Assise : religieux et incroyants ensemble pour la paix
A Assise, capitale de la paix, des leaders de différentes religions, se retrouvent
tous ensemble sur la tombe de Saint François pour rendre hommage au Poverello. Devant
la basilique Saint-François, les responsables religieux ont renouvelé cet après-midi
leur engagement commun pour la paix.
Ce matin, en présence des différents
délégués assis autour du Pape, dans la basilique Notre Dame des Anges, plusieurs responsables
religieux du monde entier ont pris la parole pour exprimer leur vision de la paix.
Retour sur la matinée avec notre envoyé spécial à Assise Thomas Chabolle
Premier
à s'exprimer, le patriarche œcuménique de Constantinople a fait part de ses craintes
pour les communautés chrétiennes du Moyen-Orient. A l’heure où les ’printemps arabes’
n’ont pas mis fin aux tensions intercommunautaires, a-t-il dit, la place des religions
dans les fermentations du monde reste ambiguë.
L’archevêque de Canterbury,
Mgr Rowan Williams a souligné pour sa part que cette rencontre ne visait pas à trouver
un dénominateur commun, mais à « élever nos voix, du plus profond de nos traditions,
dans leurs diversités » pour inviter l’humanité à lutter contre la folie d’un monde
encore obsédé par la peur et le soupçon, encore capable de tolérer ou d’ignorer les
pertes humaines causées par la pauvreté, les guerres ou les maladies.
Une quinzaine
de responsables religieux dont Rowan Williams et le rabbin David Rosen du grand rabinat
d'Israël, le représentant du Roi du Maroc, un intellectuel hindou, neveu de Gandhi,
ont partagé un repas frugal avec Benoît XVI, suivi d’un temps de silence, de réflexion
et de prière individuelle, chacun dans une cellule. Le pèlerinage, le silence et la
prière sont au centre de cette journée.
Dans un long discours, ce matin, en
la Basilique Sainte Marie des Anges, Benoît XVI a évoqué, les nouveaux visages de
la violence et de la dissension, soulignant que l’absence de Dieu conduit à la déchéance
de l’homme et de l’humanisme. Le monde est plein de dissensions qui prennent des
formes nouvelles et effrayantes et si la liberté est un grand bien, le monde de la
liberté s’est révélé en grande partie sans orientation. Tout d’abord il y a le terrorisme
souvent à caractère religieux. Les responsables religieux doivent affronter ces questions.
C’est aussi un aspect fondamental du dialogue interreligieux que la rencontre d’Assise
doit permettre de souligner à nouveau. Le Pape a reconnu, « plein de honte » que dans
l’histoire les chrétiens ont eu eux aussi recours à la violence au nom de leur foi.
Il s’est agi d’une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition
avec sa vraie nature. La seconde typologie de la violence, selon le Pape, c’est la
conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité. Les horreurs
des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence
de Dieu. Benoît XVI s’est dit particulièrement préoccupé par la « décadence », qui
en est la conséquence sournoise et dangereuse. Le Pape a cité l’adoration de l’argent,
de l’avoir et du pouvoir, qui se révèle être une contre-religion, le désir de bonheur
qui dégénère dans une avidité effrénée et inhumaine. En résumé il existe une conception
et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence d’où la nécessité
du dialogue et de la purification, toujours nécessaire. D’autre part, la négation
de Dieu corrompt l’homme, et le conduit à la violence. Mais Benoît XVI a voulu inviter
à Assise des non-croyants des personnes qui cherchent la vérité qui interpellent les
fidèles des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété. Si
elles ne réussissent pas à trouver Dieu, c’est aussi parce que les religions ont offert
de Lui une image réduite ou même déformée. Leurs interrogations sont un appel pour
les croyants à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible.
Pour Benoît XVI cette nouvelle rencontre sert à se retrouver ensemble dans la
marche vers la vérité, à s’engager résolument pour la dignité de l’homme et à servir
ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit.