Sri-Lanka : l'Église réclame "vérité et justice" pour les disparus
Le Sri Lanka a annoncé la levée de l'état d'urgence, instauré en 1983 en raison du
conflit avec la guérilla séparatiste tamoule qui s’est achevé il y a deux ans par
la victoire de Colombo. Cette décision entrera en vigueur à la fin du mois. Un soulagement
pour l’opposition qui accusait la police et les forces de sécurité de profiter des
lois d’exception pour réprimer les dissidents et bâillonner les médias. Des milliers
de personnes sont actuellement en prison au Sri Lanka, et l’opposition politique n’est
pas la seule à réclamer la vérité et la justice. L’Église, qui a payé un lourd tribut,
a élevé sa voix, elle aussi, pour exiger une enquête sur la disparition inexpliquée
de six prêtres et d’un nombre indéterminé de laïcs catholiques tamouls alors qu’ils
œuvraient au service de leurs communautés durant la guerre civile. Un nouvel appel
a été lancé dimanche dernier dans le diocèse de Jaffna, au cours d’une messe en mémoire
d’un jeune prêtre et de son assistant, un père de famille, qui ont été vus pour la
dernière fois il y a 5 ans à un point de contrôle de l’armée. Le Père Jim – racontent
ceux qui l’ont connu - s’efforçait de promouvoir la paix et la réconciliation. Une
semaine avant sa disparition, son église avait été bombardée à l’arme lourde, alors
que des civils des villages environnants s’y étaient réfugiés. Il y avait eu une vingtaine
de morts et des centaines de blessés. Le Père Jim avait aidé quelque 300 familles
à se réfugier ailleurs et avait fait évacuer les blessés vers Jaffna. Ces actes lui
avaient valu d’être convoqué par les autorités militaires qui l’accusaient de prêter
main-forte à la rébellion tamoule. Après sa disparition, la hiérarchie catholique
a dénoncé devant les médias l’inaction délibérée du Bureau des enquêtes criminelles
de Colombo. Soutenue par des ONG et d’autres églises chrétiennes, elle s’était adressée
aux instances internationales et multiplié les pétitions, sans résultat. Le long
conflit séparatiste est terminé, mais les évêques sri-lankais dénoncent régulièrement
les agressions et les menaces dont sont victimes les membres de l’Église catholique,
les violations des droits de l’homme, la « cinghalisation » et la « bouddhisation
» forcées des populations, l’occupation militaire des territoires du nord de l’île
où règne un climat de terreur. (source églises d'Asie/AFP)