Messe de clôture des JMJ : le Pape appelle les jeunes à « marcher avec Jésus dans
la communion de l’Eglise »
Benoît XVI a célébré, ce dimanche matin, la messe de clôture des journées mondiales
de la jeunesse sur le site de l’aéroport de Cuatro Vientos, à Madrid. Le Pape a traversé
la foule en papamobile, salué par les cris de joie et les applaudissements des jeunes.
Il a ensuite été accueilli par le roi Juan Carlos et la reine Sophie. Devant un parterre
de près de deux millions de fidèles, le Pape a invité les jeunes à répondre, eux aussi,
à la question que le Christ avait posé aux apôtres « Pour vous, qui suis-je ? ». «
Répondez-lui avec générosité et courage » leur a t-il dit. Dans son homélie, Benoît
XVI, a également rappelé aux jeunes que suivre Jésus dans la foi « c’est marcher avec
Lui dans la communion de l’Église et il les a encouragé à témoigner de leur foi :
« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ».
Traduction
intégrale du discours du Pape
Chers jeunes,
Avec la célébration
de l’Eucharistie, nous arrivons au moment culminant de ces Journées Mondiales de la
Jeunesse. En vous voyant ici, venus en grand nombre de tous les horizons, mon cœur
est plein de joie, pensant à l’affection spéciale avec laquelle Jésus vous regarde.
Oui, le Seigneur vous aime et il vous appelle ses amis (cf. Jn 15, 15). Il vient à
votre rencontre et il désire vous accompagner dans votre cheminement pour vous ouvrir
les portes d’une vie pleine et vous faire participants de sa relation intime avec
le Père. Pour notre part, conscients de la grandeur de son amour, nous désirons répondre
avec grande générosité à cette marque de prédilection par la résolution de partager
aussi avec les autres la joie que nous avons reçue. Certes ! Ils sont nombreux de
nos jours, ceux qui se sentent attirés par la figure du Christ et désirent mieux le
connaître. Ils perçoivent qu’Il est la réponse à leurs multiples inquiétudes personnelles.
Cependant, qui est-Il réellement ? Comment est-il possible que quelqu’un qui a vécu
sur la terre il y a tant d’années, ait quelque chose à voir avec moi aujourd’hui ? Dans
l’Évangile que nous avons écouté (cf. Mt 16, 13-20), il y a comme deux manières distinctes
de connaître le Christ qui nous sont présentées. La première consiste dans une connaissance
externe caractérisée par l’opinion commune. À la demande de Jésus : « Le Fils de l’homme,
qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? », les disciples répondent : « Pour
les uns, il est Jean Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie
ou l’un des prophètes ». C'est-à-dire qu’on considère le Christ comme un personnage
religieux supplémentaire qui s’ajoute à ceux connus. S’adressant ensuite personnellement
aux disciples, Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je
? » Pierre répond avec des paroles qui sont la première profession de foi : « Tu es
le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » La foi va au-delà des simples données empiriques
ou historiques ; elle est la capacité de saisir le mystère de la personne du Christ
dans sa profondeur. Mais, la foi n’est pas le fruit de l’effort de l’homme,
de sa raison, mais elle est un don de Dieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas
: ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux
cieux ». Elle a son origine dans l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité
et nous invite à participer à sa vie divine même. La foi ne fournit pas seulement
des informations sur l’identité du Christ, maiselle suppose une relation
personnelle avec Lui, l’adhésion de toute la personne, avec son intelligence, sa volonté
et ses sentiments, à la manifestation que Dieu fait de lui-même. Ainsi, la demande
de Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », pousse en fin de
compte les disciples à prendre une décision personnelle par rapport à Lui. La foi
et la suite (sequala) du Christ sont étroitement liées. Et, comme elle
suppose suivre le Maître, la foi doit se consolider et croître, devenir profonde et
mûre, à mesure qu’elle s’intensifie et que se fortifie la relation avec Jésus, l’intimité
avec Lui.Même Pierre et les autres apôtres ont eu à avancer sur cette
voie, jusqu’à ce que leur rencontre avec le Seigneur ressuscité leur ouvre les yeux
sur une foi plénière. Chers jeunes, aujourd’hui, le Christ vous pose également
la même demande qu’il a faite aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous,
qui suis-je ? » Répondez-lui avec générosité et courage comme il convient à un cœur
jeune tel que le vôtre. Dites-lui : Jésus, je sais que tu es le Fils de Dieu, que
tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser guider
par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je remets ma
vie entre tes mains. Je veux que tu sois la force qui me soutienne, la joie qui ne
me quitte jamais. Dans sa réponse à la confession de Pierre, Jésus parle
de l’Église : « Et moi, je te déclare : ‘Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai
mon Église’ ». Que signifie cela ? Jésus bâtit l’Église sur le rocher de la foi de
Pierre qui confesse la divinité du Christ. Oui ! L’Église n’est pas une
simple institution humaine, comme n’importe quelle autre, bien plus elle est étroitement
unie à Dieu. Le Christ lui-même se réfère à ellecomme « son » Église.
