Dans une lettre adressée par le président américain aux élus du Sénat et de la Chambre
des représentants, Barack Obama a annoncé ce samedi 15 octobre l’envoi d’une centaine
de soldats américains en Afrique australe. Ces militaires américains seront déployés
en Ouganda, où un premier groupe est déjà arrivé mercredi. D'autres suivront au cours
du mois dans les pays voisins: République démocratique du Congo, Centrafrique et Soudan
du Sud où la LRA s'est installée depuis 2005.
Le but de l'opération : aider
les forces de la région dans la lutte contre la LRA (Armée de résistance du Seigneur),
un groupe rebelle accusé d’atrocités, et de faire quitter le champ de bataille à Joseph
Kony, le chef de ce groupe.
La LRA, réputée l'une des guérillas les plus brutales
du monde, est apparu en Ouganda en 1988 lors de la guerre civile, mais depuis, ses
combattants se sont également installés dans les pays voisins. Leur but est de prendre
le pouvoir, en renversant Yoweri Museveni, le président de l’Ouganda, afin d’établir
un gouvernement théocratique, basé sur les dix commandements. Elle est accusée de
massacres de civils, de mutilations et d'enrôlements forcés d'enfants. En vingt ans,
les combats entre la guérilla et les forces ougandaises auraient fait plusieurs dizaines
de milliers de morts et 1,8 million de déplacés.
A la tête du LRA, Joseph
Kony, surnommé le « Messie sanglant ». Depuis 2005, Joseph Kony, actuellement en fuite,
est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Il est accusé, sur
la base de sa responsabilité pénale, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
En ce début de campagne électorale aux États-Unis, le président américain
a pris soin de préciser que ce sont bien des troupes équipées pour le combat qui sont
déployées, mais que leur mission est de fournir « renseignements, conseils et assistance
».
Il s'agit du plus important déploiement de troupes en Afrique annoncé par
Washington depuis le sanglant fiasco de Mogadisco en 1993, bataille qui opposa un
détachement interarmées américain – la Task Force Ranger- et les milices de différents
clans somaliens. L’intervention américaine visait à arrêter deux proches d'un chef
de guerre somalien, le général Mohamed Farrah Aidid. L’échec de cette mission fut
traumatisante pour l’opinion publique américaine.
Aujourd’hui, les organisations
de défense des Droits de l'Homme se sont félicitées de l'assistance américaine. De
même, l’Ouganda, la RDC, la Centrafrique, et le Soudan du sud ont salué cette initiative.
« Nous l'attendions depuis longtemps », a commenté le ministre ougandais des affaires
étrangères par interim, Henry Okello Oryem.
Personne ne s’attendait pourtant
à une telle annonce de la part des États-Unis. Pour Michel Galy, spécialiste de l’Afrique
et maître de conférence à Sciences Po Paris, cette décision est même une vraie surprise
Des propos recueillis
par Olivier Tosseri