Benoît XVI à Assise place les religions devant leurs responsabilités
Ce jeudi matin à Assise, devant les responsables et Représentants des Églises, des
Communautés ecclésiales et des Religions du monde, réunis en la Basilique Sainte Marie
des Anges qui abrite la chapelle de la Portioncule, Benoît XVI a évoqué, dans un longs
discours, les nouveaux visages de la violence et de la dissension. Car le monde
est plein de dissensions qui prennent des formes nouvelles et effrayantes et si la
liberté est un grand bien, le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans
orientation. Tout d’abord il y a le terrorisme souvent à caractère religieux. Les
responsables religieux doivent affronter ces questions. C’est aussi un aspect fondamental
du dialogue interreligieux que la rencontre d’Assise doit permettre de souligner à
nouveau. Le Pape a reconnu, « plein de honte » que dans l’histoire les chrétiens ont
eu eux aussi recours à la violence au nom de leur foi. Il s’est agi d’une utilisation
abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. La seconde
typologie de la violence, selon le Pape, c’est la conséquence de l’absence de Dieu,
de sa négation et de la perte d’humanité. Les horreurs des camps de concentration
montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. Benoît XVI s’est dit
particulièrement préoccupé par la « décadence », qui en est la conséquence sournoise
et dangereuse. Le Pape a cité l’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, qui
se révèle être une contre-religion, le désir de bonheur qui dégénère dans une avidité
effrénée et inhumaine. En résumé il existe une conception et un usage de la religion
par lesquels elle devient source de violence d’où la nécessité du dialogue et de la
purification, toujours nécessaire. D’autre part, la négation de Dieu corrompt l’homme,
et le conduit à la violence. Mais Benoît XVI a voulu inviter à Assise des non-croyants
des personnes qui cherchent la vérité qui interpellent les fidèles des religions,
pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété. Si elles ne réussissent pas
à trouver Dieu, c’est aussi parce que les religions ont offert de Lui une image réduite
ou même déformée. Leurs interrogations sont un appel pour les croyants à purifier
leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. Pour Benoît
XVI cette nouvelle rencontre sert à se retrouver ensemble dans la marche vers la
vérité, à s’engager résolument pour la dignité de l’homme et à servir ensemble la
cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. Arrivés
en train spécial du Vatican, une foule colorée de 300 religieux avait débarqué le
matin et s'était acheminée vers la basilique.Un film a été projeté sur les vingt-cinq
ans passés depuis la rencontre historique organisée par Jean Paul II Tuniques
couleur des moines bouddhistes, turbans des sikhs, tuniques noires des patriarches
orthodoxes et calottes rouges des cardinaux catholiques se mêlaient. En introduisant
la journée, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et
Paix a souligné que "la recherche incessante de ce désir de paix fait de nous des
compagnons de voyage". C'est le fil rouge de cette rencontre d'Assise. Ecoutez notre
envoyé spécial Thomas Chabolle dans notre journal de 13h.