Communiqué émis au terme de l’atelier de cinq jours organisé par le service de
secours catholiques (CRS) et le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et
de Madagascar (SCEAM) sur les élections en Afrique. Accra, Ghana, du 12 au
16 Septembre 2011
1.0 Préambule Nous, participants de l’Eglise catholique
représentant les évêques, les prêtres et le laïcat, venus de vingt pays africains
; représentants de la Conférence de toutes les Eglises d’Afrique (AACC) ; l’Eglise
Episcopale du Soudan (Eglise anglicane) ; le Conseil Africain des Leaders Religieux
(CALR) ; la Jeunesse Estudiantine Catholique Internationale (JECI, région Afrique)
et le Service de Secours Catholiques; au terme de cet atelier de cinq jours portant
sur «Le rôle de l’Eglise dans la promotion d’élections pacifiques et crédibles en
Afrique », rendons grâce au Tout Puissant, pours ses bénédictions pour le succès de
notre atelier. Cet atelier a été organisé en raison du besoin d’élections pacifiques
sur le Continent. C’est une reconnaissance des résultats de la deuxième Assemblée
Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques de 2009 qui a délibéré sur comment faire
prévaloir la justice, la réconciliation et la paix ; l’enseignement de la doctrine
sociale de l’Eglise Catholique ; et par-dessus tout, le désire de l’Eglise en Afrique,
à jouer son rôle prophétique à contribuer à la promotion de la Bonne Gouvernance,
des élections nationales présidentielles, législatives et municipales pacifiques,
équitables, transparentes et crédibles sur le continent, à travers l’éducation morale
et civique. Nous avons besoin d’un nouvel Africain – un Africain qui a la crainte
de Dieu, qui est informé, transformé et démocrate !
2.0 Observations et
défis Au terme de nos délibérations, nous notons les observations et défis
ci-après : 2.1 Nous avons observé avec consternation et honte que le continent
africain, est proie à des violences intercommunautaires et électorales âpres tout
au long de ces trois dernières décennies. Par conséquent, nous avons vu l’importance
pour l’Eglise, de renforcer sa coopération au niveaux national, régional et continental
pour la promotion des intérêts communs, et pour faire face aux défis communs, avec
un accent sur le besoin de promotion de la bonne gouvernance, puisque la mauvaise
gouvernance est souvent source d’intimidations, de violences ou de conflits en Afrique
pendant et après les élections. Environ 12 pays africains organisent des élections
avant la fin de cette année et 14 autres élections auront lieu en 2012. 2.2 Dans
tout pays les élections générales constituent un événement politique crucial au cours
duquel la démocratie est définie et le type de leadership déterminé. Nous avons noté,
qu’elles ont été le plus souvent manipulées en Afrique pour satisfaire les intérêts
égoïstes ou partisans, et cela, au détriment du bien commun. Dans certains pays, ceci
a conduit les habitants dans une pauvreté abjecte. «Gardez-vous des faux docteurs,
ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans, ce sont des loups ravisseurs
» (Mat. 7 : 15) 2.3 L’Eglise, dans sa mission prophétique, a un rôle positif à
jouer dans les élections, pour le bien de tous. Il faudrait mettre plus d’accent sur
le suivi des élections et l’église devrait être félicitée pour son rôle d’observateur.
Nous voyons un besoin d’harmoniser et de rationnaliser les activités de ce rôle important
à promouvoir leur consistance et leur durabilité. 2.4 Il est bien triste qu’après
plus d’un siècle de Christianisme dans beaucoup de pays en Afrique, certains chrétiens
utilisent encore les identités ethniques en politique à l’exclusion des autres. Nous
lançons un appel à tous nos frères et sœurs, qu’ils se débarrassent de cette tendance
et que leur foi et vertus chrétiennes éclairent leurs politiques. Nous lançons également
un appel à nos responsables politiques afin qu’ils s’appliquent consciencieusement
dans la gestion du pouvoir et qu’ils défendent le bien commun au lieu d’intérêts égoïstes,
ethniques, religieux ou partisans. «Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen
de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation et dont la
ruine ne sommeille point » (2 Pierre 2 : 4) 2.5 L’Eglise ne s’est pas toujours
engagée efficacement avec les leaders politiques pour la cause de la paix et le développement
dans certains de pays. Nous pensons que ceci est contraire à l’exemple donné par notre
Seigneur Jésus Christ. Nous devrions par conséquent faire tout ce qui est en notre
pouvoir afin d’aider ceux qui se trouvent dans le besoin en saisissant les opportunités
pour servir de guide sur cette responsabilité vitale. 2.6 Des frontières physiques
et psychologiques ont été érigées à travers différents moyens pour créer des divisions
et des conflits qui sont souvent violents. Nous devons nous efforcer à créer une plus
grande prise de conscience du besoin d’unité au-delà de toutes les frontières. 2.7
Nous reconnaissons l’agrandissement de l’espace démocratique et des élections relativement
pacifiques et transparentes dans certains pays en Afrique. Cependant, les conflits
électoraux demeurent une menace pour la paix en Afrique. Nous avons identifié entre
autres, les points suivants, comme étant les principales causes de violence électorale
: - Le manque de volonté politique à mettre en œuvre les réformes qui soutiennent
les principes et les pratiques démocratiques ; - L’administration et la gestion
partisane des organes électoraux ; - L’ignorance, l’analphabétisme, la pauvreté
et le manque d’éducation adéquate sur le processus électoral, la manipulation des
identités ethniques et la formation inadéquate des officiels des bureaux de votes
; - Une influence externe malsaine. Les cadres juridiques qui garantissent
les LIBERTES de nos citoyens pour exercer leurs droits démocratiques et créer des
conditions EQUITABLES propices à la réalisation de ces objectifs sont aussi une nécessité. 2.8
Pour finir, nous reconnaissons le rôle important que les média peuvent jouer dans
les élections. Les avancées technologiques ont montré que les plateformes médiatiques
sont devenues les plus utilisées et les médiums de communication jugés les plus sûrs.
