Réactions dans l'Eglise basque après l'annonce par l'ETA de la fin de la lutte armée
L’évêque de Saint-Sébastien, au Pays Basque espagnol, propose ses bons offices pour
faciliter la réconciliation avec l’ETA, qui a annoncé le 20 octobre la fin de sa lutte
armée. Mgr José Ignacio Munilla Aguirre, un théologien dont la nomination il y a deux
ans, avait été ouvertement critiquée par 85 curés de paroisse, a adressé une lettre
à toutes les communautés de son diocèse. Au début de son ministère épiscopal, Mgr
Munilla Aguirre avait exprimé son intention de dépolitiser l’Eglise basque. L’évêque
de Saint Sébastien estime que la pacification doit commencer par les cœurs, par une
conversion personnelle. Son objectif est de créer une société où la charité ne soit
pas une utopie et où la vérité puisse être recherchée librement et acceptée avec humilité
: les chrétiens doivent mettre leur foi au service de tous. Ce n’est pas la première
fois que l’Eglise espagnole offre sa contribution au processus de paix, pour mettre
un terme à des actes terroristes qui ont fait plus de 800 morts depuis 1968. Et le
Saint-Siège a exprimé à plusieurs reprises son souhait que la paix règne au Pays Basque
et dans toute l’Espagne et que soient guéries les blessures provoquées par 40 ans
de lutte sanglante pour l'indépendance. Selon l’hebdomadaire Jesus, le clergé basque
est divisé : si tous refusent la violence, les opinions divergent en ce qui concerne
la marche à suivre pour parvenir à la paix. Certains reprochent au gouvernement central
de discriminer la minorité basque.
En France, la décision de l’ETA a été accueillie
avec un optimisme mitigé par l’évêque de Bayonne. Une page semble définitivement tournée
– écrit Mgr Marc Aillet qui ne manque cependant pas de tourner ses pensées vers les
nombreuses victimes du terrorisme et leurs familles, dont les plaies restent ouvertes
et qui demandent légitimement réparation. L’évêque de Bayonne réclame des gestes forts
de pardon et de réconciliation qui passent par le dialogue, mais aussi par la dissolution
d’ETA et la prise en compte de la situation des prisonniers politiques. Parce que
l’arrêt des violences ne suffit pas à garantir une paix durable.