2011-11-08 17:16:44

Les chrétiens ne doivent pas recourir à la violence pour défendre leurs valeurs


En marge de leur assemblée plénière d’automne qui se tient à Lourdes du 4 au 9 novembre, les évêques de France ont abordé les réactions suscitées par une pièce de théâtre de Romeo Castellucci et l’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Sans accepter la banalisation des attaques contre la figure du Christ, ils mettent en garde contre la "riposte agressive" utilisée par certains chrétiens lorsqu’ils se sentent dénigrés.
Les évêques de France prennent très au sérieux les attaques dont le christianisme est victime. Déplorant les "comportements excessifs de groupes fanatiques" lors des manifestations contre la pièce de théâtre "Sur le concept du visage du fils de Dieu", ils refusent les dérives qui risquent de faire des amalgames dans l’opinion publique avec d’autres ripostes violentes au nom de la religion. Ils mentionnent notamment l’attentat contre l’hebdomadaire satirique "Charlie Hebdo". D’un commun accord, ils ont fermement condamné, à la suite de leur président, le cardinal Vingt-Trois, le recours à la violence pour défendre des valeurs chrétiennes.
Silence ou réponse?
En présence des nombreuses attaques, les évêques reconnaissent en avoir parfois assez. Aux attaques anticléricales répondent des attitudes de violence ou au contraire de silence, souvent reprochées aux responsables de l’Eglise. Pour l’archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath, il est de la responsabilité de l’évêque, comme pasteur, de prendre en compte le désarroi du peuple catholique, "choqué par la violence de certaines agressions contre des symboles du christianisme". Il souligne que les créateurs artistiques devraient être conscients de la responsabilité sociale qu’ils portent. L’archevêque de Dijon confie avoir reçu tout un courrier de personnes lui reprochant "un silence assourdissant" de l’Église. Attention, poursuit-il, à ne pas banaliser les critiques contre la figure du Christ. "Que l’on s’attaque à l’Église, pas de problème, c’est le risque de toute institution. Mais là, il s’agit du Christ !" Sans compter un autre risque, sous-jacent : laisser le monopole de la défense de l’honneur du Christ aux chrétiens les plus extrêmes, notamment aux traditionalistes.
Tous les évêques font le même constat : le cercle des catholiques exaspérés dépasse celui des groupuscules intégristes et activistes. Pour Mgr Éric de Moulins de Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, ce sont même souvent des "catholiques assez simples, désemparés, car on se moque de ce à quoi ils croient fermement". Une nouveauté qui inquiète l’archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard : "Il a toujours existé un courant d’extrême droite catholique et politique, à l’action violente. Mais aujourd’hui, leurs actions sont légitimées et justifiées par des catholiques désarçonnés par la sécularisation, et qui ont le sentiment d’être bafoués."
Pas de "stratégie de minorité"
Intervenant à huis clos devant l’Assemblée, le cardinal Vingt-Trois a cependant mis en garde contre le recours à une "stratégie de minorité". Une évolution du catholicisme sur le modèle des religions minoritaires, qui ne réagirait que pour se défendre, serait contraire à la tradition d’un christianisme qui revendique un rôle plus large dans le débat social et politique, a-t-il dit en substance.








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