Malheureusement, les media ont été utilisés à plusieurs occasions pour promouvoir
des discours de haine et la violence. Certains professionnels des media ont contribué
aux violences électorales à travers des reportages partisans et des messages polarisés
pleins de penchants ethniques et politiques.
3.0 Recommandations Sur
la base de ces observations et conclusions ci-dessus, nous recommandons : 3.1
La promotion de l’éducation civique qui permet aux citoyens de faire des choix éclairés
et non influencés par les affiliations ethniques ou religieuses. 3.2 Le renforcement
des plateformes œcuméniques et interconfessionnelles pour une plus grande implication
dans les processus électoraux. 3.3 Un meilleur engagement avec la société civile,
surtout les femmes, la jeunesse et les media. 3.4 La ratification et la mise
en œuvre des protocoles sous-régionaux et de l’Union Africaine sur les élections 3.5
Le suivi et l’observation actifs des processus électoraux qui couvrent les périodes
avant, pendant et après les élections. 3.6 Le développement des cadres, par le
SCEAM et d’autres institutions de l’Eglise, pour offrir de plus grandes plateformes
pour la participation active des secrétariats régionaux et des conférences nationales
dans la mise en œuvre des activités qui promeuvent des élections pacifiques et la
bonne gouvernance. 3.7 Des approches concrètes pour la participation aux processus
électoraux sur la base de programmes, thèmes, partenariats et résultats clairement
définis. Nous recommandons aussi que : 3.8 Que les Conférences Episcopales
intensifient la mobilisation des ressources locales et renforcent les capacités de
gestion interne pour faciliter la mise en œuvre des programmes. A cet effet, nous
lançons l’appel suivant : 3.9 Que tous les contestataires d’élections respectent
les principes du fair play, et de l’obligation de rendre compte. 3.10 Que toutes
les instances de gestion d’élections assurent la transparence, la crédibilité et l’objectivité
en encourageant la provision d’un terrain de jeu équitable pour tous les acteurs politiques. 3.11
Que les autorités au niveau régional et international décrient les commissions électorales
partisanes. Il y a aussi la nécessité de faire du Lobbying pour l’adoption et la conformité
de cadres légaux qui garantiront la LIBERTE des citoyens à exercer leurs droits démocratiques
et des conditions EQUITABLES pour atteindre ces objectifs. 3.12 Que les professionnels
des media adhèrent au code d’éthique de leur profession et fassent preuve d’une plus
grande autorégulation afin de promouvoir la paix et l’harmonie entre les peuples.
4.0 Résolutions Nous nous résolvons donc à : 4.1 Explorer et
développer les opportunités pour mobiliser et rendre disponible des ressources aux
niveaux national, régional et continental pour soutenir les initiatives de bonne gouvernance
et d’édification de la paix de SCEAM et autres instances. 4.2 S’assurer que
toutes les ressources mises à la disposition des Conférences Episcopales régionales
et nationales pour la promotion de la bonne gouvernance et l’édification de la paix
sont utilisées de façon effective, transparente et judicieuse. Et enfin, 4.3
Mettre sur pied des réseaux nationaux, régionaux et continentaux pour soutenir les
observations d’élections et pour jouer notre rôle dans la mise en œuvre des recommandations
que nous avons proposées. « soyez…fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse,
en sorte que vous soyez toujours et avec joie, persévérants et patients » (Col. 1
:11)