On ne peut pas séparer le Christ de l’Église, comme on ne peut pas séparer la tête
du corps (cf. 1Co 12, 12). L’Église ne vit pas par elle-même, mais elle vit par le
Seigneur. Il est présent au milieu d’elle, et lui donne vie, aliment et force. Chers
jeunes, permettez-moi, en tant Successeur de Pierre, de vous inviter à renforcer cette
foi qui nous a été transmise depuis les Apôtres, à mettre le Christ, le Fils de Dieu,
au centre de votre vie. Mais permettez-moi aussi de vous rappeler que suivre Jésus
dans la foi c’est marcher avec Lui dans la communion de l’Église. On ne peut pas suivre
Jésus en solitaire. Celui qui cède à la tentation de marcher « à son propre compte
» ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société,
court le risque de ne jamais rencontrer Jésus Christ, ou de finir par suivre une image
fausse de Lui. Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères,
et queta foi serve également d’appui pour celle des autres. Je vous
exhorte, chers jeunes : aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés
à mieux connaître le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour
la croissance de votre amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance
de votre belle insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi
que l’importance de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente
du sacrement du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole
de Dieu. De cette amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui porte à témoigner
la foi dans les milieux les plus divers, y compris ceux dans lesquels il y a refus
ou indifférence. On ne peut pas rencontrer le Christ et ne pas le faire connaître
aux autres. Ne gardez donc pas le Christ pour vous-mêmes. Transmettez aux autres la
joie de votre foi. Le monde a besoin du témoignage de votre foi, il a certainement
besoin de Dieu. Je pense que votre présence ici, jeunes venus des cinq continents,
est une merveilleusepreuve de la fécondité du mandat de Jésus donné
à l’Église : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la
création » (Mc 16, 15). À vous aussi incombe le devoir extraordinaire d’être des disciples
et des missionnaires du Christ dans d’autres terres et pays où se trouve une multitude
de jeunes qui aspirent à de très grandes choses et qui,découvrant dans
leurs cœurs la possibilité de valeurs plus authentiques, ne se laissent pas séduire
par les fausses promesses d’un style de vie sans Dieu. Chers jeunes, je
prie pour vous avec toute l’affection de mon cœur. Je vous confie à la Vierge Marie,
pour qu’elle vous accompagne toujours de son intercession maternelle et vous enseigne
la fidélité à la Parole de Dieu. Je vous demande également de prier pour le Pape afin
que, comme Successeur de Pierre, il puisse continuer à affermir ses frères dans la
foi. Puissions-nous tous dans l’Église, pasteurs et fidèles, nous rapprocher davantage
chaque jour du Seigneur, afin de croître en sainteté de vie et nous donnerons ainsi
un témoignage efficace que Jésus est vraiment le Fils de Dieu, le Sauveur de tous
les hommes et la source vive de leur espérance. Amen.