC), le 28 novembre 2011. La CENI a réussi à organiser les élections
malgré les contraintes logistiques et AETA et EurAc l’encouragent à poursuivre son
travail de manière à parachever le processus électoral.
La mission salue
la forte implication de la population congolaise qui a réussi à s’approprier du processus
en posant des actes en faveur de sa sécurisation et le sérieux de la majorité des
agents de la CENI qui ont fait un travail remarquable dans des conditions très difficiles.
La mission félicite la détermination de la société civile congolaise qui s’est
mobilisée depuis le début du processus pour en assurer le monitoring, malgré le manque
des moyens et de soutien à ses actions.
Les élections se sont déroulées
dans un climat très varié selon les endroits et la Mission se réjoui que la majorité
des congolais a pu voter dans le calme.
La mission d’observation AETA-EurAc
a eu à déployer 12000 observateurs à travers toutes les provinces de la République.
Celle-ci a eu à identifier des nombreux incidents qui ont entaché le processus. Ceux-ci
sont liés principalement au déploiement et à la gestion du matériel et du corps
électoral.
Le jour du vote les observateurs de la mission conjointe AETA/EurAc
ont visité plus de 15000 bureaux de vote et ont fait les constats suivants •
Des nombreux électeurs n’ont pas pu voter et/ou ont du voter en retard à cause de
l’ouverture tardive des bureaux de vote suite à l’arrivée tardive ou au manque du
matériel électoral. A titre illustratif, dans la ville de Kinshasa, les bureaux de
vote 170009 A/I, 170009A/G, 170009A/F du complexe scolaire Mama wa Bosawa ont ouvert
leurs portes à partir de 10 heures ; alors que le centre de vote St Boniface n° 10410
comprenant 13330 électeurs n’a pu voter que le mercredi 30 novembre suite au manque
des bulletins de l’élection présidentielle. Cette situation a été vécue avec ampleur
dans beaucoup de centres de vote. • la confusion sur les listes électorales
et les bureaux de vote : cette faille s’est révélée dans la majorité des centres de
vote ou des nombreux électeurs se sont avérés incapables de retrouver leurs bureaux
de vote respectifs, ceci suite à l’affichage tardif des listes électorales et au manque
de communication à ce propos. En dépit du communiqué de presse fait par la CENI demandant
aux électeurs détenteurs de carte d’électeur de voter aux centres respectifs où ils
se sont enrôlés, il a été malheureusement observé que nombreux d’entr’eux sont rentrés
découragés sans avoir été reçus ; • Le grand nombre de témoins des partis
politiques qui n’ont pas été formés de manière appropriée ont rendu le processus du
vote difficile dans plusieurs bureaux de vote. En effet, ayant voté par dérogation,
les listes des dérogés déjà pleines n’étaient plus accessibles aux électeurs qui en
avaient droit. • La sécurité des électeurs et des agents électoraux dans
certains endroits était défaillante. Cela s’est manifesté par le lynchage de quelques
agents ici et là : le cas du centre de vote numéro 10392 du complexe scolaire Diavanga
à Masina Petro Congo. A Kananga, dans les territoires de Mweka, Luiza, Kakenge, Mashenge,
Bena Leka et Bagata cité où des situations de violences ont été signalées. •
Il est aussi à noter que le matériel électoral sensible, particulièrement les bulletins
de vote n’ont pas été suffisamment sécurisés. A Kinshasa comme en province, il a
été retrouvé des bulletins de vote entre les mains des particuliers non agents électoraux.
C’est par exemple les cas du centre de vote Mputu N° à Masina SIFORCO. En province,
cette irrégularité a été signalée à Kananga /Kasaï occidental (site de vote 11200
centre Mpandilu, site de vote 11192 de l’EP/Muntu), Kindu, Kikwit, Bolobo, Bipembe
au Kasaï oriental (bureau de vote 17727 Institut TUIBAKAYI, bureau de vote 17740 Institut
Mutombo Katshi, bureau de vote 754 Collège Moderne).… Face à la divagation du matériel
électoral sensible, la vigilance de la population a fait suite à la nervosité et à
bien de cas d’accrochages, soit entre population, soit entre la population et les
agents de l’ordre. • Nos observateurs ont observé le refus d’accès de certains
témoins des partis politiques et des candidats indépendants dans certains bureaux
de vote : c’est le cas du bureau de vote St Martin à Kinshasa/N’djili, Institut Littéraire
de Ngiri-Ngiri/ bureau de vote 10621, à Idjwi au Sud Kivu, bureau de vote 21622/A
et D. • La non maîtrise des procédures électorales par certains agents électoraux
et leur ignorance par la population qui dénotent respectivement de la faiblesse de
la formation des agents électoraux et du manque d’éducation civique électorale au
niveau de la population ont été à la base de beaucoup de tâtonnements et d’incompréhensions.
• En général, les personnes vulnérables électrices notamment : personnes
vivant avec handicap, personnes du troisième âge, femmes enceintes ou avec enfants,
personnes malades… n’ont pas bénéficié d’assistance et attention particulière. •
La mission d’observation a aussi noté que certains candidats ont continué à battre
campagne autour et dans les centres de vote, le jour du scrutin. On peut citer ici
le BV 21664 de l’Institut MUHYAHYA au sud Kivu, BV 17332/W et N de l’EP Kanshala
• Face à ce constat, la mission AETA-EURAC recommande : A
la CENI de prendre ses responsabilités devant la nation par une gestion objective,
sincère et transparente des données des scrutins en vue de garantir la paix postélectorale
De développer davantage la communication sincère et juste avec les acteurs politiques
impliqués dans le processus pour une gestion responsable de l’étape de la publication
des résultats des scrutins et de la suite du processus. De penser d’ores
et déjà au renforcement de ses capacités techniques et logistiques pour une gestion
efficace et efficiente de la suite du processus. Aux services de sécurité
de garder la neutralité dans leur mission de sécurisation de la population et du processus
Aux partis politiques de vivre avec fair-play le jeu démocratique et d’encadrer leurs
militants à ne pas verser dans la violence. A la population : de garder
le cap et de maintenir sa confiance au processus électoral en cours ainsi que de
se mobiliser pour l’organisation des élections provinciales et locales crédibles et
transparentes, gage d’une démocratie participative. D’éviter toute
manipulation et instrumentalisation politicienne les impliquant dans les actes de
violence et de destruction. A la Communication Internationale : de
soutenir la volonté du peuple exprimée par les urnes. D’appuyer d’ores
et déjà l’éducation civique électorale de la population en faveur des prochaines opérations
électorales.
EURAC et AETA encouragent la société civile congolaise à
s’engager davantage dans l’accompagnement du processus électoral et dans l’éducation
civique de la population. • Nous restons mobilisés pour l’observation dans
les centres de compilations à fin de garantir le respect du vote des citoyens congolais
et nous demandons que le processus de compilation soit effectué de manière transparente
et crédible.