Le cardinal Gantin, haute figure du Bénin et de l'Eglise d'Afrique
« Il m’a donc semblé juste de venir dans son pays natal pour prier sur sa tombe
et pour remercier le Bénin d’avoir donné à l’Église ce fils éminent ». Dès sa
descente de l’avion à Cotonou, Benoît XVI a souhaité mettre en lumière le cardinal
Bernadin Gantin, son « cher ami » comme il le soulignait déjà dans l’avion. Avec
le cardinal Gantin, en plus de l’aspect pastoral, ce voyage du Pape a une dimension
affective. Cette figure de l’Eglise africaine, décédée en 2008 est en effet étroitement
liée à la destinée du Pape. Benoît XVI ne manquera pas de se recueillir sur la tombe
de ce proche, samedi matin, l’un des temps forts de ce second voyage africain.
L’histoire
du cardinal Gantin est celle de l’entrée de l’Afrique dans la Curie. En 1956, alors
âgé de 34 ans, Bernardin Gantin devient l’un des plus jeunes évêques d’Afrique et
du monde. Il est nommé par Pie XII évêque auxiliaire de Cotonou dont il devient archevêque
4 ans plus tard. En 1960, il est le premier archevêque métropolitain noir, président
de la Conférence épiscopale régionale d'Afrique de l'ouest – qui réunit à l’époque
le Togo, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal, le Nigéria et la
Guinée.
1971 est l’année de sa venue à Rome puisque Paul VI le nomme comme
secrétaire assistant à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Bernardin
Gantin est créé cardinal en même temps que Joseph Ratzinger, lors du consistoire du
27 juin 1977. Le cardinal béninois occupera plusieurs fonctions éminentes au sein
de la Curie : à la tête du Conseil pontifical Cor Unum, mais aussi à la Congrégation
pour les évêques. C’est à ce poste qu’il se rapprochera encore plus du cardinal Ratzinger,
ayant à gérer ensemble le schisme lefebvriste en 1988.
“Quand je suis arrivé
à Rome, j’ai apporté l’Afrique avec moi, et en repartant au Bénin, j’emmène Rome en
Afrique » disait à son retour au pays en 2002, celui qui a servi plus de 30 ans
à la Curie. Bernadin Gantin, dont le nom signifie « arbre de fer » s’éteindra le 13
mai 2008 à Paris. A l’issue d’une messe à sa mémoire à la basilique Saint-Pierre à
Rome, deux semaines plus tard, Benoît XVI avait rendu hommage à cette figure très
aimée. « Sa personnalité, humaine et sacerdotale, avait souligné le Pape, constituait
une synthèse merveilleuse des caractéristiques de l’âme africaine avec celles propres
à l’esprit chrétien, à la culture et à l’identité africaine et aux valeurs évangéliques“.
Benoît
XVI priera sur la tombe du cardinal Gantin samedi matin à Ouidah, le Pape qui a avoué
dès son arrivée que c’était l’une des raisons de son voyage. On l’écoute
J’ai toujours
tenu en haute estime un fils de ce pays, le Cardinal Bernardin Gantin. Durant d’innombrables
années, nous avons tous les deux œuvré, chacun selon ses compétences propres, au service
de la même Vigne. Nous avons aidé au mieux mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul
II, à exercer son ministère pétrinien. Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer
bien des fois, de discuter profondément et de prier ensemble. Le Cardinal Gantin s’était
gagné le respect et l’affection de beaucoup. Il m’a donc semblé juste de venir dans
son pays natal pour prier sur sa tombe et pour remercier le Bénin d’avoir donné à
l’Église ce fils éminent.