“Je suis venu partager vos joies et vos espoirs, vos difficultés et vos engagements,
vos idéaux et vos aspirations”. Cette phrase est tirée de l’homélie que Benoît XVI
a prononcée ce dimanche matin au cours d’une messe en plein air à Lamezia Terme. Le
Pape effectue sa première visite en Calabre, une région du Sud de l’Italie, fragilisée
par le chômage et la criminalité organisée. La messe s’est déroulée dans un quartier
de la périphérie industrielle de la ville. Et Benoît XVI n’a pas manqué d’évoquer
les vicissitudes de cette terre, « où les problèmes – a-t-il dit – se présentent sous
des formes aigues et déstabilisantes ; une terre où le chômage est préoccupant, où
la criminalité, souvent atroce, blesse le tissu social, une terre où on a sans cesse
le sentiment de vivre une situation d’urgence ». Le Pape a relevé que les Calabrais
ont fait preuve d’une capacité à faire face au malaise et il s’est dit certain qu’ils
sauront surmonter les difficultés actuelles pour préparer un avenir meilleur. « Ne
cédez jamais à la tentation du pessimisme et du repli sur soi – a-t-il lancé – faites
appel aux ressources de votre foi et à vos ressources humaines ». Benoît XVI a exhorté
les calabrais à la collaboration, à la solidarité, à la charité, au respect du bien
commun. Il a encouragé les initiatives de l’Église locale, notamment en matière de
doctrine sociale, en souhaitant que cela favorise l’émergence d’une nouvelle génération
d’hommes et de femmes soucieux de promouvoir non pas les intérêts particuliers mais
le bien commun.
**********
Articles précédents Les villes
calabraises de Lamezia Terme et Serra San Bruno se préparent à accueillir le Pape
dimanche. Lors de cette visite pastorale, la 25ème en Italie, Benoît XVI
célébrera les vêpres dans l’église de la chartreuse de Serra San Bruno, édifiée à
la fin du XIème siècle, et il rencontrera la communauté des Chartreux.
Dans la matinée c’est à Lamezia Terme, ville d’un peu plus de 70.000 habitants, que
le Pape présidera la messe. Les évêques et prêtres de la région évoquent une visite
historique, signe d’espérance. Benoît XVI se rend en effet sur une terre dévastée
par les activités de la Ndrangheta, la mafia calabraise qui possède désormais des
ramifications dans le monde entier. Un fléau que l’Eglise locale combat depuis de
nombreuses années. Eclairage dans ce sujet réalisé par Hélène Destombes
"Ils ont dit
ouvertement qu’il me tueraient même en présence de la police". Don Giacomo Panizza
est un prêtre du diocèse de Lamezia Terme, directeur de la Caritas locale, il fait
également partie de la communauté "Progetto Sud" qui lutte contre la mafia. Plusieurs
fois menacé, victime d’intimidations, il est aujourd’hui sous protection. Ses activités
ne sont apparemment pas particulièrement appréciées par la N'drangheta. Parmi les
initiatives menées : des actions préventives concernant les enfants. "Nous gérons
un parc de jeux dans une zone à haute densité mafieuse…nous invitons tous les enfants,
y compris ceux dont les familles appartiennent à des clans, à participer à des activités
favorisant la socialisation…nous espérons ainsi qu’en apprenant à se connaitre, en
devenant amis, ces enfants, en grandissant, ne deviendront pas des ennemis comme
le sont leurs parents" Prévention donc mais pas seulement. "Progetto Sud" participe
également à des activités liées à la dénonciation. La mafia calabraise considérée
comme l’une des organisations criminelles les plus puissantes au monde est de plus
en plus infiltrée dans les systèmes politiques et économiques. Le combat passe donc
aussi par une sensibilisation des entrepreneurs locau. "Nous faisons partie d’un groupe
de chefs d’entreprise, de commerçants, d’associations qui disent ouvertement non au
racket de la mafia…et de cette façon tous ensemble à Lamezia Terme nous construisons
la légalité, mais pas seulement en étant caché, nous procédons aussi à des dénonciations
au tribunal". Vingt-sept ans après la visite de Jean Paul II, et alors que la Calabre
apparait de plus en plus isolée du reste de l’Italie avec un taux de chômage qui atteint
désormais 65 % chez les jeunes, cette visite de Benoît XVI peut-elle être signe d’espérance?
"La population en Calabre est dans l’attente de confirmations, d’encouragements pour
prendre la bonne direction…parce qu’ici il y a une habitude qui consiste à se laisser
aller, à choisir la mauvaise direction, c'est-à-dire obéir aux violents, subir le
racket...cette tradition, les calabrais, aujourd’hui plus que par le passé, ont compris
qu’elle était mauvaise…mais ils ont besoin d’un soutien , de quelqu'un qui leur dise
: prenons une direction différente…et alors selon moi ils écouteront le Pape". Un
Pape très attendu par les calabrais et notamment les jeunes qui attendent des paroles
d’encouragement. A une semaine de sa visite dans la région, Benoît XVI avait reconnu
que la situation des jeunes du Sud de l’Italie était "particulièrement difficile".
***** Dans un message adressé au début du mois à l'archevêque de Reggio-de-Calabre,
Mgr Vittorio Luigi Mondello, le pape avait relevé la situation particulièrement difficile
que vivent les jeunes Calabrais, privés de perspectives de travail, et dont beaucoup
quittent la terre natale pour le nord de l'Italie ou l'étranger. Il avait cité
les autres défis auxquels sont affrontés ces jeunes: "l'expansion de la sécularisation",
"la criminalité organisée et les pièges de la drogue" et une religiosité superstitieuse
"qui a pour effet une division entre la foi et la vie" quotidienne. Dans son message,
le pape avait aussi tenu à saluer "les forts liens familiaux et l'attachement à leur
terre, à leur histoire et à leurs traditions religieuses", les valeurs de solidarité
des Calabrais ainsi que leur "engagement à résister à la culture mafieuse".
********** Benoît
XVI est attendu ce dimanche 9 octobre en Calabre. Lors de cette visite pastorale,
le Pape rencontrera les évêques et la population de la région. La région de Calabre,
dans le sud de l'Italie, la plus pauvre de la péninsule, est rongée par les activités
de la Ndrangheta, considérée comme la mafia la plus puissante d’Europe. Benoît XVI
célébrera une messe dimanche matin à Lamezia Terme puis les vêpres à la chartreuse
de Serra San Bruno, fondée à la fin du XIème siècle par saint Bruno qui y mourut en
1101. Avant de quitter la ville, le Pape s’entretiendra également avec les chartreux
et visitera une cellule. Hélène Destombes a joint le père Jacques Dupont, prieur
de la communauté. Il s’attarde sur le rôle joué par les contemplatifs de Serra San
Bruno et sur le sens de la visite du Pape