Nobel de la paix : triple palmarès féminin salué au Vatican
Le cardinal Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a salué sur
notre antenne l’attribution du Prix Nobel de la paix à trois femmes. Triple Nobel
pour un triple symbole. Deux femmes africaines, une femme arabe, mais trois femmes
tout court pour une récompense collective. Interrogé par Sergio Centofanti, il a estimé
qu’il s’agissait d’un bon signe, très positif, encourageant pour les femmes. Le cardinal
Turkson a indiqué qu’il connaissait la présidente du Libéria et que son leadership
était apprécié en Afrique de l’Ouest. Diriger un tel pays après une guerre civile
a été une tâche très difficile – a-t-il noté. Ce prix est salué également par
les religieuses et les ONG engagées aux côtés des femmes africaines.
Porte-parole
à Rome du CIPSI, qui coordonne le travail de plusieurs dizaines d’ONG, Paola Berberia
a mené campagne pour que le Nobel récompense des femmes, en particulier en Afrique.
Elle se réjouit du palmarès féminin dévoilé ce vendredi, un symbole tant attendu.
Ses propos ont été recueillis par Charlie Vandekerkhove
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prix Nobel de la Paix 2011 a récompensé conjointement trois militantes pour les droits
de la femme : deux libériennes, la présidente Ellen Johnson Sirleaf et la pacifiste
Leymah Gbowee et une Yéménite Tawakkul Karman pour leur lutte non-violente en faveur
de la sécurité des femmes et leurs droits à participer aux processus de paix. Le choix
du Comité Nobel a été largement salué comme une victoire pour les femmes, pour l'Afrique
et pour le monde arabe. Première femme élue à la tête d’un État africain, en 2005,
Ellen Johnson Sirleaf est une économiste âgée de 72 ans. Selon le comité Nobel, elle
a œuvré pour la reconstruction de son pays dévasté par 14 ans de guerre civile, qui
a fait quelque 250’000 morts et laissé une économie exsangue. De 1992 à 1997, elle
a été directrice du programme de Développement de l’ONU pour l’Afrique. Considérée
comme une guerrière de la paix, Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de
"mobilisation et d’organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions
pour mettre fin à la guerre civile et pour garantir la participation des femmes aux
élections", souligne le comité Nobel dans un communiqué. Elle est à l’origine d’une
initiative originale invitant les femmes - toutes confessions religieuses confondues
– à se refuser aux hommes tant que les hostilités se poursuivaient. Première femme
arabe lauréate, la Yéménite Tawakkul Karman se distingue pour avoir milité pour la
paix, la démocratie et les droits des femmes avant et pendant le "printemps arabe".
Elle a dédié son prix aux militants du printemps arabe. Les trois lauréates succèdent
à l’opposant chinois Liu Xiaobo, dont l’attribution du Prix Nobel de la Paix, en 2010
avait provoqué la colère de Pékin. Jusqu'à présent, seules douze femmes avaient
reçu le prix Nobel de la paix en 110 ans d'histoire, la dernière étant l'écologiste
kényane Wangari Maathai. Un record de 241 individus et organisations étaient en
lice cette année pour le Nobel de la paix, une édition pour laquelle des acteurs du
"printemps arabe" étaient donnés comme favoris. Le prix sera remis à Oslo le 10
décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'industriel et philanthrope
suédois Alfred Nobel. Il consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions
de couronnes suédoises (environ un million d'euros). (avec AFP/APIC)
Mais la
co-attribution à la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, candidate à sa réélection,
ne fait pas l’unanimité. Xavier Sartre a recueilli la réaction de Stephen Ellis,
chercheur au Centre d’études africaines de Leiden, aux Pays Bas