Kadhafi n'est plus, des interrogations demeurent. Réactions
Le Saint-Siège a réagi à la mort du colonel Mouammar Kadhafi qui a mis fin à un conflit
sanglant et à plus de 40 ans de régime dur et oppressif. Dans une note, le Saint-Siège
souligne que ce drame nous pousse une fois encore à réfléchir à l’immense souffrance
humaine dont s’accompagnent l’affirmation et l’effondrement des systèmes fondés exclusivement
sur le pouvoir et pas sur le respect et sur la dignité de la personne humaine. Le
Saint-Siège souhaite que le peuple libyen n’ait pas à endurer d’autres violences dictées
par un esprit de revanche ou de vengeance, que les nouveaux dirigeants puissent entreprendre
au plus vite la pacification et la reconstruction du pays fondées sur la justice et
le droit, et que la communauté internationale contribue généreusement à l’œuvre de
reconstruction. De son côté, la petite communauté catholique continuera à offrir son
témoignage et son service désintéressé, notamment dans le domaine social et sanitaire.
Le Saint-Siège entend s’engager en faveur du peuple libyen, avec les instruments dont
il dispose en matière de relations internationales, dans une optique de promotion
de la justice et de la paix. Suivant l’usage, le Saint-Siège a reconnu le Conseil
national de transition (CNT) comme représentant légitime du peuple libyen, conformément
au droit international. Le communiqué précise que le Saint-Siège a déjà eu plusieurs
contacts avec les nouvelles autorités libyennes. Le nonce apostolique, Mgr Tommaso
Caputo, a déjà été reçu au Ministère libyen des affaires étrangères. Les deux parties
ont souligné l’importance des rapports diplomatiques bilatéraux. Le Saint-Siège a
renouvelé son appui au peuple libyen et son soutien à la transition. Les nouveaux
responsables libyens ont salué les appels humanitaires lancés par le Pape ainsi que
le travail de l’Église en Libye, dans les hôpitaux et autres centres de soins, par
le biais de treize communautés religieuses. Olivier Tosseri
De son côté,
le président du Conseil pontifical Justice et paix a estimé que le monde ne pouvait
jamais célébrer la mort d’un homme, même s’il s’agit d’un criminel. Le cardinal Turkson
souligne par ailleurs qu’il ne suffit pas de se libérer d’un homme, il faut que tous
aient la liberté, en Libye comme dans les autres pays concernés par le « printemps
arabe ». Le cardinal Turkson aurait préféré que Mouammar Kadhafi ait opté pour l’exil.
Il aurait pu réfléchir et demander pardon. Reste à savoir ce que l’avenir réserve.
L’Église est inquiète pour l’avenir des minorités chrétiennes en Afrique du Nord.
En Irak, comme en Egypte, la situation n’a fait que se détériorer. Pour le président
du Conseil pontifical Justice et Paix bien des choses restent à éclaircir. Si,
beaucoup voulait que l’ex rais fût jugé par la CPI, sa fin tragique arrange tout le
monde. C’est en tout cas l’avis de Gérard Chaliand, spécialiste de géostratégie, interrogé
par Olivier Tosseri
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Mouammar Kadhafi a été tué ce jeudi, 20 octobre, dans le dernier
assaut contre sa région d'origine : Syrte tombée aux mains des forces du CNT après
plus d’un mois de combats sanglants. La nouvelle a été confirmée par le porte-parole
officiel du Conseil national de transition. C’est la fin de 42 ans de dictature en
Libye. Confronté à un soulèvement sans précédent contre son régime, Mouammar Kadhafi
était entré dans la clandestinité depuis la chute de Tripoli en août. Après l'annonce
du décès de l'ex-leader libyen, l'Union européenne a salué "la fin d'une ère de despotisme
et de répression" en Libye. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé
a quant à lui déclaré que la France était "fière" d'avoir aidé le peuple libyen. A
l’occasion d’une cérémonie dans un hôpital de Rome, le secrétaire d'État du Saint-Siège
Tarcisio Bertone, a estimé qu’il fallait « travailler pour le peuple libyen et pour
que tous coopèrent pour la reconstruction ». Depuis le début de la guerre en Libye,
le Pape avait à plusieurs reprises exprimé sa vive préoccupation, appelant à des pourparlers
pour parvenir à une solution politique.
Olivier Bonnel a recueilli la réaction
de Mgr Tommaso Caputo, nonce apostolique à Malte et en Libye
Olivier
Tosseri a joint Alain Rodier, spécialiste du renseignement militaro-industriel, du
terrorisme et de la criminalité organisée