Le 11 octobre 1962 le Pape Jean XXIII inaugurait à Rome le concile œcuménique Vatican
II. Dans son discours d’ouverture, il donna le ton et l’esprit des travaux : « Nous
devons nous consacrer, résolument et sans crainte, à l’œuvre que réclame notre époque
». En clair : adapter l’Église au monde moderne. Rien de comparable n’avait été entrepris
depuis le concile de Trente, trois cents ans plus tôt. Benoît XVI a lui-même
raconté qu’il régnait à Rome une exaltation certaine, la conscience d’être témoin
d’un événement de grande portée historique mais il ajoute que chacun avait apporté
dans ses bagages des craintes secrètes. Toujours selon Benoît XVI, il manquait à la
cérémonie d’ouverture un élément intégrateur en même temps qu’une unité intérieure.
La controverse sur la réforme liturgique allait d’ailleurs occuper une place considérable
dans les débats. « Il arriva plus d’une fois que des éloges enflammés du latin fussent
tenus dans un pénible latin de cuisine ».
Le successeur de Jean XXIII, Paul
VI devait conclure le concile trois ans plus tard, le 8 décembre 1965. Rassemblant
tous les évêques du monde, 2 540 prélats des cinq continents, le concile fut un événement
considérable qui favorisa l’irruption de l’Église catholique romaine dans le monde
et les médias. Il avait ébranlé les velléités centralisatrices de l’administration
pontificale, ouvert l’Église aux autres religions, en particulier aux juifs, il avait
adapté sa communication au monde moderne et transformé l’Eglise-institution en une
communauté de fidèles. A l’approche du cinquantenaire de l’ouverture de Vatican
II en 2012, le débat voire les polémiques ont repris de plus belle et de nombreuses
initiatives, commémorations officielles ou indépendantes, solennelles ou scientifiques,
sont annoncées. Ainsi, du 3 au 6 octobre 2012, l’Université pontificale du Latran,
dirigée par un salésien italien, Mgr Enrico dal Covolo, organisera, en collaboration
avec la Commission pontificale pour les sciences historiques, un grand Congrès international
sur le thème de l’interprétation du concile. Même si les quatre papes qui ont
succédé à Jean XXIII se sont placés dans la continuité du concile, celui-ci est toujours
sujet à discussion. Pour beaucoup sa réception et son application sont incomplètes.
D’autres lui reprochent d’avoir affaibli l’Église en l’exposant aux contaminations
du monde. Dans les colonnes de l’Osservatore romano, le journal du Vatican, l’historien
français Philippe Levillain estime que le « drame de Vatican II est d’avoir été appesanti
par l’infatigable impatience de ceux qui ont pour mission de le vivre ou le devoir
de le respecter ».