2011-09-19 14:02:41

Le SCEAM sur les élections en Afrique


Communiqué émis au terme de l’atelier de cinq jours organisé par le service de secours catholiques (CRS) et le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) sur les élections en Afrique.
Accra, Ghana, du 12 au 16 Septembre 2011

1.0 Préambule Nous, participants de l’Eglise catholique représentant les évêques, les prêtres et le laïcat, venus de vingt pays africains ; représentants de la Conférence de toutes les Eglises d’Afrique (AACC) ; l’Eglise Episcopale du Soudan (Eglise anglicane) ; le Conseil Africain des Leaders Religieux (CALR) ; la Jeunesse Estudiantine Catholique Internationale (JECI, région Afrique) et le Service de Secours Catholiques; au terme de cet atelier de cinq jours portant sur «Le rôle de l’Eglise dans la promotion d’élections pacifiques et crédibles en Afrique », rendons grâce au Tout Puissant, pours ses bénédictions pour le succès de notre atelier.
Cet atelier a été organisé en raison du besoin d’élections pacifiques sur le Continent. C’est une reconnaissance des résultats de la deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques de 2009 qui a délibéré sur comment faire prévaloir la justice, la réconciliation et la paix ; l’enseignement de la doctrine sociale de l’Eglise Catholique ; et par-dessus tout, le désire de l’Eglise en Afrique, à jouer son rôle prophétique à contribuer à la promotion de la Bonne Gouvernance, des élections nationales présidentielles, législatives et municipales pacifiques, équitables, transparentes et crédibles sur le continent, à travers l’éducation morale et civique. Nous avons besoin d’un nouvel Africain – un Africain qui a la crainte de Dieu, qui est informé, transformé et démocrate !

2.0 Observations et défis
Au terme de nos délibérations, nous notons les observations et défis ci-après :
2.1 Nous avons observé avec consternation et honte que le continent africain, est proie à des violences intercommunautaires et électorales âpres tout au long de ces trois dernières décennies. Par conséquent, nous avons vu l’importance pour l’Eglise, de renforcer sa coopération au niveaux national, régional et continental pour la promotion des intérêts communs, et pour faire face aux défis communs, avec un accent sur le besoin de promotion de la bonne gouvernance, puisque la mauvaise gouvernance est souvent source d’intimidations, de violences ou de conflits en Afrique pendant et après les élections. Environ 12 pays africains organisent des élections avant la fin de cette année et 14 autres élections auront lieu en 2012.
2.2 Dans tout pays les élections générales constituent un événement politique crucial au cours duquel la démocratie est définie et le type de leadership déterminé. Nous avons noté, qu’elles ont été le plus souvent manipulées en Afrique pour satisfaire les intérêts égoïstes ou partisans, et cela, au détriment du bien commun. Dans certains pays, ceci a conduit les habitants dans une pauvreté abjecte. «Gardez-vous des faux docteurs, ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans, ce sont des loups ravisseurs » (Mat. 7 : 15)
2.3 L’Eglise, dans sa mission prophétique, a un rôle positif à jouer dans les élections, pour le bien de tous. Il faudrait mettre plus d’accent sur le suivi des élections et l’église devrait être félicitée pour son rôle d’observateur. Nous voyons un besoin d’harmoniser et de rationnaliser les activités de ce rôle important à promouvoir leur consistance et leur durabilité.
2.4 Il est bien triste qu’après plus d’un siècle de Christianisme dans beaucoup de pays en Afrique, certains chrétiens utilisent encore les identités ethniques en politique à l’exclusion des autres. Nous lançons un appel à tous nos frères et sœurs, qu’ils se débarrassent de cette tendance et que leur foi et vertus chrétiennes éclairent leurs politiques. Nous lançons également un appel à nos responsables politiques afin qu’ils s’appliquent consciencieusement dans la gestion du pouvoir et qu’ils défendent le bien commun au lieu d’intérêts égoïstes, ethniques, religieux ou partisans. «Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation et dont la ruine ne sommeille point » (2 Pierre 2 : 4)
2.5 L’Eglise ne s’est pas toujours engagée efficacement avec les leaders politiques pour la cause de la paix et le développement dans certains de pays. Nous pensons que ceci est contraire à l’exemple donné par notre Seigneur Jésus Christ. Nous devrions par conséquent faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d’aider ceux qui se trouvent dans le besoin en saisissant les opportunités pour servir de guide sur cette responsabilité vitale.
2.6 Des frontières physiques et psychologiques ont été érigées à travers différents moyens pour créer des divisions et des conflits qui sont souvent violents. Nous devons nous efforcer à créer une plus grande prise de conscience du besoin d’unité au-delà de toutes les frontières.
2.7 Nous reconnaissons l’agrandissement de l’espace démocratique et des élections relativement pacifiques et transparentes dans certains pays en Afrique.
Cependant, les conflits électoraux demeurent une menace pour la paix en Afrique. Nous avons identifié entre autres, les points suivants, comme étant les principales causes de violence électorale :
- Le manque de volonté politique à mettre en œuvre les réformes qui soutiennent les principes et les pratiques démocratiques ;
- L’administration et la gestion partisane des organes électoraux ;
- L’ignorance, l’analphabétisme, la pauvreté et le manque d’éducation adéquate sur le processus électoral, la manipulation des identités ethniques et la formation inadéquate des officiels des bureaux de votes ;
- Une influence externe malsaine.
Les cadres juridiques qui garantissent les LIBERTES de nos citoyens pour exercer leurs droits démocratiques et créer des conditions EQUITABLES propices à la réalisation de ces objectifs sont aussi une nécessité.
2.8 Pour finir, nous reconnaissons le rôle important que les média peuvent jouer dans les élections. Les avancées technologiques ont montré que les plateformes médiatiques sont devenues les plus utilisées et les médiums de communication jugés les plus sûrs. Malheureusement, les media ont été utilisés à plusieurs occasions pour promouvoir des discours de haine et la violence. Certains professionnels des media ont contribué aux violences électorales à travers des reportages partisans et des messages polarisés pleins de penchants ethniques et politiques.

