Benoit XVI a sans aucun doute déçu des attentes. Elles étaient nombreuses, diverses,
exigeantes. Mais tous, ou presque, lui reconnaissent le mérite d’avoir tenu un langage
clair, direct. Le voyage avait démarré tout en finesse à Berlin, dans un environnement
difficile, parfois hostile ; le Pape s’est efforcé de ne pas prêter le flanc aux critiques.
En parlant de la liberté, au Bundestag, alors qu’on l’attendait sur l’Europe, il a
créé la surprise et suscité l’admiration par l’épaisseur de son discours. Mais quand
il s’est adressé aux catholiques, son message s’est fait plus exigeant. Car Benoit
XVI n’était pas venu pour séduire, pour concilier, pour répondre aux revendications
des uns et des autres et moins encore pour souscrire des accords. Il était venu dire
que la crise de l’Eglise en occident est une crise de la foi, que le problème ne vient
pas de ses adversaires mais de la frilosité de ses membres, il était venu mettre en
garde contre les dangers qui menacent un monde sans Dieu. Pas de leçon de morale,
pas de triomphalisme mais une grande lucidité et franchise. Benoit XVI a sermonné
des catholiques influents mais trop tièdes, il a pointé du doigt la faiblesse spirituelle
et missionnaire d’une Eglise trop structurée. Et quand il s’est adressé aux Luthériens,
il a préféré ne pas se perdre dans les différences doctrinales encore lourdes, pour
souligner que le plus urgent aujourd’hui c’est de sauver le christianisme. Reste à
savoir si le croyants allemands parviendront à comprendre ce décalage entre leurs
priorités et celles que le Pape, allemand comme eux, était venu leur indiquer. Loin
des discours officiels et des analyses, il restera les images de la ferveur des simples
fidèles tout simplement heureux de voir le Pape, venu les encourager et les réconforter
dans leur foi. Et si leurs ainés ont été déconcertés, les plus jeunes ont salué ce
ton sans détours dont le monde selon eux a tant besoin. Fribourg Romilda Ferrauto
pour Radio Vatican