3.0 Recommandations
Sur la base de ces observations et conclusions ci-dessus, nous recommandons :
3.1 La promotion de l’éducation civique qui permet aux citoyens de faire des choix éclairés et non influencés par les affiliations ethniques ou religieuses.
3.2 Le renforcement des plateformes œcuméniques et interconfessionnelles pour une plus grande implication dans les processus électoraux.
3.3 Un meilleur engagement avec la société civile, surtout les femmes, la jeunesse et les media.
3.4 La ratification et la mise en œuvre des protocoles sous-régionaux et de l’Union Africaine sur les élections
3.5 Le suivi et l’observation actifs des processus électoraux qui couvrent les périodes avant, pendant et après les élections.
3.6 Le développement des cadres, par le SCEAM et d’autres institutions de l’Eglise, pour offrir de plus grandes plateformes pour la participation active des secrétariats régionaux et des conférences nationales dans la mise en œuvre des activités qui promeuvent des élections pacifiques et la bonne gouvernance.
3.7 Des approches concrètes pour la participation aux processus électoraux sur la base de programmes, thèmes, partenariats et résultats clairement définis.
Nous recommandons aussi que :
3.8 Que les Conférences Episcopales intensifient la mobilisation des ressources locales et renforcent les capacités de gestion interne pour faciliter la mise en œuvre des programmes.
A cet effet, nous lançons l’appel suivant :
3.9 Que tous les contestataires d’élections respectent les principes du fair play, et de l’obligation de rendre compte.
3.10 Que toutes les instances de gestion d’élections assurent la transparence, la crédibilité et l’objectivité en encourageant la provision d’un terrain de jeu équitable pour tous les acteurs politiques.
3.11 Que les autorités au niveau régional et international décrient les commissions électorales partisanes. Il y a aussi la nécessité de faire du Lobbying pour l’adoption et la conformité de cadres légaux qui garantiront la LIBERTE des citoyens à exercer leurs droits démocratiques et des conditions EQUITABLES pour atteindre ces objectifs.
3.12 Que les professionnels des media adhèrent au code d’éthique de leur profession et fassent preuve d’une plus grande autorégulation afin de promouvoir la paix et l’harmonie entre les peuples.

4.0 Résolutions
Nous nous résolvons donc à :
4.1 Explorer et développer les opportunités pour mobiliser et rendre disponible des ressources aux niveaux national, régional et continental pour soutenir les initiatives de bonne gouvernance et d’édification de la paix de SCEAM et autres instances.
4.2 S’assurer que toutes les ressources mises à la disposition des Conférences Episcopales régionales et nationales pour la promotion de la bonne gouvernance et l’édification de la paix sont utilisées de façon effective, transparente et judicieuse.
Et enfin,
4.3 Mettre sur pied des réseaux nationaux, régionaux et continentaux pour soutenir les observations d’élections et pour jouer notre rôle dans la mise en œuvre des recommandations que nous avons proposées. « soyez…fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous soyez toujours et avec joie, persévérants et patients » (Col. 1 :11)








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